Une attaque à la voiture piégée a blessé 36 militaires mardi dans une base de l’armée de la ville de Cucuta, dans le nord-est de la Colombie. Il s’agirait d’une action à la guérilla de l’ELN, l’Armée de libération nationale. Trois des militaires blessés sont dans un état grave. Il était environ 15 heures, heure locale, quand deux personnes circulant à bord une camionnette Toyota blanche se sont infiltrées dans la base, se faisant passer pour des fonctionnaires. Elles ont ensuite déclenché deux explosions dans le véhicule qui ont touché l’unité militaire.

EDIT: L’ELN a fait une déclaration (en enregistrement audio) indiquant que « Aucune unité de l’Armée de Libération Nationale a eu à faire avec l’attazque qui a eu lieu jeudi 15 à la 30e Brigade dans la ville de Cucuta ».

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Des milliers de personnes protestaient à nouveau mercredi 9 juin contre le président Duque en Colombie, où depuis fin avril des manifestations d’une ampleur inédite ont fait 61 morts. Descendus dans les rues de plusieurs villes, les manifestants exigent notamment la fin de la répression policière et des politiques publiques plus solidaires face à l’impact économique de la pandémie qui a plongé 42% des 50 millions d’habitants de ce pays dans la pauvreté. Le président Duque a annoncé dimanche une « réforme » de la police axée sur le respect des droits humains. Les très graves abus des policiers colombiens sont largement dénoncés. Ils sont impliqués dans 20 homicides durant les manifestations contre le gouvernement. 16 des morts ont été touchés par des coups de feu tirés avec l’intention de tuer par des policiers.

Des affrontements se sont produits vendredi soir entre des policiers et des manifestants qui voulaient ériger un barrage routier sur un axe conduisant à Cali, la troisième ville de Colombie. Un policier a été blessé d’une balle. Trois autres manifestants ont été blessés, dont l’un par des tirs. Les affrontements ont eu lieu dans la zone du Paso del Comercio, où des manifestants ont érigé un barrage routier depuis le 28 avril, date du début de la contestation. Les blocages routiers font l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement et le Comité national de grève, initiateur de la mobilisation et front le plus visible de la contestation, en pourparlers depuis le 7 mai. Les deux nouvelles victimes enregistrées à Cali portent à au moins 61 le nombre de personnes ayant trouvé la mort depuis le début de la contestation, dont 59 civils et deux policiers.

 

Des communautés indigènes, afro-colombiennes et paysannes manifestant près du siège d’une compagnie pétrolière ont été attaquées par la police. Un manifestant a été tué par balle et plus de cinq personnes ont été blessées. Deux personnes personnes ont été arrêtées et un mineur est porté disparu. Diverses organisations autochtones et de défense des droits humains, dont l’Organisation zonale autochtone de Putumayo (OZIP) et l’Association des conseils autochtones d’Inga de la municipalité de Villagarzón, Putumayo (Acimvip), manifestaient pour demander un dialogue avec le gouvernement national et départemental. A Costayaco, ils bloquent les activités de la compagnie pétrolière Gran Tierra Energy Colombia depuis plus de deux semaines.

 

L’ONU appelle à une enquête indépendante sur le pic de répression qui a causé au moins dix morts vendredi 28 mai ont fait au moins dix morts à Cali (photo). L’armée colombienne, obéissant à l’ordre du président Ivan Duque, a commencé samedi à déployer un millier de soldats dans Cali, troisième ville du pays et épicentre des manifestations antigouvernementales, au lendemain du massacre. Les manifestations pour la justice sociale se poursuivent: 98 personnes blessées depuis vendredi, dont 54 par des armes à feu. Un enquêteur du parquet de Cali a tiré sur la foule, tuant deux civils, avant d’être lynché par les manifestants. Selon un décompte officiel, au moins 59 décès sont à déplorer, dont deux policiers, depuis un mois, ainsi que 2.300 blessés et 123 disparus. Certains évoquent même 63 morts.

En Colombie, où depuis le 28 avril la contestation ne faiblit pas, un Palais de justice a été incendié dans la nuit de mardi à mercredi par des manifestants dans la ville de Tulua, dans le département du Cauca, dans le sud-ouest du pays. Une information qui fait la Une d’une bonne partie de la presse colombienne. C’est suite à l’intervention de forces de l’ordre qui ont tenté de déloger des manifestants que des hommes encagoulés ont mis le feu au Palais de justice. Une personne aurait trouvé la mort cette nuit là.

 

Depuis le 28 avril, la Colombie est secouée par d’importantes manifestations contre le gouvernement, marquées par une sévère répression policière. Au moins 42 personnes ont été tuées depuis cette date, probablement 51. Depuis début mai, la police colombienne a utilisé des lance-grenades Venom à plusieurs reprises pour réprimer des manifestations, dans différentes villes du pays. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent que cette arme a été employée de façon dangereuse par les forces de l’ordre, en tir tendu à courte distance, et non en tir parabolique prévu. Le Venom est fabriqué par Combined Systems Inc. (CSI), une entreprise américaine qui fournit notamment Israël. Il est composé de trois compartiments, plus ou moins inclinés, pouvant contenir dix grenades chacun. Elles sont de deux types : grenades fumigènes/lacrymogènes ou assourdissantes qui éclatent en sous-munitions dans l’air. Une grenade de Venom serait à l’origine du décès d’un jeune manifestant tué à Popayán le 14 mai.

Le gouvernement colombien a changé de stratégie pour réprimer la révolte populaire qui embrase le pays depuis la fin du mois d’avril. Devant l’indignation internationale suscitée par les images de la répression, il a décidé d’appliquer une stratégie plus discrète. Des camionnettes blanches non identifiées ont commencé à apparaitre, il y a une semaine et demi, dans les manifestations de la ville de Cali. À l’intérieur se trouvent des hommes armés qui tirent sur les manifestant·es (vidéos ici et ici). Dans au moins un cas, il s’agissait d’un véhicule appartenant à la police dans lequel se trouvait un uniforme de policiers. Le commandant de la police a reconnu les faits et a affirmé que la police procédait de la sorte il était devenu trop dangereux de s’approcher des manifestations en uniforme.
En outre, le viol est utilisé pendant ces manifestations contre les personnes qui protestent. Une ONG a ainsi reçu 18 témoignages de viols ou de violences sexuelles commis par la police contre des manifestant·es depuis le début du mois. L’ONG a également recensé 87 autres témoignages de violences sexistes (généralement des policiers menaçant de jeunes femmes manifestantes de violences sexuelles). Une jeune manifestant·es, violée par quatre policiers le 12 mai, s’est suicidée deux jours plus tard. Plus d’infos ici.
Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d'un policier en uniforme

Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d’un policier en uniforme

Malgré le retrait du projet de loi fiscale anti-populaire, la colère des Colombiens est loin d’être apaisée. Pour dompter les manifestants, le gouvernement envoie l’armée et les agents de l’Esmad, la police anti émeutes. La répression est féroce: il y aurait 47 morts dont un policier et 39 victimes des forces de l’ordre. Des policiers sont intervenus en tirant à balles réelles sur des manifestants. Lors des manifestations, des civils, probablement des paramilitaires, apparaissent et tirent sur des manifestants. Alvaro Uribe, ancien président et mentor du président actuel, a toujours soutenu par ces paramilitaires, qui historiquement sont le bras armé des grands groupes industriels ou les grands propriétaires terriens, et qui ont joué un rôle dans la guerre civile meurtrière de près de 6 décennies contre les FARC.