Ces derniers jours, des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes de France pour dénoncer la loi « Sécurité Globale ». À Paris, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, en fin d’après-midi, sur la place Édouard-Herriot, derrière l’Assemblée Nationale. La manifestation s’est terminée par des affrontements entre une partie des manifestant·es et la police sur le boulevard Saint-Germain. Les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et des autopompe et arrêté 33 personnes. Parmi elles, 26 ont écopé d’un rappel à la loi devant un officier de police judiciaire, principalement pour « attroupement sans arme après sommation de se disperser ». Trois personnes ont été présentées à un délégué du procureur pour un rappel à la loi pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences. Hier soir, quatre personnes étaient toujours en garde à vue. Par ailleurs plusieurs journaliste ont été intimidés par la police qui en a arrêté deux. Les deux journalistes ont été relâché après plusieurs heures de garde à vue et un rappel à la loi.

À Orléans, environ 130 personnes ont manifesté pour exprimer leur rejet de la loi relative à la sécurité globale, tandis qu’à Chalon-sur-Saône c’est plus de 250 personnes qui avaient pris la rue. Enfin cent personnes s’étaient rassemblées à Troyes. Des manifestations étaient également organisées à Marseille et Aix-en-Provence. La veille à Chambéry, 200 personnes étaient descendues dans les rues pour manifester contre la loi de sécurité globale. Cette mobilisation était organisée par le Collectif savoyard contre la répression, qui regroupe des militants et des sympathisants de plusieurs formations politiques de gauche, des syndicats et des mouvements associatifs.

Manifestations contre la loi "Sécurité Globale"

Manifestations contre la loi « Sécurité Globale »

Mardi 17 novembre, une manifestation contre le couvre-feu et les mesures autoritaires a eu lieu à Liège. Cette manifestation dénonçait les mesures injustes dans la gestion sanitaire qui affectent prioritairement les personnes les plus fragilisées.  Rappelant l’importance du respect des gestes sanitaires et du port du masque, les manifestant·es ont bravés le couvre-feu qu’ils et elles dénoncent comme étant une des mesures aggravant les inégalités sociales.

Des membres du collectif de soignant·es « La santé en lutte » y étaient présent en soutien. Les soignant·es rappellent ainsi que la pandémie n’a pu faire autant de victime que parce que les gouvernements avaient préalablement détruit notre système de santé. Les soignant·es dénoncent également la logique capitaliste de la gestion de la pandémie qui a voulu que les aspects privés de nos vies soient cadenassés pour garder le plus intacts possible les aspects économiques. Des membres des Brigades de Solidarité Populaire de Liège, qui distribuent des colis alimentaires durant la pandémie, étaient également présents. Plus d’infos ici.

Manifestation contre le couvre-feu à Liège

Manifestation contre le couvre-feu à Liège

Dimanche 15 novembre, le président par intérim Manuel Merino a annoncé sa démission. Celle-ci fait suite aux nombreuses manifestations dans tout le pays dont celle de la veille à Lima fortement réprimée par la police. La répression de la manifestation de samedi dans la capitale a, en effet, fait trois morts et une centaine de blessés. Par ailleurs, une quarantaine de personnes sont toujours portées disparues. La prise de pouvoir de Manuel Merino à la suite de la destitution du président Martín Vizcarra pour corruption avait lancé un important mouvement populaire contre Manuel Merino et la classe politique corrompue. Des manifestations historiques s’étaient déroulée pendant plusieurs jours, des dizaines de milliers de Péruviens descendant dans les rues aux cris de « Merino démission ».

 Le mouvement populaire obtient la démission du président par intérim Manuel Merino

Le mouvement populaire obtient la démission du président par intérim Manuel Merino

L’examen du projet de loi sur la sécurité globale débute ce 17 novembre à l’Assemblée nationale. Ce texte s’inscrit dans la foulée du Schéma national du maintien de l’ordre promulgué le 16 septembre dernier par le ministre de l’Intérieur. L’article 24 de cette proposition de loi interdit à toute personne de diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale, autre que son numéro d’identification individuel, lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police » et que cette diffusion a pour « but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». En réalité, diffuser l’image d’un policier, notamment en direct, serait, de fait, quasiment impossible, les contrevenants s’exposant à un an de prison et 45 000 € d’amende. Une série de mobilisations sont organisées pour s’opposer au projet de loi. La liste des mobilisations prévues est disponible ici.

Le texte prévoit la possibilité d’élargir le champ d’intervention des polices municipales qui pourront participer à la sécurisation de manifestations sportives, récréatives ou culturelles. Elles pourraient également constater davantage d’infractions comme l’ivresse publique, la vente à la sauvette, la conduite sans permis ou sans assurance, les squats de halls d’immeubles, les tags ou encore l’occupation illégale d’un terrain communal mais pas les rodéos urbains. Les policiers pourront aussi immobiliser et mettre en fourrière un véhicule. La mise en commun des policiers municipaux au niveau intercommunal est encouragée.

Le périmètre des missions des agents de sécurité privés va s’élargir puisqu’ils pourront être associés aux opérations de palpation de sécurité. Le texte prévoit en outre de les habiliter à détecter des drones et à exercer des missions de surveillance contre les actes terroristes sur la voie publique, à titre exceptionnel et sur autorisation du préfet. La proposition de loi modifie le cadre juridique des caméras mobiles dont sont dotés policiers et gendarmes. Elle permettra notamment de transmettre les images en temps réel à la salle de commandement. Les agents ayant procédé à l’enregistrement pourront accéder aux images dans le cadre d’une procédure judiciaire (procès-verbal) ou d’une intervention, par exemple sur une personne en fuite.

Le texte clarifie l’usage des drones lors de manifestations, en cas de craintes « de troubles graves à l’ordre public » mais aussi pour la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agressions, vol ou trafic d’armes, d’êtres humains ou de stupéfiants, ou la surveillance de « rodéos ». Le public sera informé de la mise en œuvre de ces « dispositifs aéroportés de captation d’images ». Le bénéfice des crédits de réduction de peine est supprimé pour les personnes condamnées à la suite de certaines infractions commises à l’encontre d’élus, de militaires, d’agents de la police et de la gendarmerie et des pompiers. Les policiers et gendarmes pourront accéder à des établissements recevant du public avec leur arme de service. Les règles d’usage des armes par les militaires déployés sur le territoire national dans le cadre de l’opération Sentinelle seront assouplies. Ils pourront comme les forces de l’ordre mettre fin à un « parcours criminel ». Achat, détention, utilisation et vente d’articles pyrotechniques, à d’autres personnes que des professionnels, seront sanctionnés pénalement.

 

La loi Sécurité globale examinée à l'Assemblée nationale

La loi Sécurité globale examinée à l’Assemblée nationale

La police biélorusse a arrêté dimanche des centaines de personnes qui manifestaient en scandant « Je sors », les derniers mots connus d’un manifestant décédé la semaine dernière. La police a utilisé des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des grenades paralysantes pour disperser la foule qui manifestait contre le président Alexandre Loukachenko. Les rassemblements ont connu un regain depuis la mort de Roman Bondarenko, un manifestant victime de violences policières. Roman Bondarenko a été arrêté après des affrontements avec des hommes en civil qui tentaient d’arracher des rubans aux couleurs du mouvement d’opposition contre Loukachenko. Depuis le début de la contestation, au moins quatre personnes sont mortes lors de manifestations ou après leur interpellation mais d’autres décès suspects laissent présager un bilan plus lourd.

Nouvelles manifestations et nouvelles arrestations en Biélorussie

Nouvelles manifestations et nouvelles arrestations en Biélorussie

Ces derniers jours, les profils Instagram et Facebook ont ​​été inondés de messages de solidarité en vue de l’audience d’appel contre la Surveillance spéciale, qui s’est déroulée le 12 novembre au matin dans les salles d’audience de Turin (voir notre article). Le lendemain, les profils sociaux (Facebook et Instagram) d’Eddi ont été bloqués. ️Plus d’infos ici.

Eddi

Eddi

Le 25 avril 2018, plusieurs manifestants antisionistes milanais s’étaient opposés à la présence des drapeaux de l’état israélien à la manifestation célébrant la libération de l’Italie. Ils avaient fait l’objet d’une enquête et devaient passer devant le tribunal de Milan. L’audience préliminaire s’est conclue le 11 novembre par la décision du juge de mettre en examen 4 militants, pour menaces, jet d’objets dangereux et résistance à un agent public aggravée par l’incitation à la haine raciale. La première audience du procès aura lieu le lundi 11 janvier à 9 heures au tribunal de Milan. Plus d’infos ici.

Quatre antisionistes en procès à Milan

Quatre antisionistes en procès à Milan

Jeudi 12 novembre, Eddi internationaliste italienne ayant combattu dans les unités des YPJ, passera devant la Cour de Turin dans le cadre de son recours contre les mesures de surveillance spéciale qui lui sont infligées. Les comités turinois d’appui à l’administration démocratique du nord-est de la Syrie sera présent devant le palais de justice pour la soutenir. Ils organiseront un sitt-in et appellent toutes les personnes à participer en respectant les mesures de distanciation sanitaires. Le 17 mars 2020, la section des mesures de prévention de la Cour de Turin, avait décidé d’appliquer une mesure de la surveillance spéciale, définissant Eddi comme «socialement dangereuse» pour une durée de deux ans (voir notre article).

Les mesures qui sont appliquées à Eddi sont les suivantes :

  • Interdiction de participer à des assemblées publiques ;
  • Couvre-feu entre 21h le soir et 7h du matin ;
  • Interdiction de se rendre dans des locaux publics après 18h ;
  • Obligation de communiquer à la police tous ses déplacements ;
  • Obligation d’avoir avec elle un livret rouge qui permet à la police de contrôler le respect des règles qui lui sont imposées ;
  • Interdiction de quitter le territoire italien (Confiscation de son passeport, de son permis de conduire, et fin de la validité de sa carte d’identité pour voyager à l’étranger).

Plus d’infos ici.

Eddi internationaliste italienne en recours contre les mesures de surveillance spéciale

Eddi internationaliste italienne en recours contre les mesures de surveillance spéciale

Mercredi 4 novembre, des manifestations de lycéen·nes se sont déroulées dans plusieurs lycées de France pour dénoncer l’absence de mesures sanitaires. Le lendemain c’était au tour des élèves du lycée de Pont-l’Abbé (département du Finistère en Bretagne) de se mobiliser. Au cours de la manifestation un engin explosif à base d’acide chlorhydrique a été lancé sur une voiture de la gendarmerie. Trois lycéens de 17 ans ont été arrêté vendredi et déférés le lendemain au parquet de Quimper. Ils ont tous trois été mis en examen pour « violence aggravée sur gendarmes et fabrication d’engins explosifs ». Laissés en liberté sous contrôle judiciaire, les trois lycéens seront prochainement convoqués devant un juge pour enfants.

Trois lycéens mis en examen pour violence aggravée sur gendarmes et fabrication d’engins explosifs

Trois lycéens mis en examen pour « violence aggravée sur gendarmes et fabrication d’engins explosifs »

Plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées,hier, devant l’Hôtel-Dieu à Paris pour manifester contre la fermeture (temporaire) du service des urgences pendant l’épidémie de la Covid-19. Les manifestant·es, parmi lesquel·les se trouvait des soignant·es, se sont fait verbaliser pour leur participation au rassemblement.

 Les manifestants contre la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu verbalisés

Les manifestants contre la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu verbalisés