John Lee, le dirigeant de Hong Kong avalisé par Pékin, a appelé mardi 4 juillet à se rendre ou « vivre dans la peur » huit militants démocrates exilés et recherchés par la police. La police a promis un million de dollars hongkongais de récompense (117 000 euros) pour des informations qui permettraient l’arrestation de ces militants liés aux manifestations qui avaient secoué la métropole de juin à décembre 2019. Ils sont accusés de collusion avec des forces étrangères pour mettre en danger la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à vie. John Lee a aussi appelé la population à aider la police, ajoutant que même les « parents et amis » des militants pouvaient fournir des informations.

Des manifestants ouvriers ont affronté la police samedi dans la ville de Chongqing au centre du pays. Il s’agit de travailleurs d’une entreprise produisant des kits de test au COVID-19, Zybio, dans le zoning de Jianqiao du district de Dadukou, un parc industriel de la ville de Chongqing. Des vidéos montres les travailleurs jeter des boîtes contenant des tests sur les forces de l’ordre qui reculent face à leur détermination. Dans une autre séquence, on peut voir une foule devant une ligne de policiers, la nuit, alors que des haut-parleurs diffusent un avertissement leur demandant de « cesser leurs activités illégales ».  Le hashtag « Chongqing Dadukou Pharmaceutical Factory » semble avoir été censuré sur le réseau social Weibo dimanche. L’origine du conflit serait le soudain licenciement des ouvriers qui avaient été recrutés ces dernières semaines.

 

Depuis le dimanche 27 novembre, quiconque recherchant sur Twitter des informations concernant les villes chinoises où des manifestations ont eu lieu aura été confronté à un océan de tweets montrant des jeunes femmes dans des poses suggestives et proposant des « rencontres ». Ces spams rendent presque impossible la recherche et le partage d’informations utiles. Ces tweets ont été publiés toutes les deux secondes à partir de centaines de comptes Twitter différents, la plupart créés au cours des deux derniers mois. Et ces comptes n’ont que très peu, voire aucun followers, un indice courant qui semble indiquer qu’il s’agit de faux comptes ou de comptes créés artificiellement, très certainement par les services chinois.

 

Un mouvement de contestation se développe en Chine après bientôt trois années de dures restrictions sanitaires contre le Covid. À Pékin, Shanghai, mais aussi Wuhan (centre) et d’autres villes du pays, des manifestations se sont déroulées ce week-end, prenant au dépourvu le puissant système sécuritaire qui a depuis resserré la vis pour empêcher tout nouveau rassemblement. Pourtant, de nouveaux heurts entre manifestants et police ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans la métropole de Canton (sud). Des policiers vêtus de combinaisons intégrales de protection blanches et équipés de boucliers anti-émeutes sont intervenus, des personnes ont caillassé les forces de l’ordre et il y a eu des arrestations.

Suite aux manifestations sur les campus le week-end dernier, un nombre croissant d’universités ont déclaré le début anticipé des vacances, poussant leurs étudiants à rentrer dans leurs familles. L’élément déclencheur de cette mobilisation nationale a été l’incendie d’un immeuble d’habitation à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), qui a fait 10 morts. Les restrictions sanitaires auraient empêché l’arrivée rapide des secours. Certaines manifestations ont également pris une tournure politique, certains demandant le départ du président Xi Jinping.

De grandes manifestations ont éclaté ce mercredi 23 novembre dans la plus grande usine de fabrication d’iPhone au monde, en Chine, propriété du sous-traitant taïwanais Foxcon. Ces émeutes surviennent après un confinement décrété début novembre pour cause de cas de Covid et après le non=versement d’une prime. Foxconn avait promis une prime de 3.000 et les ouvriers auraient reçu 30 yuans (de 400 à 4 euros), ce qui aurait provoqué un fort mécontentement au sein du personnel. Les  travailleurs ont manifesté en foule dans Zhengzhou et des affrontements les ont opposés à la police anti-émeute qui a fait usage de lacrymogènes. Le mot-clé #EmeutesFoxconn semblait censuré mercredi midi sur les réseaux sociaux chinois.

Foxconn, principal sous-traitant d’Apple, a été confrontée ces derniers mois à une hausse des cas de Covid-19 sur son immense site de Zhengzhou. L’entreprise taïwanaise avait décidé de confiner le site avec les ouvriers à l’intérieur. Mais des centaines de travailleurs paniqués avaient ensuite pris la fuite à pied, escaladant même les grillages. Le groupe taïwanais assemble des produits électroniques pour de nombreuses marques internationales. Il est le plus grand employeur du secteur privé en Chine, avec plus d’un million d’employés à travers le pays dans une trentaine d’usines et d’instituts de recherche. Le complexe emploie plus de 200 000 salariés, généralement hébergés sur place.

Un scandale à plusieurs dizaines de milliards de yuans secoue en profondeur le très important secteur des petites banques rurales en Chine. Plus de 100 000 Chinois n’ont plus accès à leurs comptes. Le 10 juillet, plus de 1 000 clients clients avaient manifesté devant le siège de la filiale de la Bank of China à Zhengzhou, la capitale de la province de Henan. Ce rassemblement a débouché sur des affrontements avec des policiers en civil. Depuis, les autorités chinoises harcèlent et intimident les clients afin de les dissuader de manifester. La police appelle des clients pour les inciter exprimer leurs « inquiétudes » de manière légale et à ne pas participer à des rassemblements. Les représentants des autorités locales ont visite à d’autres clients pour les prévenir que manifester pouvait leur coûter leur emploi.

D’autres responsables locaux ont poussé le zèle jusqu’à utiliser l’application officielle anti-Covid. Obligatoire, elle affiche un statut « vert » pour ceux qui ne sont pas malades et « rouge » pour les personnes contaminées ou qui ont été cas contact. Plusieurs clients ont découvert que leur statut avait,  indépendamment de tout test, viré au « rouge », restreignant considérablement leur possibilité de se déplacer et les empêchant… de manifester. Ce détournement de l’application, très commenté sur les réseaux sociaux depuis plus d’un mois, a transformé cette affaire, d’abord régionale, en scandale national. Pékin avait fini par limoger cinq responsables locaux soupçonnés d’avoir trempé dans ce détournement.

 

Il s’agit peut-être de la plus grande violation de cybersécurité de l’histoire de la Chine. Un hacker prétend avoir volé les données personnelles d’un milliard de ses concitoyens. La fuite proviendrait d’une fuite de la base de données de la police de Shanghai. Ce piratage massif comprendrait non seulement les noms, prénoms et adresses des victimes, mais aussi leurs lieux de naissance, copies de cartes d’identité ou encore numéros de téléphone. Le butin du hacker contiendrait aussi des rapports de casiers judiciaires, pour des crimes et délits remontant jusqu’en 1995. Un échantillon des 23 téraoctets de données mises en vente aurait déjà fait l’objet d’une étude approfondie, et confirmerait l’authenticité des données volées. Les premières hypothèses quant à cette fuite suggèrent pour le moment une faille de la société Cloud Computing Aliyun, qui appartient au géant chinois Alibaba (également propriétaire d’AliExpress). Les bases de données de la police de Shanghai sont en effet hébergé sur les serveurs de l’entreprise fondée par Jack Ma. Le groupe a annoncé qu’une enquête avait été ouverte.

Au début de l’année 2022, Chen Guojiang a été libéré. Cet ancien restaurateur est devenu livreur à moto en 2019 avait fondé un groupe WeChat appelé « Alliance pour les livreurs à moto au pays de l’anarchie » qui avait pour but de mettre en relation, d’organiser et de défendre les droits des livreurs. Chen s’exprimait fréquemment sur Weibo au sujet des conditions de travail précaires des livreurs et son groupe WeChat, qui avait 10.000 membres l’avait rendu de facto porte parole pour les quelque 7 à 10 millions de livreurs chinois, qui ont joué un rôle essentiel pendant les lockdowns du COVID-19.

Mais sa libération n’a en aucun cas signifié le relâchement du contrôle exercé sur les opposants de gauche ou du mouvement ouvrier en Chine. Six jeunes maoïstes du Fujian, arrêtés au printemps dernier par la police à Pingdingshan, dans le Henan, le 3 mai 2021, parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir « provoqué des querelles et des troubles », ont finalement été condamnés le 20 décembre à des peines allant jusqu’à deux ans de prison. Ils animaient plus de 20 comptes et 10 groupes de discussion WeChat, tout en exploitant un site Web. Selon les procureurs, les accusés avaient au total plus de 30 000 amis WeChat et « publiaient des articles qui salissaient l’histoire du parti ».

L’écrivain maoïste Yu Yixun a également été arrêté, et on est toujours sans nouvelle de Qiu Zhanxuan, président de la Société marxiste de l’Université de Pékin, qui a été détenu par la police à titre d' »avertissement » en 2018 alors qu’il allait célébrer l’anniversaire de Mao, puis à nouveau détenu en février 2019, après quoi il a enregistré une vidéo affirmant avoir été torturé pendant sa détention. Enfin, en avril 2019, il a disparu une troisième fois alors qu’il visitait un quartier d’usine « pour faire l’expérience de la vie des travailleurs ». On n’a plus entendu parler de lui depuis.

Policiers chinois

La méthode est actuellement en phase de test dans le district de Pudong, à Shanghai (Chine). En pratique, l’intelligence artificielle est capable d’analyser le contenu d’un procès-verbal pour déterminer si les personnes concernées doivent faire l’objet d’une plainte. Soumis à plus de 17.000 dossiers judiciaires, introduits entre 2015 et 2020, le système aurait fait ses preuves et afficherait une fiabilité de 97% dans le strict champ actuel de ses compétences, à savoir les huit crimes les plus répandus sur le territoire ciblé: la fraude à la carte bancaire, la conduite dangereuse, le vol ou les agressions physiques. Selon les autorités locales chinoises, le logiciel permet d’alléger quelque peu la tâche des procureurs dans les tâches les plus élémentaires afin qu’ils puissent dès lors se consacrer aux dossiers les plus complexes.

Policiers chinois

Pressions, actes d’intimidation, harcèlement et emprisonnements visent les militants de la Confédération syndicale indépendante hongkongaise HKCTU, affiliée à la Confédération syndicale internationale, depuis plusieurs. Lee Cheuk-yan, secrétaire général du HKCTU, a été incarcéré pour avoir participé à des rassemblements publics et accusé d’inciter à la « subversion ». Des représentants du syndicat ont annoncé qu’ils mettaient fin à leurs activités en raison de la « pression énorme » qu’ils recevaient de la part des autorités. Cette auto-dissolution n’est pas la première puisque d’autres syndicats locaux, notamment le HKPTU, syndicat enseignant, le syndicat général des orthophonistes et l’organisation de défense des travailleurs Asia Monitor Resource Center, ont été contraints à la même décision.

Ce démantèlement de la vie syndicale et de façon plus générale des organisations politiques et sociales indépendantes, fait suite à l’adoption, en juin 2020, d’une loi sur la sécurité nationale qui établit un cadre permettant aux autorités d’accuser quiconque de  » collusion contre l’État ». Le 25 octobre, c’est Amnesty International qui avait annoncé la fermeture de ses bureaux à Hong Kong, estimant impossible d’y travailler librement en raison de la nouvelle loi, alors que les premières condamnations s’abattaient sur des participants aux manifestations monstres de 2019.