Eric Hazan, patron des éditions La Fabrique, a été entendu ce jeudi 9 au matin pendant trois heures trente par la sous-direction de l’anti-terrorisme (SDAT) de la Police judiciaire. Il est l’éditeur d’un livre signé du ‘Comité invisible’ et intitulé L’insurrection qui vient. Les enquêteurs, qui soupçonnent Julien Coupat d’en être l’auteur, espèrent en apporter la preuve, ce qui permettrait selon eux d’étayer les accusations pesant lui. Eric Hazan a été convoqué hier par un coup de téléphone, à la suite, semble-t-il, d’une commission rogatoire. Il s’est présenté ce jeudi matin à la sous-direction anti-terroriste, où les enquêteurs l’auraient questionné sur deux points: les liens qu’ils soupçonnent entre L’insurrection qui vient et Julien Coupat, et ceux entre le militant, ce livre et la fameuse affaire des caténaires.

L’insurrection qui vient est cité à trois reprises sur quatorze pages d’un rapport de synthèse de la SDAT destiné au procureur de la République de Paris. Le document faisait le point sur l’état d’avancement de l’enquête, en rappelant les faits et en détaillant le profil des différentes personnes soupçonnées.

La première mention intervient dès le deuxième paragraphe de la première page: ‘Ce groupe constitué autour de son leader charismatique et idéologue, le nommé Julien Coupat, (…) obéit à une doctrine philosophico-insurrectionnaliste qui ayant fait le constat que la société actuelle est ‘un cadavre putride’ (tel qu’il est mentionné au sein du pamphlet intitulé ‘L’Insurrection qui vient’ signé du Comité invisible, nom du groupe constitué autour de Julien Coupat) a décidé d’user des moyens nécessaires pour se ‘débarrasser du cadavre’ et provoquer la chute de l’Etat. Les cibles désignées dans cet ouvrage dont il a été établi dans la présente enquête qu’il avait été rédigé sous l’égide de Julien Coupat étant, de manière récurrente, tout ce qui peut être, par analogie, défini comme un ‘flux’ permettant la survie de l’Etat et la société de consommation qu’il protège. Sont ainsi cités dans cet opuscule, avec insistance, le réseau TGV et les lignes électriques comme autant de points névralgiques par le sabotage desquels, les activistes peuvent, à peu de frais, arrêter plus ou moins durablement les échanges de biens et de personnes et ainsi porter un coup au système économique qu’ils combattent.

La seconde mention, sur la quatrième page, reprend les mêmes arguments que dans ce dernier paragraphe. La troisième et dernière, à la fin du document figure dans la conclusion du rapport: ‘L’ensemble des investigations menées depuis le 16 avril 2007 sur le nommé Julien Coupat ont donc permis de mettre au jour les agissements d’un groupe d’activistes reliés à la mouvance anarcho-autonome et désirant se livrer par différentes formes d’actions violentes à la déstabilisation de l’Etat. Ces conclusions sont largement confirmées par les déclarations formées par un témoin désigné sous le numéro (…) qui, entendu sous X durant le temps de la garde à vue, confirmait l’existence d’un groupe formé à partir de 2002 autour d’un leader charismatique, le nommé Julien Coupat avec pour principale implantation la ferme ‘Le Goutailloux’ et ayant pris la dénomination de ‘Comité invisible, sous-section du parti imaginaire’. Ce groupe se présentant comme ‘le plus apte à détruire le monde et à en reconstruire un neuf’ étant le rédacteur final d’un pamphlet principalement rédigé par Julien Coupat et intitulé ‘L’Insurrection qui vient’.