La revue Information Polity a publié la première véritable somme sur les usages et les effets de la vidéosurveillance des lieux publics dans 12 pays européens.

L’Angleterre est le pays le plus vidéosurveillé du monde (5 millions de caméras, soit une pour 14 habitants), ceci grâce à une police très centralisée et à une protection de la sphère privée moins stricte que dans le reste de l’Europe. Pour autant, les 500.000 caméras de Londres n’en font pas la ville la plus sûre du monde. En 2008, Scotland Yard admettait que 3% seulement des délits de rue avaient été résolus grâce à leurs images, alors qu’un passant londonien est filmé en moyenne 300 fois par jour. Les études montrent qu’on assiste souvent à une diminution de la criminalité et à une augmentation du sentiment de sécurité dans les premiers temps. Mais passé 5, 6 ou 7 mois, cet effet disparaît. Les caméras ne dissuadent pas les braquages et, pour la petite délinquance de rue, si les gens se déplacent quand on installe des caméras, ils ne tardent pas à revenir. Et quand ils voient qu’il ne se passe rien, tout recommence comme avant. Le seul domaine où la vidéosurveillance fonctionne, ce sont les autoroutes, pour repérer les accidents, téléguider les interventions (les caméras sont alors couplées avec des logiciels qui repèrent par exemple les objets immobiles). On estime à 1,24 milliard d’euros le poids du marché de la vidéosurveillance en 2010 dans les 27 pays de l’Union européenne.

camera fail

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Les IED sont devenu (et de loin) la première et la plus efficace des armes des guérillas. Aux États-Unis, un service a été spécialement créé pour lutter contre cette menace. Le Joint Improvised Device Defeat Organization (JIEDDO) a reçu un budget de 2,7 milliards de dollars pour 2010. En France, c’est à l’École du Génie d’Angers qu’a été ouvert en juillet 2010 un Centre Contre IED qui s’inscrit dans une dimension interarmées. L’Afghanistan est le premier laboratoire de la lutte anti-IED, qui suit trois axes. D’abord, lutter contre les réseaux qui concentre le matériel, fabrique les IED et les pose. Ensuite mettre en échec le dispositif lui-même une fois qu’il est installé sur le terrain. Enfin, le troisième axe concerne la formation des forces et la transmission des savoir-faire destinés à permettre une lutte en synergie de tous les acteurs du champ de bataille.

La lutte anti-IED a contribué à une robotisation accélérée du champ de bataille, de la télé-opération, et de la généralisation de véhicules davantage conçus pour la protection que pour le combat. Parmi les technologies mises en oeuvres, différents dispositifs de détection, les brouilleurs de communication permettant entre autres d’empêcher de déclencher IED par radio (Thales vient d’en livrer, avec plus de 6 mois de retard, à l’armée français, qui en a besoin en Afghanistan), où des dispositif sécurisant le terrain notamment par projection de cordons explosifs (l’armée israélienne a utilisé a Gaza le mois passé le nouveau système POMINS 2, servi par deux opérateurs qui le portent tel un sac a dos, et qui sécurisé un corridor de 50 métres sur 50 cm en moins d’une minute).

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Voir une vidéo (de propagande) sur la lutte anti-IED

Avec le Suédois NetClean, Microsoft offre sa technologie PhotoDNA aux forces de l’ordre. Développée en 2009 par Microsoft Research et l’université Darthmouth College, PhotoDNA créé une signature unique pour une image numérique. Cette empreinte numérique peut être comparée aux signatures d’autres images afin de trouver des correspondances. Si le procédé est similaire à la reconnaissance faciale, PhotoDNA ne peut pas identifier des individus dans des photos. Mais avec une représentation mathématique de la photo, les forces de l’ordre sont capables de faire correspondre une photo avec une autre, même si la photo a été redimensionnée ou modifiée. De quoi les aider lors d’enquêtes.

La technologie est déjà utilisée dans le domaine de l’aide à l’enfance. C’est ainsi que Facebook en collaboration avec le National Center for Missing and Exploited Children (Centre national de recherche des enfants disparus et exploités, financé en partie par la justice US ), fait analyser par PhotoDNA les centaines de millions de photos mises en ligne chaque jour pour débusquer les images pédopornographiques et rechercher les photos d’enfants disparus (de nombreux fugueurs ayant tendance à rester connectés sur Facebook). On peut naturellement s’attendre à une extension de l’application de cette technologie aux autres secteurs de l’activité policière…

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La répression des manifestations étudiantes à Montréal a mis en évidence l’usage de plus en plus fréquent des grenades sonores (soundflash). Normalement, elles sont lancées haut dans les airs et éclatent en hauteur, mais le 7 mars, certaines ont été lancées sur la foule. Plusieurs policiers ont été vus lançant ces projectiles de leur main, comme une grenade à fragmentation. La soundflash est noire,de forme (plus ou moins) sphérique, de la grosseur d’une orange, et faite de caoutchouc. La soundflash se reconnaît surtout par sa détonation particulière. Le bruit qu’elle émet particulièrement fort, le but étant de créer un effet de panique dans la foule. Lorsqu’elle éclate à proximité, elle peut créer des étourdissements chez les personnes touchées. L’explosion dégage également un flash lumineux qui pourrait, dans certaines circonstances créer un léger éblouissement pour les personnes qui regarde dans cette direction. Une fumée blanche, en petite quantité, se dégage.

Quant à son usage tactique, les observations actuelles montrent que les soundflash sont projetées par les policiers situés derrière la ligne de front quelques secondes avant une charge des policiers de la ligne de front. Cela semble maximiser l’impact de la soundflash. La confusion créée par les différents effets du projectile est amplifiée par la charge rapide de la ligne policière de front et le bruit des matraques contre les boucliers, le tout souvent utilisé de concert avec le gaz lacrymo et le poivre. Le 7 mars, l’utilisation de 2 soundflash, 1 projectile de gaz lacrymogène et une charge poivrée a été observée de manière quasi simultanée. Les lanceurs de soundflash semblent cibler les personnes situées à 2 ou 3 mètres de la ligne de front, peut-être pour ne pas créer de détonation trop proche des autres policiers.

Interpol, l’organisation internationale de police, est actuellement en train de construire un nouveau centre destiné à la lutte, entre autre, contre la cyber-criminalité. L’Interpol Global Complex for Innovation, paradis technologique, devrait entrer en fonction en 2014. Il servira de laboratoire de recherche et de développement, d’installation d’entraînement et de laboratoire médico-légal, et s’intègrera dans le Interpol Singapore Center. L’IGCI se concentrera principalement sur la sécurité digitale et les innovations en matière de recherche contre le cyber-crime. Au-delà de ce dernier, les officiers de police et les chercheurs de l’IGCI développeront également des stratégies expérimentales à destination des services policiers à travers le monde. Le complexe comprendra des laboratoires, une salle de conférence ainsi qu’un musée, qui sera ouvert au public. Interpol n’a pas encore officiellement annoncé quels produits ni quels outils y seront développés. Néanmoins, vu la place que prennent progressivement les géants en ligne tels que Google, Facebook et Twitter, et le rôle qu’ils ont récemment joué dans les divers soulèvements populaires et autres mouvements ‘d’indignés’, il est évident que l’IGCI oeuvrera à l’utilisation de ces sociétés. D’ailleurs, d’après un porte-parole d’Interpol, il semblerait que ces sociétés privées seraient de plus en plus ouvertes à la collaboration. Avec la construction de ce centre, Interpol se positionne clairement face aux nouvelles tendances.

IGCI

IGCI

Le procédé Smartwater consiste à pulvériser une solution aqueuse, inodore et incolore, contenant un polymère capable de rester six mois sur la peau et à vie sur les vêtements, et rempli de composants chimiques qui ont chacun leur code. Un encodage capable de confondre les auteurs d’un délit, même des années plus tard grâce à une base de données recensant tous les liquides Smartwater. Ce procédé est déjà utilisé par la police lors d’opérations « sous couvert ».

Le système commence en France une application anti-intrusion et anti-hold-up. Il vient d’être installé sur les plafonds du casino d’Aix-en-Provence, la police judicaire interrégionale étant techniquement préparée à exploiter le procédé. La police judiciaire dispose de lampes à UV réfléchissant la lumière du liquide. Si cela brille, cela veut dire que la personne était sur le lieu du braquage. La base de données permet de déterminer la date et le lieu du braquage.

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Description détaillée du procédé

A Sussex (banlieue de Londres), au début du mois, un agent de police sur le terrain a été contacté par sa centrale parce que le système élaboré de vidéosurveillance avait détecté un rodeur. Le policier se met à la chasse du cambrioleur présumé, guidé par radio, en temps réel, par un collègue, lui-même informés par le système. Mais alors que son collègue n’arrête pas de lui dire qu’il est sur les talons du suspect, le policier ne parvient jamais à retrouver l’homme en question : chaque fois que le suspect s’aventure dans une ruelle voisine, le policier se précipite dans cette même ruelle, sans rattraper ni même voir le rôdeur. Cela a duré 20 minutes, le temps qu’il a fallu pour un officier de comprendre que le système avait identitifé comme « suspect » ce même policier (habillé en civil), qui s’était donc poursuivi lui-même.

Un homme qui était apparemment en état d’ébriété et qui n’était pas armé a été touché deux fois lundi par un taser utilisé par un policier à Dothan (Alabama). Il a cessé de respirer peu après et a été déclaré mort deux heures plus tard. Cela porte à 500 les morts de ce type en onze ans aux Etats-Unis, dont 92 en Californie.

Taser X26

Taser X26

La Direction générale de la Police française a acquis une Renault Scenic type 3 équipée de la technologie LAPI pour initier les élèves-policiers à cet outil. Huit objectifs sont dissimulés dans la rampe des feux tricolores placée sur le toit: deux pour la lecture automatique des plaques d’immatriculation et six pour la vidéosurveillance des alentours du véhicule. La gendarmerie française a réceptionné la semaine dernière une Mégane équipée LAPI.

Dès que le système est activé, les deux caméras lisent instantanément les caractères dans leur champ de vision. Elles sont reliées à un logiciel qui répertorie l’ensemble des plaques d’immatriculation des véhicules volés. L’interrogation de ce fichier central se fait à la vitesse de cinq plaques par seconde. La lecture se fait sur la gauche et sur la droite du véhicule de police, pas de front. D’où un usage de ce LAPI de préférence sur les parkings… Chaque plaque déchiffrée est enregistrée dans la mémoire -mais effacée au bout de huit jours- avec l’heure, la date et le positionnement GPS. Le repérage d’une plaque de véhicule volé s’effectue par comparaison avec le fichier des véhicules volés (FVV) et le système d’information Schengen (SIS) et s’accompagne d’une alerte sonore. La plaque s’affiche à l’écran et une voix en donne la lecture ainsi que le type de véhicule correspondant. Le policier affecté à la manipulation de cet équipement doit alors effectuer une opération de validation de la fiche, en s’assurant auprès de sa salle de contrôle, que le véhicule est bien toujours signalé volé. En cas de découverte réelle d’un véhicule volé, la patrouille peut choisir de planquer à proximité et filmer toute personne qui s’approcherait de ce véhicule par les six autres caméras, dont deux (vue avant et vue arrière) équipées d’un zoom très puissant.

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