Le mystère entourant l’assassinat de neuf adivasis dans le village de Gompad (Dantewada) en octobre dernier devient de plus en plus profond, avec la police qui détient trois témoins de plus de l’incident et qui restreint tout accès à la région sous prétexte de l’Opération Green Hunt. Comme nous l’avons déjà évoqué, la police a pris le contrôle total des mouvements de Sodi Sambho, l’une des témoins dans une requête faite à la Cour Suprême qui affirme que les neuf civils ont été assassinés par les forces de sécurité.

Ce vendredi, des policiers armés et des officiers de la police spéciale ont bordé toute la route depuis la ville de Dantewada jusque Konta, arrêtant les véhicules et interrogeant les navetteurs. Un correspondant de la presse nationale, voyageant avec deux journalistes locaux, a été arrêté de maintes fois le long de la route. On lui a signifié que le village de Gompad étai inaccessible car une grosse opération anti-naxale était en cours, alors qu’il a pu constater que les non-journalistes pouvaient passer. Craignant qu’ils ne puissent entrer dans le village depuis l’Andhra Pradesh, ils ont été retenus 45 minutes à la frontière du Chhattisgarh et on les a seulement autorisé à continuer leur route après l’intervention du Député Inspecteur Général. Jusqu’à présent, la police a refusé de se prononcer sur la véracité des revendications faites dans la requête à la Cour Suprême par Sodi Dambho et d’autres. Un inspecteur de police a simplement affirmé qu’une enquête allait être menée sur cet incident.

Cependant, tous les témoins ont insisté, notamment dans des interviews à la presse, que la police était impliquée dans cette ‘opération d’assainissement’ matinale et avait tué neuf villageois (sept de Gompad et deux de villages voisins), dont trois femmes et une fillette de douze ans. Un témoin a déclaré, sous le couvert de l’anonymat par crainte des châtiments policiers, que la police avait aussi coupé les doigts d’un enfant de deux ans. Un autre a affirmé que la police avait poignardé un homme avant de le tuer d’un coup de fusil. Tous ces villageois innocents n’avaient rien à voir avec les maoïstes. Tous ces témoins ont parlé aux journalistes dans un marché de Adralpalli, du côté Andhra Pradesh de la frontière entre les deux états. A cause du cordon de police autour du village de Gompad, les journalistes n’ont pu confronter ces témoignages. Mais les villageois affirment que la police détient trois personnes dont le témoignage pourrait s’avérer crucial si l’affaire devait être entendue par la Cour Suprême. Les trois hommes sont détenus au commissariat depuis une semaine. Les adivasis ont été attrapé par la police durant la première semaine de janvier alors qu’ils se rendaient à la ville de Dantewada pour une diffusion publique de leurs griefs. La police, de son côté, nie détenir ces trois hommes en préventive. Cependant, certaines sources anonymes de la police ont confirmé que les trois hommes avaient été détenus au commissariat de Konta pour interrogatoire jusqu’au 14 janvier mais n’ont pu dire où ils se trouvaient actuellement. Aujourd’hui, on ne sait pas où ils sont.