Le gouvernement colombien a changé de stratégie pour réprimer la révolte populaire qui embrase le pays depuis la fin du mois d’avril. Devant l’indignation internationale suscitée par les images de la répression, il a décidé d’appliquer une stratégie plus discrète. Des camionnettes blanches non identifiées ont commencé à apparaitre, il y a une semaine et demi, dans les manifestations de la ville de Cali. À l’intérieur se trouvent des hommes armés qui tirent sur les manifestant·es (vidéos ici et ici). Dans au moins un cas, il s’agissait d’un véhicule appartenant à la police dans lequel se trouvait un uniforme de policiers. Le commandant de la police a reconnu les faits et a affirmé que la police procédait de la sorte il était devenu trop dangereux de s’approcher des manifestations en uniforme.
En outre, le viol est utilisé pendant ces manifestations contre les personnes qui protestent. Une ONG a ainsi reçu 18 témoignages de viols ou de violences sexuelles commis par la police contre des manifestant·es depuis le début du mois. L’ONG a également recensé 87 autres témoignages de violences sexistes (généralement des policiers menaçant de jeunes femmes manifestantes de violences sexuelles). Une jeune manifestant·es, violée par quatre policiers le 12 mai, s’est suicidée deux jours plus tard. Plus d’infos ici.
Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d'un policier en uniforme

Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d’un policier en uniforme

Samedi 8 mai, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Londres pour protester contre la colonisation israélienne et les bombardements contre Gaza. Les manifestant·es se sont dirigé·es vers l’ambassade d’Israël en scandant des slogans pro-palestiniens et en brandissant des drapeaux et des banderoles. Des policiers ont alors tenté de dégager la foule de l’extérieur de l’ambassade, ce qui a provoqué des affrontements. La police a chargé les manifestant·es et arrêté neuf personnes parce qu’elles étaient soupçonnées de « troubles violents » et quatre personnes parce qu’elles étaient soupçonnées d’avoir enfreint les lois sur les coronavirus.

Le même jour, une manifestation pro-palestinienne se tenait également à Berlin. Les policiers ont également essayé de disperser une foule provoquant des affrontements. La police utilisé du gaz lacrymogène et a tenté de procéder à des arrestations tandis que les manifestant·es répondaient avec des jets de bouteilles, de pierres et de pétards. Une journaliste travaillant pour la télévision d’État israélienne a été chahutée et a ensuite dû quitter la manifestation après que quelqu’un eut jeté un pétard près d’elle.

Répression de manifestations pro-palestiniennes

Répression de manifestations pro-palestiniennes

Mercredi 12 mai vers 19h, le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) Bertrand Heilbronn, 71 ans, a été arrêté par la police à sa sortie du Quai d’Orsay où il avait été reçu par un conseiller du Ministre au sein d’une délégation comprenant des parlementaires, des représentants associatifs et syndicaux. Arrêté par les policiers qui avaient escorté la délégation jusqu’au lieu du rendez-vous, il a été menotté puis emmené au commissariat du 7ème arrondissement de Paris et mis en garde à vue. Son arrestation avait pour motif le fait qu’il avait appelé à manifester devant le métro Invalides en soutien au peuple palestinien. Une manifestation s’était, en effet, tenue vers 16h et avait regroupé plusieurs centaines de personnes. La préfecture l’aurait interdite quelques heures avant son début.

Arrestation du président d'une association de solidarité avec la Palestine

Arrestation du président d’une association de solidarité avec la Palestine

Dimanche 9 mai à Kiev le jour de la commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie. Deux sœurs sont sorties, comme chaque année, avec le portrait du maréchal Joukov. La police a tenté de les arrêter, mais des gens les ont protégées et ont empêché leur arrestation. L’année dernière, les deux sœurs avaient été agressées par des nationalistes mais protégés par des Ukrainiens pro-soviétiques. En 2017 et 2015, les policiers avaient réussis à les arrêter. Les deux femmes ont 84 ans et étaient enfants lorsque Kiev a été libérée par l’Armée rouge. Elles disent avoir été témoin des atrocités nazies et des exécutions massives de Juifs de Kiev, de communistes et de prisonniers de l’Armée rouge par les nazis allemands et les nationalistes ukrainiens. « Nous n’avons pas peur. Nous n’avons rien à perdre. Notre mère et nos pères ont déjà brisé le fascisme. Et nous allons le casser à nouveau », ont-elles commenté.

Tentative de répression d'une commémoration de la victoire sur le nazisme

Tentative de répression d’une commémoration de la victoire sur le nazisme

Le gouvernement colombien a affirmé, dimanche, qu’il explorait les conditions pour réactiver les négociations de paix avec l’ELN, mais avec des conditions extrêmement dures (voir nos articles ici et ici). Mardi, le gouvernement colombien a assuré que les ordres d’extradition contre les membres de la délégation de l’ELN à La Havane seraient suspendus si un processus de paix était engagé (voir notre article). Le gouvernement continue cependant d’imposer plusieurs conditions telles que la libération des prisonniers de l’ELN, comme conditions pour reprendre les négociations. Le gouvernement colombien est en grande difficulté depuis l’éclatement de la révolte contre la réforme des retraites, la pauvreté et la corruption dans le pays (voir notre article). Il accuse l’ELN d’être impliqué dans le mouvement, ce que dément Pablo Beltrán, porte parole de guérilla. Ce dernier affirme que les fronts urbains de la guérilla ont ordre de ne pas mener d’action à proximité des manifestations, même si l’ELN soutient politiquement ce mouvement.

Combattantes de l'ELN

Combattantes de l’ELN

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Des militant·es et journalistes ont dénoncé Instagram et Twitter pour avoir fermé leurs comptes sur ces réseaux sociaux et censuré des contenus relatifs aux dramatiques événements de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupée, où les forces israéliennes et les colons répriment des manifestants civils depuis jeudi. Les habitants de ce quartier protestent contre une vague d’expulsions ordonnée par la justice israélienne, laquelle devrait chasser une quarantaine de Palestiniens, dont une dizaine d’enfants, de leurs maisons (voir notre article).

La complicité entre Israël et les entreprises de réseaux sociaux dans la réglementation et la censure du contenu et des comptes palestiniens est bien documentée. À la suite d’une visite d’une délégation au siège de Facebook en 2016, le ministre israélien de la Justice avait déclaré à l’époque que Facebook, Google et YouTube ‘’se conformaient à 95 % aux demandes israéliennes de suppression de contenu’’, presque entièrement palestinien. Par ailleurs, Facebook avait recruté l’an dernier une experte israélienne de la censure (voir notre article).

Les réseaux sociaux censurent les post témoignant de la répression du peuple palestinien

Les réseaux sociaux censurent les post témoignant de la répression du peuple palestinien

Vendredi 7 mai, des milliers de manifestant·es réclament toujours la démission du président Iván Duque. Le retrait de la réforme fiscale anti-populaire qui a initié le mouvement ainsi que la démission d’Alberto Carrasquilla (le ministre des Finances à l’origine du projet) n’a rien fait pour calmer les colombien·nes. De larges pans de la population continuent de se mobiliser pour protester contre les politiques du gouvernements ayant mené à une aggravation des inégalités sociales et de la pauvreté dans le pays ainsi que contre la corruption et la répression policière. D’une manière générale, la population réclame « un gouvernement qui écoute le peuple, tous les secteurs de manière égale, les étudiants, les paysans et les femmes ».

La répression policière a fait une quarantaine de mort·es parmi les manifestant·es depuis le début de la révolte, dont certain·es sont tombé·es sous les tirs à balles réelles de la police. Les noms des victimes s’affichent désormais en lettres capitales au milieu des bougies dans la capitale. Des Colombiens, se sont réunis par centaines dans le centre-ville hier pour leur rendre hommage. Par ailleurs, plus de 80 personnes sont portées disparues depuis le début de la révolte, environ 800 personnes ont été arrêtées, des centaines d’autres ont été blessé·es (dont une vingtaine qui ont été éborgné·es) et des cas de viols ont également été rapportés. Des manifestations de soutien à la révolte s’organisent à l’international, notamment aux États-Unis et en France.

Une manifestation regroupant des militant·es révolutionnaires et des habitant·es d’Austin s’est tenue dans la ville à l’occasion du 1er mai. Cette manifestation n’était pas autorisée mais la police, ne connaissant pas son point de départ, n’est pas parvenue à empêcher son départ. Elle a ensuite tenté d’y mettre fin ce qui a conduit à des affrontements avec les manifestant·es et ainsi qu’à huit arrestations. Les manifestant·es ont cependant continué à occuper les rues de la ville. Plus d’infos ici.

Affrontements avec la police lors d'une manifestation du 1er mai à Austin

Affrontements avec la police lors d’une manifestation du 1er mai à Austin

Le parquet a requis, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, une peine de travail de 200 heures à l’encontre d’un participant à la première boum poursuivi pour coups et blessures envers deux policiers. Il aurait lancé des bouteilles sur deux policiers de la cavalerie de la police fédérale et aurait été identifié au moyen de vidéos des événements. Le jugement sera prononcé le 4 juin.

La boom

La boum