Le directeur du renseignement US, l’amiral Dennis C. Blair, a révélé que l’actuel budget annuel pour la ‘communauté du renseignement’ (16 agences employant 200.000 personnes à travers le monde, incluant des contractuels de l’entreprise privée) se chiffre à 75 milliards de dollars. En dévoilant une version non classifiée de la Stratégie de renseignement national (National Intelligence Strategy, NIS), l’amiral Blair soutient qu’il cherche à abolir ‘cette vieille distinction entre le renseignement militaire et non militaire’, et les ‘centre de fusion’ semblent être un outil privilégié pour ce faire.

Depuis le 11 septembre 2001, le gouvernement fédéral a encouragé la croissance explosive des centres de fusion. 70 ‘centres de fusion’ combinent l’armée, le FBI, la police d’État et d’autres services. Ces institutions hybrides ont élargi la collecte d’informations et les pratiques de partage à une grande variété de sources, incluant les bases de données commerciales, entre les autorités policières locales et étatiques, le secteur privé et les agences fédérales de sécurité, y compris le renseignement militaire. Toutefois, les ‘centres de fusion’ se sont rapidement métamorphosés en galeries marchandes de sécurité nationale, où les officiels surveillent les activistes de gauche et les militants écologistes, considérés comme une menace à l’ordre existant. La présence d’analystes du renseignement militaire dans les ‘centres de fusion’ est un moyen pour l’Armée US d’éviter des restrictions empêchant l’armée d’espionner la population

Depuis sa défaillance de 2002, le US Northern Command (USNORTHCOM) et les attirails de renseignement militaire qui y sont rattachés, tels que la Defense Intelligence Agency (DIA) et la défunte Counterintelligence Field Activity (CIFA), ont participé à de vastes opérations de surveillance chez les groupes antiguerre et d’autres groupes d’activistes, en se connectant aux bases de données commerciales et à celles du Pentagone dans une quête de ‘profils suspects’. Dans leur état actuel, les ‘centres de fusion’ sont des entités oeuvrant sans supervision appropriée et ont été impliqués dans des violations flagrantes de droits civiques, comme la compilation de dossiers de sécurité nationale ayant fait atterrir des militants sur diverses listes de surveillance de ‘terroristes’. L’an dernier quelques militaires, incluant le cofondateur du Los Angeles County Terrorist Early Warning Center (LACTEW) ont volé des dossiers secrets du Strategic Technical Operations Center (STOC). Les fichiers volés comprenaient des dossiers de surveillance sur la communauté musulmane et sur des militants antiguerre du sud de la Californie. Prétendant agir pour des ‘motifs patriotiques’, ces militaires ont partagé cette information classifiée sur le contre-terrorisme avec des entrepreneurs privés dans l’espoir d’obtenir un futur emploi.

Une autre affaire emblématique de la coopération étroite entre les ‘centres de fusion’ et le renseignement militaire est le cas d’un agent civil contractuel qui travaillait pour l’unité de protection des forces de Fort Lewis. En juillet, il a infiltré et espionné le groupe antiguerre Olympia Port Militarization Resistance et partagé cette information avec la police. Depuis 2006, le groupe a organisé des manifestations aux ports Washington et a cherché à empêcher l’envoi de cargaisons militaires en Irak.

Des firmes comme Science Applications International Corporation (SAIC), The Sytex Group et Operational Applications Inc. placent régulièrement des opérateurs au sein du renseignement militaire et des ‘centres de fusion’ civils à un prix élevé. On se demande si ces placements ne sont pas simplement une preuve de corruption, mais qu’ils sont plutôt ‘conçus pour échapper à une multitude de lois sur la surveillance’ durement gagnées s’appliquant à l’armée et à la police, mais pas aux agents contractuels. Les rapports de 2007 et 2006 de l’American Civil Liberties Union (ACLU) sur les abus des ‘centres de fusion’, dénoncent le renversement des lois sur la surveillance, lesquelles ne s’appliquent pas au mercenaires contractuels des entreprises privées. La CIA a dépensé de 50 à 60 pour cent de son budget pour des entreprises de contractuels à but lucratif, ou environ 2,5 milliards par an, et le nombre de ses employés à contrat excède maintenant les effectifs à temps plein de l’agence qui sont de 17.500.