Les écoutes téléphoniques pratiquées en France à la demande des magistrats ont été multipliées par plus de quatre depuis 2001, mais le chiffre reste encore loin de ceux d’autres pays de l’Europe de l’Ouest. Les interceptions téléphoniques judiciaires ont augmenté de 440% entre 2001 et 2008, passant de 5.845 en 2001 à 26.000 en 2008. Et cela coûte cher: les opérateurs et leurs prestataires facturent 497 euros hors taxes chaque interception sur une ligne fixe, et 88 euros hors taxes celles sur un téléphone mobile.

Il convient d’ajouter à ces écoutes demandées par les magistrats les 5.906 écoutes judiciaires dites ‘administratives’ effectuées pour la seule année 2008. Ces dernières sont pratiquées par divers services de renseignement – la DGSE, la DCRI (contre-espionnage) ou encore la Direction nationale de recherches des enquêtes douanières (DNRED) – sans feu vert de la justice. Leur objectif vise à détecter toute atteinte à la sécurité nationale. Malgré cette hausse vertigineuse, la France demeure l’un des pays européens qui pratique le moins d’interceptions judiciaires – quinze fois moins que l’Italie, douze fois moins que les Pays-Bas et trois fois moins que l »Allemagne.

Servisair Cargo, société de transbordement de fret en redressement judiciaire qui emploie 351 salariés en France, surtout à Roissy et Orly, a été placée le 30 mars en redressement judiciaire. Le tribunal administratif de Bobigny doit rendre sa décision le 28 juillet. La grève a commencé mercredi et, depuis jeudi soir, les salariés de Servisair Cargo d’Orly bloquent leur site.

Après avoir retenu pendant 24 heures leur PDG et leur directeur général, et après 48 heures de grève, les salariés de Servisair Cargo ont débuté les négociations avec leur direction vendredi en fin d’après midi. Les salariés de Servisair Cargo demandent une solution: un reclassement ou des indemnités conséquentes (30.000 euros par salarié de moins de 10 ans d’ancienneté et 2.000 euros par année supplémentaire pour ceux de plus de dix ans d’ancienneté). Le PDG et le directeur général de Servisair Cargo, Abderaman el Aoufir et Andy Cowie ont été maintenus 24 heures dans les locaux de l’entreprise dans la zone de fret de l’aéroport de Roissy-CHarles-de Gaulle.

Un délégué syndical a été assigné en référé au tribunal de grande instance de Bobigny vendredi après-midi, ainsi que trois de ses collègues. Il leur est reproché la ‘séquestration’, ‘le blocus’, un ‘trouble illicite’ et une ‘violence morale permanente’. Moins d’une heure après la délivrance des citations à comparaître, sur le site même de la grève, les deux dirigeants quittaient les bureaux de Servisair Cargo, encadrés par les salariés, pour rejoindre, de leur plein gré, la table des négociations. Parallèlement, les quatre salariés se rendaient devant les juges au tribunal de Bobigny où ont été condamnés à une ‘interdiction d’occupation du site’ et une ‘interdiction de gêner la liberté de circulation au sein du site’.

Grève chez Servisair Cargo

Grève chez Servisair Cargo

La cour d’appel de Paris a accordé jeudi une mesure de semi-liberté à l’ancien militant d’Action directe, Régis Schleicher. Le 25 juin dernier, le parquet général s’était opposé à la semi-liberté pour Schleicher, 52 ans, mais la chambre d’application des peines de la cour d’appel a suivi les juges du tribunal d’application des peines qui avaient déjà été favorables à la libération de Régis. Les experts psychiatres se sont déclarés à plusieurs reprises favorables à sa libération. Incarcéré à la centrale de Clairvaux, Régis Schleicher pourra sortir de prison à partir du 26 août prochain. Il travaillera la journée dans une association qui s’occupe de personnes âgées dans la banlieue lyonnaise et devra passer les nuits et les week-ends dans un centre de semi-liberté de Lyon proche de son lieu de travail.

Arrêté le 15 mars 1984, Régis Schleicher a été condamné à deux reprises par la cour d’assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité : la première fois en 1987 pour sa participation à la fusillade de l’avenue Trudaine où deux policiers avaient été tués le 31 mai 1983, puis en 1988 pour des hold-up avec d’autres fusillades, notamment celle où le révolutionnaire italien Ciro Rizatto avait été tué par la police. Le 15 mars 2002, la Juridiction nationale de libération conditionnelle (JNLC) avait refusé sa remise en liberté. Le 12 février 2003, Régis Schleicher et deux braqueurs, Michel Ghellam et Jean-Christophe Pedron, avaient tenté de s’évader de la centrale de Moulins-Yzeure (Allier), mais ont été rapidement maîtrisés par les surveillants. Les trois hommes avaient pris un surveillant en otage, puis ils ont utilisé une substance explosive artisanale pour détruire les accès aux toits de l’établissement. Les gardiens de la prison ont alors ouvert le feu sur les trois hommes et Pedron a été légèrement blessé par balle à l’épaule.

Le 12 janvier 2006, Régis Schleicher a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison notamment pour avoir fabriqué l’explosif ayant servi à cette tentative d’évasion. Par ailleurs, le 20 août prochain, la cour d’appel de Paris doit dire si elle confirme la mesure de semi-liberté accordée le 30 avril dernier à Georges Cipriani. Si le parquet général n’avait pas fait appel, il serait sorti de la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin) le 19 mai. Agé de 58 ans, il a été condamné le 28 février 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une mesure de sûreté de 18 ans pour les exécutions, en 1985, du général Audran, et en 1986, de celui du PDG de Renault, Georges Besse.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, quatre anarchistes ont été arrêtés aux alentours d’un véhicule prenant feu. Ils/elles sont accusés de ‘dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux‘. Pendant leurs 48 heures de garde-à-vue où ils n’ont rien déclaré, ils ont également refusé de se soumettre au prélèvement ADN, à la prise d’empreintes digitales et aux photographies. Pour cela, ils sont aussi inculpés. Ils ont été transférés au dépôt pour être jugés en comparution immédiate le lendemain. Mais la juge ayant demandé une expertise de plus, le procès est remis en octobre 2009. En attendant, ils/elles sont placés sous contrôle judiciaire et doivent pointer une fois par semaine.

Les 16 et 17 juillet, trois militants allemands ont été convoqués par des juges, à Berlin et Hambourg, dans la cadre de ‘l’affaire de Tarnac’. A Berlin, après un rassemblement devant l’ambassade de France, ils se sont rendus devant le juge où, conformément à ce qu’ils avaient annoncé, ils n’ont rien déclaré. Les autorités allemandes répondaient par ces auditions aux commissions rogatoires lancées par le juge Fragnoli, basant sa suspicion envers les deux berlinois sur le fait qu’ils avaient déjà été inquiétés il y a dix ans et relaxés, suite à une campagne de sabotage des lignes de train pour protester contre les convois de déchets nucléaires Castor.

Le 23 mai dernier, une manifestation contre la répression d’État s’était déroulée à Lille. Elle s’est terminée devant la ‘Maison flamande’ de Lambersart, un lieu fondé par les fascistes de Jeunesse identitaire et Terre celtique. Son portail est dégradé. Vingt-six manifestants sont placés en garde à vue. Seuls quelques-uns sont poursuivis.

Le 9 juin, sur YouTube, une vidéo est diffusée par la ‘Maison flamande’. Un montage de photos montre notamment des images des incidents du 23 mai. Des remerciements finaux sont adressés sur le mode ironique aux 26 interpellés, dont des coordonnées défilent à l’écran: prénom, première lettre du nom et ville de chacun! Parmi ces communes, le petit village italien, inconnu des autres manifestants, donné aux policiers par une jeune manifestante originaire d’Italie mais vivant en Belgique. Le six juillet, deux de ces manifestants ont été agressés en rue par des skinheads à deux endroits et deux moments différents. Une plainte contre X a été envoyée vendredi au procureur et au préfet pour ‘avoir divulgué ou s’être procuré illégalement des informations personnelles‘. Les sept plaignants ont joint la vidéo incriminée, retirée au bout de quelques jours du site mais téléchargée, et des témoignages.

Des peines de trois à six mois de prison avec sursis ont été requises à Compiègne contre sept salariés de l’usine Continental de Clairoix (Oise), poursuivis pour le saccage des bureaux de la sous-préfecture. Les sept prévenus, dont trois délégués syndicaux de la CGT, seront fixés sur leur sort le 1er septembre. Leur avocate a plaidé devant le tribunal correctionnel la relaxe en estimant que l’infraction n’était pas constituée. ‘La responsabilité pénale ne peut pas être collective. Une infraction pénale, c’est un fait précis imputable à une personne précise‘, a dit Me Marie-Laure Dufresne-Castets. Poursuivis pour ‘destruction en réunion de biens appartenant à l’Etat’, les salariés du fabricant allemand de pneumatiques risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Plusieurs centaines d’employés de Continental ont manifesté devant le tribunal durant l’audience. Des ‘Conti’ s’en étaient pris le 21 avril dernier aux équipements des bureaux de la sous-préfecture de Compiègne en apprenant qu’ils étaient déboutés de leur demande d’annulation du plan social relatif à la fermeture de l’usine. L’entreprise avait annoncé le 11 mars son intention de fermer le site français, qui employait 1.120 personnes et celui de Hanovre, en Allemagne, pour réduire sa production de pneus en Europe. Un accord est intervenu début juin entre la direction du groupe et les salariés, qui ont obtenu une prime supplémentaire de 50.000 euros par personne et bénéficieront d’un accompagnement social jusqu’au 31 décembre 2011.

Ils étaient environ 180 à avoir fait le déplacement. Des salariés de l’usine New Fabris, spécialisée dans la fabrication de pièces mécaniques pour l’automobile et basée à Châtellerault, se sont rendus à Boulogne-Billancourt ce jeudi matin pour demander ‘un geste’ à Renault, son principal client avec PSA. Ils sont repartis bredouilles. Reçus par la direction à 11h, ils se sont vus proposer la même chose que chez Peugeot, soit rachat du stock. Ce qui équivaudrait, selon les délégués syndicaux présents sur place, à 6.600 euros d’indemnité par employé, alors qu’ils en réclament 30.000, faute de quoi ils menacent de faire sauter l’usine au 31 juillet. L’ambiance était tendue à l’issue de la réunion. Les salariés ont décidé spontanément de bloquer l’avenue du Général-Leclerc à Boulogne. Les CRS sont alors intervenus. Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, a exigé le retrait des bonbonnes de gaz sur le site. ‘Il est hors de question qu’on les enlève’, a lancé Guy Eyermann, délégué CGT et secrétaire du CE. Sur le toit d’un petit atelier, on peut toujours apercevoir six bouteilles de gaz reliées entre elles.

La justice espagnole a demandé ce mardi à la France la remise temporaire de l’ancien responsable d’ETA, Garikoitz Aspiazu, alias ‘Txeroki’, afin de l’interroger dans 5 des 21 procédures le visant en Espagne. Le parquet de l’Audience nationale, le tribunal anti-terroriste espagnol a proposé à la France une remise temporaire de ‘Txeroki’ fin septembre. Si la justice française accède à cette demande, ce sera la première fois qu’elle remet à l’Espagne un membre de l’organisation indépendantiste basque ETA en phase d’instruction judiciaire et non pour qu’il soit jugé comme cela s’est déjà fait à plusieurs reprises dans le passé. ‘Txeroki’, 35 ans, avait été arrêté le 17 novembre 2008 à Cauterets (sud-ouest de la France). Il aurait pris, fin 2003, la tête des commandos de l’ETA.

Hier lundi, vers 19 heures, entre 500 et 600 personnes se sont rassemblées en solidarité avec Joachim qui a perdu un oeil par tir de flash-ball, suite a l’expulsion du squatt de la Clinique. Le rassemblement a évolué en manifestation ‘sauvage’ tentant d’aller vers le commissariat de Montreuil jusqu’à se trouver face à une muraille de policiers (CRS, gendarmes mobiles, BAC). Les manifestants font demi-tour et, cent mètres plus loin, c’est une nouvelle masse de policiers qui barre le passage et ils seront copieusement arrosé de pétards, de fumigènes et de feux d’artifice. Les manfiestants arrivent tant bien que mal à se faufiler par une petite rue en direction des rues piétonnes. Vers 20h45, ils arrivent devant le marché de la croix de chavaux pas loin de l’ex-squat de la Clinique, et là ils subissent une charge et un gazage d’une violence inouïe de la part des BAC. L’affrontement va durer quelques minutes mais les policiers ont l’air bien décidés à casser une fois de plus du manifestant à coups de tonfas et de gazage intense. Les manfiestants finissent par se disperser suite aux charges. La chasse aux manifestants se solde alors par (au moins) une douzaine d’interpellation (dont un journaliste du Monde qui parlait de manif contre les ‘violences policières’ avec guillemets, considérant sans doute qu’il fallait perdre les deux yeux avant de pouvoir parler de violences policières sans guillemet… Conduit au commissariat de Bobigny, ils seront finalement relaché-es au compte goutte au cour de la nuit.

Manifestation à Montreuil

Manifestation à Montreuil