Sans-papiers à l'ULB

Sans-papiers à l’ULB

Les sans-papiers dans le gymnase de l’ULB

Les sans-papiers peuvent rester tant qu’ils ne perturbent pas le bon fonctionnement de l’ULB

Nous, Membres de la Communauté Universitaire, sommes en effet perturbés.

Nous sommes perturbés car nous ne considérons pas les ‘sans-papiers’ comme un facteur de perturbation si ce n’est celui de montrer la contradiction entre nos principes et notre pratique;

Nous sommes perturbés car nous insultons la mémoire des luttes et des résistances qui sont nées au sein de notre Communauté;

Faut-il rappeler que l’ULB a ‘perturbé’ l’occupation nazie en cessant de ‘fonctionner’?

Faut-il rappeler que beaucoup des sans-papiers de cette époque furent des juifs venant de l’Est? Faut-il rappeler que le square G honore la mémoire de résistants et d’activistes morts pour la défense d’une certaine conception de la dignité?

Nous sommes perturbés car nous foulons du pied les principes de solidarité les plus élémentaires en opposant notre routine, routine bien faite pour éviter toute remise en question, à la détresse de gens qui demandent asile?

Faut-il rappeler que la tolérance accordée jusqu’à présent consiste à parquer nos ‘hôtes’ dans un bâtiment vétuste à la marge de la vie universitaire? Faut-il rappeler que solidarité n’est pas charité? Faut-il rappeler que la perturbation incriminée aux ‘sans-papiers’ est d’avoir l’outrecuidance de vouloir protéger leurs enfants en attendant de trouver une alternative? Faut-il rappeler que même les chiens dorment sous un toit l’hiver?

Nous sommes perturbés car notre Université si prompte à défendre ses valeurs humanistes et à les rappeler aux autres perpétue cependant les ‘pratiques’ qu’elle dénonce ‘hors nos murs’? Faut-il rappeler que drapés de la légitimité de la science dans le débat public nous ne pouvons nous voiler les yeux lorsque la question se pose en nos murs?

Nous sommes perturbés par une université dont la position consiste à exprimer une solidarité forte et de principe mais qui la viole dans le monde réel des besoins concrets. Faut-il rappeler qu’une université qui ment et se dément est une université qui pratique la démagogie? Faut-il rappeler que la morale et l’éthique participent de la définition même de notre Communauté?

Nous sommes perturbés par le silence complice des consciences de notre Université pourtant si promptes à jouer les intellectuels indignés ‘hors nos murs’. Faut-il rappeler que la Communauté universitaire est dépositaire et surtout garante de leur légitimité? Faut-il rappeler qu’on ne peut s’engager ‘hors nos murs’ et se dégager en nos murs sur la même question sans perdre sa crédibilité?

Nous sommes perturbés car nous, Communauté Universitaire, préférons ne plus ‘être’ qu’être sans conscience.

Souhail Chichah (Assistant ULB); Christian Vandermotten (Professeur ULB); Corinne Gobin (Maitre de Recherche FNRS ULB); Catherine Bourgeois (LAMC/ULB); Lucie Masy (Membre du CA de l’ULB); Thu Tuyen Pham Nhu (Chercheuse au DULBEA); Iason Foscolos (Chercheur au DULBEA); Zouhair Alaoui Amine (Chercheur ULB); Antoine Bertulot (Etudiant ULB); Elisabeth Printz (Membre du CA de l’ULB); Eléonore Wolff (Chargée de cours ULB); Moritz Lennert (Chercheur ULB); Xavier May (Chercheur ULB); Aurélie Decoene (Chercheure ULB); Luce Bellefontaine (Chercheur ULB); Pierre Kummert (Chercheur ULB); Patricia Aelbrecht (Doctorante ULB); Dan Van Raemdonck (Professeur ULB); Olivier Cailloux (Chercheur ULB); Yolaine Lhoist (Etudiante ULB); Marie Godin (Chercheuse GERME-METICES ULB); Nouria Ouali** (METICES/Institut de sociologie ULB); Mateo Cordier (Doctorant ULB); Ariane Toussaint (Directeur de Recherche FNRS ULB); Sophie Stoffel (Docteure de l’ULB); Charles Cullard (Etudiant ULB); Aurélien Bach (Etudiant ULB); Johanna D’Hermoncourt (Chercheuse ULB); Pierre Marage (Professeur Faculté des Sciences ULB); Lara Thommès (Etudiante en Droit ULB); Laurent Licata (Professeur- Assistant ULB).