L’ancien prisonnier politique basque Peio Fagan a été arrêté le 10 février à son domicile de Bidart, où la police française a effectué une perquisition, dans ce qui semble être la suite de ‘l’enquête’ sur les bars de la gauche nationaliste. Il a été emmené au commissariat de Bayonne peu après 8h. Par ailleurs, au moins 6 personnes sont convoquées cette semaine au commissariat de Bayonne dans le cadre de la même procédure, la plupart d’entre elles ayant déjà été soit convoquées, soit arrêtées pour répondre aux mêmes questions.

Près de 90 personnes ont déjà été soit arrêtées, soit convoquées (et une bonne partie d’entre elles mises en garde-à-vue aussitôt), en tout cas interrogées sur toute la militance basque au prétexte de questions sur la gestion des bars. La théorie de départ selon laquelle Batasuna financerait la lutte armée par le biais de ces bars s’étant effondrée – le Procureur Jean-Claude Marin lui-même l’a reconnu en novembre dernier, déclarant qu’aucun élément n’avait prouvé le lien entre ETA et Batasuna – , les autorités françaises ont retourné l’hypothèse, cherchant maintenant à prouver que c’est la lutte armée qui finance ces bars! Il apparaît de plus en plus clairement que le Parquet est à la recherche de n’importe quel prétexte dans un but politique: criminaliser un mouvement politique, harceler ses membres et leurs proches, et détourner ces militants de leur travail quotidien, les obligeant à se justifier et à se débattre dans des procédures arbitraires.

Au sujet des bars: il s’agit de projets largement soutenus, de lieux populaires, euskaldun, ouverts à toutes les associations et partis, instruments indispensables à la mobilisation et à la solidarité. C’est en cela aussi qu’ils sont dans la ligne de mire d’un pouvoir qui préfère largement le modèle individualiste du chacun chez soi. Des dizaines et des dizaines de personnes sont aujourd’hui inquiétées et parfois maltraitées pour un simple chèque de soutien! Au sujet des méthodes: la convocation est de plus en plus utilisée, et est présentée par la police comme une faveur, leur demandant s’ils préfèreraient être arrêtés et perquisitionnées à 6h du matin par trente agents. Ce n’est pas une faveur, c’est un chantage. Ces interrogatoires servent à un fichage massif et à préparer les prochains montages policiers et judiciaires.

Il faut ajouter à cela le véritable harcèlement auquel sont en train de se livrer la police et la gendarmerie française ces dernières semaines: contrôles incessants, présence étouffante; interrogatoires politiques à l’occasion de soi-disant contrôles d’alcoolémie; convocations de jeunes sous des prétextes ridicules (comme par exemple: ‘nous avons retrouvé votre portefeuille devant un graffiti’ avec prises d’empreintes, ADN et centaines de questions); contrôle d’une militante de SEGI avec fouille de son véhicule ‘sur ordre du procureur’; etc.