Mehmet Eymür a accordé une interview au site d’information turc T24, vendredi 5 novembre. Cet  ancien chef du département de lutte contre le terrorisme du service de renseignement turc (MIT), admet avoir participé à des actes de torture. Parlant de la villa de Ziverbey à Istanbul, qui a été un important centre de torture, Eymür a déclaré « On ne peut pas dire que la torture était pratiquée contre tout le monde. (…) La torture était appliquée s’il n’y avait pas d’autre moyen de faire parler les gens, car il y avait effectivement des gens très obstinés qu’il est très difficile de faire parler autrement ! (…) Quand il n’y a pas d’autre moyen de faire parler les gens, on peut recourir à la torture. J’en suis toujours convaincu. » Et d’avouer que la torture a pu aller jusqu’à la mort.

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L’utilisation par l’armée turque d’armes interdites par les conventions internationales est prouvée depuis longtemps, notamment en ce qui concerne l’usage de phosphore blanc, par exemple lors de l’invasion du canton d’Afrin. Mais un nouveau pas a été franchi avec l’utilisation de gaz de combat. De tels gaz ont été utilisés dans les régions de Zap, Avaşîn et Metina au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak) depuis le mois avril. Cette escalade s’explique par les difficultés rencontrées par les forces armées turques dans une région montagneuse où la guérilla kurde a creusé de nombreux tunnels. La dernière grande opération aéroterrestre turque dans la région de Gara, en février, avait été tenue en échec par les combattants du PKK embossés dans des tunnels et utilisant une large panoplies d’armes à longue portées. Les gaz utilisés par les Turcs sont tellement corrosifs qu’ils ne brûlent pas seulement les muqueuses des voies respiratoires mais aussi profondément la peau de ceux qui y sont exposés.

Extrait d’une vidéo montrant l’armée turque gazant des cavernes et tunnels au Kurdistan irakien

 

 

 

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Les forces de sécurité turques et leurs auxiliaires jihadistes continuent leurs exactions dans les régions kurdes occupées par la Turquie du nord de la Syrie. C’est ainsi que ces derniers jours, les forces d’occupation ont enlevé 10 civils du village de Mamila, dans le canton d’Afrin. L’État turc a établi un régime de terreur dans ce canton qu’il occupe depuis mars 2018. Les services turcs s’appuient pour cela sur divers groupes jihadistes, recyclant de nombreux membres et responsables de l’État islamique. C’est à Afrin que Abou Zaki al-Taybani, l’ancien dirigeant de l’État islamique pour la région de Hama, a été tué par un drone de la coalition. Les enlèvements avec demandes de rançon, les pillages et les déplacements de populations sont devenus quotidiens. 300 enlèvements ont été recensés à Afrin au cours des deux derniers mois. 25 des personnes enlevées étaient des femmes. Au moins six civils ont par ailleurs été exécutés.

L’occupation turque à Afrin

Une semaine de mobilisation pour la libération d’Abdullah Öcalan a lieu à Strasbourg. Cette semaine vise plus spécifiquement à obtenir l’application des décisions des organisations internationales, en particulier du Conseil de l’Europe concernant le traitement d’Öcalan dans la prison d’Imrali, où il est détenu à l’isolement depuis 22 ans. Un rassemblement de mille personnes a ainsi eu lieu samedi devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Ce même samedi, les Kurdes ont installé 120 tentes devant l’église Saint-Maurice, dans le quartier de la Forêt Noire de Strasbourg, mais le campement n’a pas duré longtemps. La préfecture du Bas-Rhin a décidé de procéder à son évacuation. Celle-ci ne s’est pas faite sans résistance et les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes.

Le 25 septembre, l’armée turque a lancé une opération dans la zone de Geliyê Reş, dans la région de Bradost, au Kurdistan Sud (Irak). Le même jour, une unité turque participant à cette opération a été frappée par les HPG, les Forces de Défenses du Peuple, la guérilla du PKK. Deux soldats turcs ont été tués dans l’action. L’État turc a aussitôt publié de fausses nouvelles selon lesquelles ces soldats sont morts à la suite d’accidents. Très rares sont les cas où les autorités turques reconnaissent des pertes, soit celles-ci sont travesties en accident, soit, le plus souvent, elles sont tout simplement passées sous silence. Les actions de la guérilla kurde sont pourtant incessantes, aussi bien au Kurdistan Nord (Turquie) qu’au Kurdistan Sud (Irak) où l’armée turque occupe plusieurs positions et mène de nombreux raids. Les auxiliaires de la Turquie sont aussi régulièrement frappés par la guérilla kurde au Kurdistan Sud (Syrie), dans le canton occupé d’Afrin. Voir une vidéo sur les actions des HPG

 

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Yasin Bulut, 64 ans, membre historique du PKK, a été tué par balle, vendredi matin, dans la ville de Sulaymaniyah, au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Souffrant d’une maladie grave, Bulut, qui suivait un traitement à Sulaymaniyah, venait de sortir de chez lui pour se rendre à pied dans un hôpital du district de Çarçira, lorsqu’il a été abattu par un commando relevant probablement des services secrets turcs (MIT). Yasin Bulut, également connu sous le nom de Şükrü Serhat, est né en 1957 dans la province de Kars. En 1978, il a rejoint le PKK nouvellement formé. Arrêté suite au coup d’État militaire du 12 septembre 1980, il a été emprisonné dans la prison de Diyarbakir avec de nombreux autres cadres du PKK. Après sa libération de prison en 1991, il a rejoint les montagnes du Sud-Kurdistan. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles.

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Au cours des 6 dernières années, au moins 103 prisonniers malades ont perdu la vie dans les prisons turques. 1 605 prisonniers malades se trouvent derrière les barreaux, dont 604 gravement malades. 249 de ces prisonniers malades sont des femmes. Les détenus madales sont privés d’activité sociale en raison des problèmes de santé. Les prisonniers sont emmenés dans des infirmeries ou des hôpitaux menotté. Ils sont souvent renvoyés en prison après un examen rapide et négligent. Au retour de l’hôpital, ils sont maintenus seuls en quarantaine pendant deux semaines.

Malgré certaines conventions internationales que la Turquie est signataire, la libération des prisonniers malades est empêchée soit par les hôpitaux, soit par l’Institut de médecine légale (ATK), soit par les procureur. Même les prisonniers malades qui n’ont pas de mains (comme Ergin Aktaş), qui ont perdu la vue ou qui sont incapables de marcher (comme Mehmet Emin Özkan, 83 ans, détenu depuis 26 ans) ne sont pas libérés. Quand elles surviennent, les libérations n’ont lieu que lorsque le décès est proche et certain. Le dernier exemple est un patient de 70 ans atteint de cancer, Mehmet Ali Çelebi: libéré de la prison de Sincan le 25 août et est décédé 10 jours plus tard dans un hôpital. En 2020, 16 prisonniers gravement malades sont morts en prison, et 5 autres sont morts peu après leur libération.

Le 16 août, un haut responsable des Unités de résistance de Sinjar, la force d’auto-défense des Yézidis, Saeed Hassan Saeed a été touché par un raid mené par les forces turques dans la région du Sinjar. Il a ensuite été admis dans une ancienne école transformée en clinique, située précisément dans le village de Sekaina. Cette clinique a été visée le lendemain par des drones turcs. Ce raid, qui a fait huit morts et huit blessés, est un crime de guerre puisque la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre précise, dans son article 18, que « les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ».

Précisions/Corrections
Le 16 août, Saeed Hassan Saeed a en fait été tué par le raid turcs. Ce sont d’autres membres des YBŞ, blessés lors de ce raid, qui ont ensuite été admis dans la clinique de Sekaina, visée le lendemain par des drones turcs.

Les huit victimes du bombardement de la clinique

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Des mandats d’arrestation ont été émis par le procureur générale de Diyarbakir à l’encontre de 88 personnes pour motif de « propagande du terrorisme sur les réseaux sociaux ». Dans le cadre de l’enquête, la police a mené des perquisitions simultanées à 104 adresses et procédé à l’arrestation de 59 personnes. 29 personnes seraient toujours recherchés par la police turque dans le cadre de cette même enquête. Dans le cadre d’une enquête similaire lancée par le procureur général d’Adana, 29 domiciles ont été perquisitionnés par la police à Adana. Les perquisitions ont eu lieu aux motifs de participations à des manifestations non déclarées, de publications sur les réseaux sociaux, ainsi que de préparations de manifestation en faveur de la cause kurde.

Policiers turcs (archives)

26 personnes arrêtées dans ces perquisitions ont été emmenées à la Direction provinciale de la sécurité d’Adana pour y être interrogés.

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Au moins 131 prisons ont été construites depuis le coup d’État du 15 juillet 2016, regroupant des opposants au pouvoir. Une centaine d’autres est envisagée. Parmi elles, un complexe géant, qui doit voir le jour près de Bursa, au nord. Sa capacité de 15 000 détenus est comparable à celle de Rikers Island, le plus grand pénitencier américain. À titre d’exemple, la plus grande prison de France, Fleury-Mérogis, a été conçue pour accueillir 2 855 détenus. Le rythme des constructions a, depuis 2016, doublé par rapport aux quatre années précédant le coup d’État avorté. La taille de chaque centre pénitentiaire a même augmenté. Ils sont désormais 50 % plus grands, un étage supplémentaire ayant été rajouté au modèle classique en Turquie des blocs de prison à deux étages. La population carcérale en Turquie est passée sur la même période de 180 000 à près de 300 000 personnes, d’après les statistiques officielles du ministère de la justice. Et ce, malgré deux amnisties générales et la libération de 190 000 prisonniers non-politiques depuis 2016, afin de faire de la place dans les prisons.

Le gouvernement a utilisé ses pouvoirs extraordinaires conférés par l’État d’urgence décidé à la suite du coup d’État avorté, pour faciliter juridiquement et financièrement la construction de prisons. Un décret a ainsi abrogé l’obligation de faire apparaître ces dépenses dans le budget annuel de l’État. Un autre a étendu les zones constructibles aux pâturages. Au moins vingt provinces étaient concernées par des projets de construction de nouvelles prisons. On estime à plus de 1,1 milliard d’euros le coût total de ces programmes.

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