Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La ministre de la Justice, Rachida Dati, avait demandé en avril dernier à des parlementaires de réfléchir à une réforme de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à ‘l’enfance délinquante‘. La dernière réforme, dans le cadre de la loi d’août 2007 sur la récidive, permettait de juger comme des adultes certains mineurs de 16 à 18 ans. Selon le journal La Croix, les membres de la commission parlementaire, présidée par André Varinard, professeur d’université, se sont mis d’accord pour fixer à 12 ans l’âge à partir duquel un enfant peut être pénalement responsable de ses actes. Actuellement, cet âge est laissé à l’appréciation du juge, avec un critère subjectif, celui du discernement. Selon le quotidien, certains membres de la commission, notamment des policiers, auraient préféré l’âge de 10 ans… Bravo!

La chambre d’application des peines de la cour a examiné aujourd’hui à huis clos l’appel de l’ancien militant contre une décision rendue en première instance le 16 octobre, qui a révoqué le régime de semi-liberté dont Jean-Marc Rouillan bénéficiait depuis décembre 2007. L’arrêt sera rendu le 4 décembre. Jean-Marc Rouillan se voit reprocher d’avoir laissé entendre dans un entretien au magazine L’Express qu’il ne se repentait pas. Il avait déclaré exactement: ‘Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus… Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique‘. Une manifestation revendiquant la libération de Jean-Marc s’est déroulée devant le palais de justice avant l’audience

C’est mardi que le conseil d’administration de l’ULB se réunissait d’urgence pour prendre une décision relative à l’occupation du gymnase par les 300 sans-papiers chassés de l’immeuble d’Electrabel à Ixelles. Pendant la réunion du conseil d’administration, et pour faire pression sur celui-ci, entre 200 et 300 personnes étaient présentes sur le campus. Finalement, le conseil d’administration a rendu public un communiqué dans lequel on peut notamment lire que: ‘Pour des raisons humanitaires évidentes, le conseil d’administration de l’ULB a décidé de tolérer à titre provisoire l’occupation de son hall des sports par les personnes sans-papiers qui l’occupent depuis mardi dernier. L’Université réitère son soutien à la cause des personnes sans-papiers et en appelle au gouvernement pour concrétiser rapidement les engagements pris en la matière. L’ULB s’attachera également à sensibiliser ses partenaires de l’enseignement supérieur.’

Manif à l’ULB pour les sans-papiers

Manif à l'ULB pour les sans-papiers

Les ouvriers d’UCB Braine-l’Alleud ont approuvé le texte élaboré en bureau de conciliation au début de la semaine à plus de 76%. Après trois semaines de grève et deux refus, la grève est donc officiellement terminée. Ce vote intervient après celui des employés, qui plus tôt dans la journée s’étaient prononcés en faveur de l’accord. En plus des primes et avantages, les discussions ont permis de réduire le nombre de pertes d’emploi. Lors de l’annonce par la direction, on parlait de 425 emplois en péril sur le site de Braine-l’Alleud, dont 344 employés. Ce nombre de postes d’employés perdus est descendu depuis à 298. Et les syndicats espèrent encore en sauver quelques-uns dans les jours qui viennent.

Cette grève avait elle aussi été marquée par l’intervention de la justice aux côtés du patronat. Le piquet de grève installé mercredi avait été levé après qu’un huissier soit venu rappeler aux grévistes qu’une ordonnance de référé les enjoint de laisser l’accès libre sous peine d’astreinte. Cette ordonnance de référé obtenue par la direction avait été signifiée tôt dans la matinée par un huissier accompagné de policiers. Menacés d’astreintes, les membres du piquet de grève qui avaient pris position devant les grilles à 05h30, après un vote de 72% des ouvriers en faveur de la poursuite de la grève, mardi soir, avaient levé leur barrage. Ils avaient laissé passer les véhicules, se contentant de les ralentir. La grève était tellement générale que la levée du piquet n’a pas influencé l’arrêt de la production.

Dans la nuit de vendredi à samedi, en une heure, le directeur du personnel France de Faurecia a débarqué en urgence depuis Nanterre dans l’usine Sieto-Faurecia de Somain et a licencié quatorze salariés grévistes. Et ce n’était qu’un début. Les imprimés de licenciement ont été distribués à des salariés choisis au hasard. Son intention était, semble-t-il, de licencier tous les grévistes, c’est-à-dire l’ensemble du personnel en CDI du poste de nuit (65 salariés). La tentative de médiation du directeur départemental du travail et de l’emploi entre grévistes (l’immense majorité des 245 salariés) et direction a été un échec. Les quatorze licenciements abusifs, ne respectant pas la procédure de surcroît, courent toujours. De retour de week-end, les salariés ont remis la pression. Un camion devant livrer à Toyota Onnaing les sièges fabriqués dans l’usine somainoise a été bloqué. Résultat, l’équipe du matin du constructeur japonais a arrêté plus tôt que prévu le travail. Pareil pour l’équipe de l’après-midi. Pas bon pour les affaires de Faurecia. Un équipementier automobile impliqué dans un arrêt de chaîne d’un constructeur donneur d’ordre se voit condamné à payer de lourdes pénalités financières. Le chiffre de 1.000€ par minute circule! Vendredi, il n’était encore question que de revendications salariales: d’une prime non payée de 75€ et d’une prime de production de 300€. Mais les conditions de travail déplorables sont mises en cause. Une personne est affectée à deux, voire trois postes. Cette réorganisation du travail a été élaborée sans consulter les délégués du personnel. Des employés se plaignent de harcèlement moral et physique. Mercredi dernier, un cadre aurait tiré les oreilles d’un salarié en lui intimant de travailler plus. La grève est reconduite.

Grève à Somain

Grève à Somain

Ce jeudi 27 novembre, un groupe d’anarchistes de Moscou a manifesté sa solidarité avec les militants interpellés en France pour le sabotage des lignes TGV. Ils ont diffusé des tracts et ont crié en russe et en français ‘Solidarité avec les interpellés de Tarnac!‘ et ‘A bas la terreur d’Etat!‘. Sur le bâtiment voisin de l’ambassade de France, ils ont accroché des banderoles sur lesquelles était écrit ‘Solidarité avec les interpellés de Tarnac!‘. La police a violement dispersé la manifestation.

Le 26 avril 2008, trois personnes avaient été débarquées d’un avion de Brussels Airlines à destination du Kinshasa via Douala, parce qu’elles avaient protesté (avec plusieurs autres passagers) contre les traitements violents infligés à un sans-papier camerounais en instance d’expulsion du territoire belge, Folefack Sontsa. Ce jeune homme décédera le premier mai 2008 dans des circonstances troubles dans un centre de rétention belge. Il laissera un témoignage accablant pour les policiers chargés de son expulsion qu’il accusait de l’avoir tellement frappé après cette tentative d’expulsion manquée qu’il était incapable de manger, tant il avait mal aux mâchoires. Les trois passagers ont été menottés par la police et retenus au commissariat. Une journée pas comme les autres. Une journée au cours de laquelle j’avais été violemment débarqué, menotté et retenu dans une cellule de l’aéroport international de Bruxelles pendant de nombreuses heures. Les trois passagers débarqués ont pu reprendre contact. Une plainte a été déposée par l’un d’eux, épaulé par la Ligue des Droits de l’Homme et du CIRE (Coordination et Initiatives pour et avec les Réfugiés et Etrangers), et les auditions vont commencer avec des enquêteurs du Comité P (Comité Permanent de Contrôle des Service de la Police) et le Juge d’instruction.

Le passager originaire de cette plainte lance un appel à la solidarité pour financer les dépenses liées à ce combat (déplacements à Bruxelles, frais de justice et honoraires de ses avocats). Serge NGAJUI FOSSO, 9 Villa Jean Jaurès, 92110 Clichy – France. Serge NGAJUI FOSSO, BNP PARIBAS, Compte : 00064 00000607856, IBAN : FR76 3000 4000 6400 0006 0785 696, BIC : BNPAFRPPPGN

Ce jeudi 27 novembre, à 12h30 devant le Palais de Justice de Paris, se tiendra un rassemblement pour la libération de Jean-Marc Rouillan. Les premiers signataires de l’appel à la manifestation sont: AL, Les Alternatifs, la LCR, le NPA, le PCF, Les Verts, l’AGEN, le Collectif pour la libération de Georges Abdallah, Droits devant!, Libérez-les!, NLPF!, Ras les Murs, le SRF, US Solidaires, Sud éducation Paris…

Texte de l’appel

La soirée commencera par la projection du film ‘Opération Spring’ (Angelika Schuster & Tristan Sindelgruber, Autriche, 2005, vidéo, vo st angl, 94′)

Opération Spring

‘Operation Spring’ est un documentaire qui emprunte son titre à une enquête policière entamée en 1999 et à un procès menés en Autriche contre des Nigériens suspectés de faire partie d’une bande active dans le trafic de drogue. L’opération que le film relate est la première où ont été utilisées des nouvelles méthodes d’investigation. Des méthodes « spéciales », on s’en doute, qui ne sont pas loin de nous rappeler les procédés permis depuis lors dans pas mal de pays par les lois dites ‘anti-terroristes’ et qui piétinent de la même manière les droits démocratiques les plus basiques. Des méthodes qui ont, dans ce cas, débouché sur la plus grande opération policière menée en Autriche depuis 1945, mobilisant 850 policiers et débouchant sur l’inculpation d’une centaine de ressortissants africains, pour la plupart des réfugiés, dont les sentences cumulées se sont chiffrées à plusieurs centaines d’années d’emprisonnement (et ce, même si le procès a été rouvert pour la troisième fois depuis lors).

A travers les témoignages d’inculpés, de juges, d’avocats, de témoins et d’un représentant du Ministère de la Justice, le film évolue dans un univers kafkaïen, comme un thriller à suspense, déconstruisant minutieusement l’enquête, révélant ses probables motivations cachées et étudiant de près les prétendues preuves qui ont été collectées grâce aux méthodes ‘spéciales’ d’enquête. Au final, l’image qui nous est donnée du système policier et judiciaire donne froid dans le dos.

http://www.operation-spring.com

Après la projection, un débat sur les lois « anti-terroristes » partira de l’affaire du 5 juin, de l’inculpation de plusieurs membres du Secours Rouge. Julien Piéret a accepté d’être là comme juriste spécialisé dans le domaine. Wahoub Fayoumi, membre du Secours Rouge inculpée dans le cadre de l’affaire du 5 juin, sera également présente. Cinéma Nova, 3 rue d’Aremberg, 1000 Bruxelles.

La soirée est co-organisée par le S5S et le Secours Rouge. Les bénéfices de la soirée seront versés au fonds de défense des inculpés du Secours Rouge.

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