Hier vendredi, un nouveau décret, pris dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire, détaille, entre autre, les tarifs qui seront versées aux opérateurs pour l’obtention des données d’utilisateurs. On peut y lire que l’État français peut obtenir des opérateurs la « transmission des données techniques permettant d’identifier l’utilisateur ou le détenteur du système d’information de l’IP horodaté », hors de toute procédure judiciaire, au motif de la « sécurité des systèmes d’information ». Il permet également d’obtenir des informations complémentaires telles que «les données techniques permettant d’identifier l’origine de la communication et l’utilisateur ou le détenteur du système d’information affecté par l’événement détecté ». Pour voir d’autres informations que l’état pourrait obtenir des opérateurs: Lire le décret

Utilisation des données télécoms

Utilisation des données télécoms

 

Lundi 30 mars, le parlement a voté une loi octroyant des pouvoirs exceptionnels à durée indéterminée à Viktor Orbán, premier ministre, qui pourra légiférer par ordonnances dans le cadre d’un état d’urgence, au motif de lutter contre le nouveau coronavirus. Le gouvernement peut dorénavant « suspendre certaines lois par décret, s’écarter des dispositions statutaires et introduire d’autres mesures extraordinaires » par ordonnances gouvernementales, dans le but de garantir « la santé, sécurité personnelle et matérielle des citoyens, ainsi que l’économie ». La diffusion de « fausses nouvelles » sur le virus ou les mesures du gouvernement pourrait coûter jusqu’à cinq ans de prison. Cette disposition vise spécifiquement la presse indépendante du pays.

Vikto Orban au parlement le 30 mars 2020

 

Le 15 mars, plusieurs organisations avaient appelé à descendre dans la rue pour dénoncer la corruption du pouvoir actuel et exiger la vérité sur un scandale de détournement de fonds dans l’achat de matériel militaire, révélé par la presse en février (soupçons de surfacturation et de fausses factures portant sur plusieurs centaines de milliards de francs CFA, soit des centaines de millions d’euros, de 2011 à ,20199). Bien que le 13 mars, des mesures restreignant les libertés publiques ont été prises dans la lutte contre le Covid-19, les organisateurs de la manifestation n’ont reçu aucune notification d’interdiction. Tôt dans la matinée du dimanche 15 mars, les forces de l’ordre ont bloqué toutes les voies menant à la place de la Concertation, à Niamey, lieu du rassemblement. Quatre personnes ont été tuées à proximité d’un marché de la capitale qui a pris feu après l’intervention des forces de l’ordre et quinze personnes ont été arrêtées dont des acteurs de la société civile, toutes interpellées à leur domicile. Après quatre jours de garde à vue, six d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt pour «participation à une manifestation non autorisée». Une précédente manifestation contre la corruption avait été brutalement réprimée (voir notre article).

Militants arrêtés au Niger suite à la manifestaition du 15 mars 2020

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Le 20 mars, Erlan Baltabay, dirigeant du Syndicat indépendant des travailleurs du pétrole et de l’énergie au Kazakhstan, a été libéré de prison. Condamné à 7 ans de prison en juillet 2019 pour des raisons politiques, Erlan Baltabay avait été relâché en août de la même année, sa peine ayant été remplacée par une amende qu’il avait refusé de payer et fait appel à sa condamnation. En octobre 2019, il a été condamné à une nouvelle peine de prison de cinq mois et huit jours pour avoir refusé de payer l’amende (voir notre article). Il a purgé sa nouvelle peine de prison dans son intégralité, mais est toujours interdit de toute activité publique, y compris les activités syndicales, pour les sept prochaines années.

Erlan Baltabay

Le mercredi 18 mars, le président Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire portugais. Les mesures reprises dans cette décision furent annoncées le lendemain par le premier ministre António Costa, mesures qui comprennent la suspension du droit de grève au moins jusqu’au 2 avril. Les mesures prises pourront être renouvelées par le parlement. Suite à cette annonce, Groundforce, l’entreprise gérant les opérations au sol dans les aéroports portugais a annoncé le licenciement de 500 personnes et des baisses de salaires pour une partie de son personnel. Le Portugal est le premier pays européen à suspendre le droit de grève depuis le début de la crise du coronavirus. En Italie, le droit de grève n’a été suspendu que dans les secteurs essentiels liés à la lutte contre le virus.

Marcelo Rebelo de Sousa

Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné en 2016 à six ans de prison pour « organisation et participation à des rassemblements illégaux », découlant de ses activités syndicales. Après une grève de la faim en 2017 (voir notre article), il avait été libéré provisoirement début 2018, mais renvoyé à la prison d’Evin le 20 janvier 2018. Il a été libéré provisoirement le mardi 17 mars.

Esmail Abdi

Le vendredi 13 mars, Julius Soriano Giron, président de la Commission militaire nationale du Parti communiste des Philippines (maoiste), son épouse Lourdes Tan Torres (membre du comité exécutif du PCP) et deux aides, ont été tués lors d’un raid de militaires et de policiers. Selon la police, l’opération s’est faite dans le cadre d’un mandat d’arrêt. Julius Giron et Lourdes Tan Torres auraient utilisé des armes lors de cette intervention. Le PCP a dénoncé cette affirmation comme mensongère, a indiqué que Julius Giron et de Lourdes Tan Torres n’étaient pas armés et n’étaient pas en mesure de riposter. Cet assassinat aurait été perpétré dans le cadre de la guerre de répression du président philippin Duterte contre l’insurrection maoiste aux Philippines. Julius Giron était l’un des principaux cadres du Parti et principal consultant pour la paix auprès du Front démocratique national des Philippines (NDFP).

Julius Soriano Giron

Début de semaine, Eddi (Maria Edgarda), une internationaliste ayant combattu dans les unités des YPJ, a appris par la presse sa condamnation à deux ans de surveillance spéciale. La surveillance spéciale est un vestige des codes fascistes et s’applique aux personnes qui ne sont coupables d’aucun crime, mais qui sont considérées comme « socialement dangereuses ». Eddie fait partie des cinq internationalistes poursuivi.e.s à leur retour du Rojava (voir notre article). Au final, le procureur a modifié ses arguments, limitant l’accusation de « danger social » à trois personnes : Jacopo, Eddi et Paolo, considéré.e.s comme dangereux en raison des manifestations et des activités politiques menées en Italie. Selon les informations, cette procédure de surveillance spéciale ne sera pas appliqué aux deux autres internationalistes.

Maria Edgarda Marcucci, Davide Grasso, Paolo Andolina, Fabrizio Maniero, Jacopo Bindi

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Le rédacteur en chef du site du journal Haberimizvar.net, İdris Özyol, et la rédactrice en chef de la publication, Ebru Küçükaydın, ont été arrêtés le samedi matin 14 mars suite à la publication d’un article traitant du coronavirus dans le district de Demre à Antalya. Les journalistes ont été arrêté.e.s chez eux et relaché.e.s après leur audition. L’accusation décidera s’il y a lieu d’engager des poursuites. Les motifs de l’arrestation sont de provoquer la « panique du public et de publier les informations sur le coronavirus sans l’explication des responsables ».

İdris Özyol et Ebru Küçükaydın

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Le 10 mars, le juge de la surveillance pénitentiaire a décidé de réduire la semi-dédention (“tercer grado”, permission de quitter la prison la journée, les week-ends plus autres autorisations) de Lisa, et de ne plus permettre que des sorties pour des raisons professionnelles. Cette décision fait suite à l’appel interjeté par le parquet de l’Audience Nationale en novembre dernier qui demandait le retour au « segundo grado » (c’est-à-dire: sortie interdite) du fait que Lisa n’avait pas renié ses idées anticapitalistes et anarchistes. Son avocat a interjeté appel, car la rétrogradation pour des raisons idéologiques n’est pas envisagée dans le droit pénitentiaire. Lisa est une prisonnière anarchiste arrêtée en 2016 pour une action d’expropriation de banque à Aix-la Chapelle en 2014 (voir nos articles ici, ici et ici)

Banderole de solidarité avec Lisa

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