Depuis le 23 janvier 2006, de nouvelles dispositions régissent le traitement des demandes de liberté conditionnelle des camarades d’Action Directe: un article de la loi promulguée à cette date institue en effet une nouvelle juridiction spéciale, sous prétexte de lutter contre le terrorisme.

Après les mesures prises pour la garde à vue lors de leur arrestation, les conditions particulières appliquées lors de la détention, l’institution de cours d’assises spéciales (uniquement composées de magistrats) pour leurs procès, c’est maintenant une structure centralisée qui est chargée d’examiner leurs demandes de libération conditionnelle. Jusqu’au bout, l’Etat français met en place des juridictions spéciales dans sa guerre contre les militants révolutionnaires. Huit textes en dix ans et trois textes récents: la notion de ‘terrorisme’ entraîne une véritable inflation de dispositions pénales qui vont toujours plus loin dans l’installation de juridictions spéciales, sans même parler de l’arsenal progressivement mis en place dans l’Union Européenne. Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que l’on assiste à la disparition progressive des derniers garde-fou susceptibles de s’opposer à la toute-puissance de l’Etat.

En janvier 2006 a été promulguée la ‘loi relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers’. Parmi les décisions, applicables aux militants révolutionnaires emprisonnés, l’article 14 concerne les demandes de mise en liberté conditionnelle. Celui-ci indique:

‘Par dérogation aux dispositions de l’article 712-10 [du code de procédure pénale], sont seuls compétents le juge de l’application des peines du tribunal de grande instance de Paris, le tribunal de l’application des peines de Paris et la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris pour prendre les décisions concernant les personnes condamnées pour une infraction entrant dans le champ d’application de l’article 706-16, quel que soit le lieu de détention ou de résidence du condamné.’

‘Ces décisions sont prises après avis du juge de l’application des peines compétent en application de l’article 712-10.’

‘Pour l’exercice de leurs attributions, les magistrats des juridictions mentionnées au premier alinéa peuvent se déplacer sur l’ensemble du territoire national, sans préjudice de l’application des dispositions de l’article 706-71 sur l’utilisation de moyens de télécommunication.’

Cet article indique clairement qu’il s’agit d’une disposition particulière prise pour une seule catégorie de prisonniers et que, dorénavant, toutes les décisions sont centralisées à Paris. Cela concerne aussi bien Nathalie, Jean-Marc que Georges (alors que, jusqu’à présent, c’étaient les juridictions dont leur lieu de détention dépendait qui étaient compétentes).

Si cette loi a donné lieu à quelques mobilisations (concernant la surveillance des accès Internet et des communications électroniques par exemple), cet article n’a pas attiré particulièrement l’attention. C’est qu’il concerne un nombre très restreint de prisonniers, que l’on agite le chiffon rouge du terrorisme – sous-entendu international – pour le faire passer et que, de toute façon, la prison mobilise encore trop peu.

Et pourtant, c’est bien là le dernier maillon d’une chaîne redoutable qui parachève les dispositions spéciales. Et peut-être le plus redoutable puisqu’elle permet le maintien en détention ad vitam aeternam, puisqu’elle remet entre les mains d’une juridiction particulière la possibilité existant normalement pour chaque détenu d’obtenir une libération.

Nous savons bien que toute libération – surtout pour les prisonniers révolutionnaires – reste de toute façon exceptionnelle et arbitraire. Les chiffres, en France, révèlent combien cette libération est plus que discrétionnaire. Mais il y a discrétionnaire et discrétionnaire… Pour les prisonniers politiques qui ont choisi la lutte frontale contre l’Etat, obtenir leur libération était déjà mission pratiquement impossible. Toutes les demandes déposées par les camarades d’Action Directe ont ainsi essuyé un refus, même si elles répondaient aux critères de logement et d’emploi. Joëlle Aubron, seule, a pu quitter les geôles de l’Etat: mais après mobilisations et luttes et parce que, comme ils le disent: ‘le pronostic vital était engagé’.

Locales ou non, les juridictions ont toujours été clairement aux ordres du pouvoir. Mais une chose est la pratique et une autre l’institutionnalisation de cette pratique. Aujourd’hui, il est clair et net que c’est l’Etat, par l’intermédiaire de la juridiction parisienne, c’est-à-dire un juge d’application des peines ‘anti-terroriste’ siégeant à Paris, qui rendra les décisions. Et c’est cela qui s’inscrit dans la loi!

En quoi cela change-t-il ce qui se fait déjà? Peu en pratique (pour nos camarades), beaucoup en principe. En effet, l’Etat attend des militants révolutionnaires en prison qu’ils se ‘repentent’, qu’ils renient leurs convictions. C’est le critère qui sous-tend ses décisions.

Ensuite – on peut toujours rêver – s’il existait quelque part un juge susceptible d’indépendance, l’ancien dispositif lui permettait d’agir. Le nouveau exclut cette possibilité. Enfin, cette disposition vise à neutraliser les soutiens locaux qui s’étaient peu à peu organisés.

Nathalie Ménigon devrait bientôt étrenner cette nouvelle disposition. Il est même prévu qu’elle ne soit pas ‘extraite’ de la prison, l’audience pouvant se dérouler par visioconférence. Il est donc indispensable que nous restions vigilants et mobilisés, où que nous soyons, pour faire face à ce nouveau dispositif.

Bombage pour Joëlle Aubron

Bombage pour Joëlle Aubron

Bombage pour Joëlle Aubron

Bombage pour Joëlle Aubron

Reçu sur le mail du Secours Rouge:

‘Cette nuit du 2 mars 2006, nous avons bombé le siège de la BANQUE TRANSATLANTIQUE BELGIUM SA, rue De Crayer 14, 1000 BRUXELLES. Nous avons maculé la façade et peint ‘HONNEUR A JOELLE’ en hommage à Joelle Aubron, militante d’Action Directe, décédée hier.

La ‘Dernière Heure’ ment effrontément en parlant d’un cancer détecté après sa libération. Joëlle a été libérée à l’article de la mort. C’est par sa volonté de lutte peu commune qu’elle a déjoué de quelques mois les plans de l’Etat français qui n’avait accordé de suspension de peine pour raison médicale qu’avec l’assurance que Joëlle ne survivrait pas plus d’une poignée de mois à sa libération.

Nous voulons rendre hommage à la mémoire de cette révolutionnaire. Et notre visite nocture à la Banque Transatlantique est sans commune mesure avec notre peine et notre colère. La Banque Transatlantique Belgium est filiale de la Banque (française) Transatlantique, qui fait partie du groupe financier français Crédit mutuel-CIC. C’est traditionnellement la banque des français à l’étranger, mais en Belgique, elle joue aussi le rôle de voie d’évasion fiscale pour les riches depuis que la France lève un impôt sur la fortune (ISF) qui n’a pas d’équivalent en Belgique. La Banque Transatlantique Belgium fait donc de la ‘gestion de fortune’ et de ‘l’ingénierie patrimoniale’ pour les français nantis qui trouvent ici une sorte de paradis fiscal. Elle gère déjà plusieurs centaines de millions d’euros, et toujours dans l’idée de favoriser l’évasion fiscale des bourgeois français, projette d’ouvrir une succursale à Tournai, juste à côté de la frontière. C’est une institution typique de ce système d’injustice que Joëlle a combattu, ce système qui accumule les privilèges à une extrêmité, et la misère à l’autre.

Combattre le capitalisme!

Solidarité avec les révolutionnaires emprisonnés!’

Communiqué de la Commission pour un Secours Rouge International (Bruxelles-Zürich)

Nous avons appris avec tristesse et avec colère la mort, mercredi premier mars, de Joëlle Aubron. Militante d’Action Directe, Joëlle a été libérée alors qu’elle était déjà gravement malade, le 16 juin 2004. Joëlle a résisté à la maladie avec le même courage qu’elle avait résisté à la prison. Nous adressons un salut fraternel à sa famille, ses proches et ses camarades, et nous rendons hommage à cette camarade qui a toujours parfaitement accompli son devoir de révolutionnaire. La meilleure façon d’exprimer cet hommage à la mémoire de Joëlle est de redoubler nos efforts pour la libération des prisonniers révolutionnaires, à commencer par les prisonniers malades. Il est clair que l’Etat français ne veut utiliser la loi prévoyant la libération des prisonniers dont l’état de santé est incompatible avec la détention que pour qu’ils aillent mourir hors de prison. Nous lutterons pour sortir Nathalie et les autres camarades avant que l’Etat français puisse se livrer sur eux à son calcul sordide et macabre.

-Liberté pour les prisonniers révolutionnaires!
-Honneur à la camarade Joëlle Aubron!

Joëlle Aubron

Joëlle Aubron

Ce qu’il faut retenir de ma camarade Joëlle Aubron

-Sa sensibilité de communiste
-La justesse dans sa lutte
-La simplicité de son courage
-La force de ses convictions révolutionnaires
-Son humanité combattante
-Son amour de la vie
-Son amour de la liberté
-Son rire, fort et clair, qui résonne à nos oreilles
-Comme l’espoir d’un monde prolétarien
-Gloire et honneur à Joëlle
-Que pour toujours ton nom fleurisse dans nos coeurs
-Pour la continuité du combat

Nathalie Ménigon – Prisonnière d’Action Directe – 4 mars 2006

Affichette du Secours Rouge/APAPC avec le texte intégral du communiqué du DKHC dont la justice belge reprochait la lecture publique à Bahar.

Lire l’affichette – format pdf

Texte ‘Comme la corde soutien le pendu‘: critique du Secours Rouge contre une tendance présente dans le mouvement de soutien à Bahar.

Lire le texte

01/03/2006

Solidarité! n°15

Jaquette Solidarité! n°15

Jaquette Solidarité! n°15

Editorial / Comme la corde soutien le pendu / Belgique / Verdict au procès contre le DHKC / Ce document vaut 7 ans de prison / Meeting pour Marco Paulsen / Campagne ‘Free the dockers’ / Nouvelles brèves de Belgique / La Chambre vote la création de l’OCAM / Création d’un Comité fédéral anti-terroriste pour la sûreté du rail / Manifestation à Vottem / International / Interview avec Imad Chiha (Mouvement Communiste Arabe) / Pour Joëlle Aubron / Diyarbakir: Conférence internationale contre les disparitions / Protestation contre le macro-procès au Pays-Basque / Action contre la biométrie / L’US Army remodelée pour la contre-insurrection / Répression anti-Sahraouis / Nouvelles brèves de l’étranger / France: Tortures à la DNAT / France: Loi anti-terroriste et internet

Lire le contenu de ce numéro

A Bapaume:

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Manifestation à Bapaume pour Action Directe

Voir aussi le site du photographe Arnaud Robin

Appel de la Commission pour un Secours Rouge International: 25 février: Journée de solidarité avec les prisonniers d’Action Directe

Arrêtés début 1987, condamnés à la réclusion à perpétuité (peine assortie d’une période dite ‘de sécurité’ de 18 ans), les militants de l’organisation révolutionnaire française Action Directe, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan, ont subi des conditions de détention ‘spéciales’ qui visaient à les détruire physiquement et psychologiquement. De longues années d’isolement total ont été suivies d’un statut de DPS (détenu particulièrement surveillé), avec absence de soins médicaux, restriction des parloirs, du courrier, des appels téléphoniques, etc. Ce programme d’anéantissement n’a été enrayé que grâce à la mobilisation, dans et hors les murs (grèves de la faim en détention, manifestations, réunions publiques et occupations dehors). Ils ont pu introduire en juin 2005, dans leur dix-neuvième année de prison, leurs premières requêtes de libération conditionnelle – toutes refusées, ainsi que les suivantes.

Nathalie Ménigon a été victime en prison de plusieurs attaques vasculaires cérébrales: elle est depuis plusieurs années partiellement hémiplégique. Le 30 septembre dernier, Nathalie a dû être emmenée à l’hôpital d’Arras suite à un nouveau malaise cérébral. Son état de santé se dégrade inexorablement. Il est clair que les autorités politiques et judiciaires françaises entendent s’acharner contre elle, malgré le risque majeur, voire mortel, que constitue son maintien en prison. Outre la question très grave de son état de santé, des conditions de détentions restrictives lui sont toujours appliquées: limitation des visites (sept demandes de permis ont été refusées ou sont restées sans réponse en un an!), limitation des contacts téléphoniques (alors que les autres prisonnières peuvent téléphoner tous les jours, Nathalie n’a droit qu’à deux communications mensuelles), etc.

Georges Cipriani a aussi vu sa demande de libération rejetée début juillet 2005 par un tribunal de Mulhouse. Les motifs invoqués sont une nouvelle fois aussi absurdes qu’hypocrites et odieux. Ouvrier manoeuvre, âgé de 55 ans et déstabilisé psychologiquement par bientôt deux décennies d’emprisonnement dans des conditions strictes, le tribunal lui reproche de ne pas offrir assez de garantie quant à son ‘avenir professionnel’. Georges, qui a vécu un épisode délirant provoqué par les années d’isolement et qui ne fut soigné qu’à la suite d’une campagne de mobilisation intense, a quitté l’hôpital pénitentiaire pour retourner en détention à Eisisheim… c’est-à-dire dans les conditions qui avaient provoqué ses troubles.

Jean-Marc Rouillan, détenu à Lannemezan, a vu sa demande de libération examinée le 26 décembre à Pau; la décision du tribunal sera connue le 28 février. Il est convaincu qu’il ne sortira pas de prison de sitôt, il a fait remarquer que l’échéance suivante se situera en période électorale… Quand on sait que le nouveau ministre de la justice prétend faire modifier le code de procédure pénale afin que le suivi des condamnations pour ‘terrorisme’ soit centralisé par un juge d’application des peines parisien, on ne peut plus imaginer une décision qui échapperait peu ou prou aux plus hautes instances de l’Etat. Pour avoir dénoncé cela lors d’une interview à un journal, Jean-Marc a fait l’objet d’une sanction par l’administration pénitentiaire.

La répression sans fin contre les militants d’Action Directe s’explique au premier chef par leur fidélité à leur cause politique. Derrière les procédures en cours, les attendus des décisions judiciaires, le chantage est flagrant: le repentir, l’abjuration, ou le maintien à perpétuité en prison. Pour les prisonniers d’Action Directe, comme pour tous les prisonniers révolutionnaires dans les démocraties bourgeoises, la question de la libération relève à présent exclusivement d’un rapport de force. Seule une mobilisation politique, solidaire, croissante peut amener les autorités en place à ouvrir les portes de leurs prisons. A nous d’y oeuvrer, dans une relation constructive avec eux.

La mobilisation doit aussi s’étendre aux autres prisonniers révolutionnaires légalement libérables en France depuis des mois, voire des années, ainsi Régis Schleicher, autre membre d’Action Directe, emprisonné pour sa part depuis plus de vingt-deux ans… il vient de se voir condamner à une peine de cinq années supplémentaires pour une tentative d’évasion. Ainsi Georges Ibrahim Abdallah, membre des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, détenu depuis plus de vingt-deux ans également.

La Commission pour un Secours Rouge International s’associe donc aux rassemblements qui auront lieu devant les prisons de Bapaume, d’Ensisheim et de Lannemezan le samedi 25 février 2006, comme elle s’était associée aux précédents rassemblements.

La Commission invite toutes les forces solidaires avec les prisonniers révolutionnaires à participer à cette initiative ou, à défaut, de mener une initiative autonome ce 25 février en solidarité avec les prisonniers d’Action Directe.

La solidarité est notre arme!

Commission pour un Secours Rouge International, Zürich-Bruxelles, 8 février 2006

Appel des prisonniers d’Action Directe pour la manifestation

Soirée de solidarité avec les dockers

Soirée de solidarité avec les dockers

Soirée du 6 février au Garcia Lorca: cinquante personnes ont assistés à la projection du film de Ken Loach ‘The Flikering Flame’ sur la grève des dockers de Liverpool en 1992. 250€ ont été recueillis à cette soirée pour les familles des dockers emprisonnés.