L’an prochain, Londres accueillera les Jeux Olympiques. Plus la date approche, plus les autorités britanniques prennent des dispositions et adoptent des mesures de plus en plus répressives. En fin de semaine dernière, les ministres britanniques ont annoncé qu’ils projetaient de mettre en oeuvre une action judiciaire afin de limiter les manifestations publiques durant les JO. Leur crainte principale est que des rassemblements du type ‘Occupy’ ne viennent ‘perturber’ les Jeux. Il semblerait que le ministère de l’Intérieur soit si inquiet de l’impact de l’impasse actuelle dans laquelle se trouve les autorités face au campement ‘d’indignés’ devant la cathédrale St Paul que les fonctionnaires ont reçu l’ordre d’élaborer des plans pour éviter semblable situation l’an prochain. Ceux-ci comprennent l’identification de ‘zones d’exclusion’ autour des lieux clés, et la suppression expéditive des manifestations non-autorisées. Tous ces projets de texte devraient permettre à la police d’intervenir et de disperser les campements et rassemblements rapidement, à l’image de ce qui s’est passé la semaine dernière à New-York. Le ministre a décidé d’accorder des pouvoirs accrus à la police durant les JO pour agir contre toute forme de protestation, parmi lesquels le droit de pénétrer dans les domiciles privés, ou celui de saisir les affiches politiques.

Le conseil municipal d’Oxford a adopté cette semaine un arrêté obligeant les conducteurs de taxis à installer une caméra de surveillance à l’arrière de leurs véhicules. Celle-ci devra tourner en permanence pour enregistrer l’image et le son. Ces données seront conservées sur un disque dur durant 28 jours, laps de temps au cours duquel la police pourra les consulter. Cette mesure entrera en vigueur le 6 avril 2012 pour les conducteurs qui demanderont leur première licence, en avril 2015 pour les autres.

Ce lundi, le gouvernement britannique a présenté les mesures de sécurité qui seront déployées autour des prochains Jeux Olympiques de Londres. Le nombre d’agents initialement prévu a été largement revu à la hausse, ils seront finalement 21000 au lieu de 10000. Ces effectifs supplémentaires seront constitués de soldats, d’agents de sécurité privés, de volontaires ayant les qualifications nécessaires, et d’une grande quantité de personnes nouvellement formées. Les autorités ont également affirmé que l’armée et la marine apporteront leur soutien à la police. A l’origine, elles ne devaient entrer en compte que dans certains lieux très précis, mais il a récemment été décidé qu’elles seraient déployées partout, et même à l’intérieur des stades, piscines, et autres bâtiments. Des missiles sol-air seront déployés autour de plusieurs sites situés dans la ville de Londres.

Par ailleurs, les Etats-Unis, dubitatifs quant au dispositif britannique, envisagent de déployer un millier de leurs agents, parmi lesquels 500 membres du FBI, dans la capitale. D’autres nations enverront également probablement leurs propres équipes de sécurité pour accompagner leur délégation d’athlètes et de politiciens.

Mercredi, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans la capitale britannique un ans après les multiples manifestations contre l’augmentation des frais universitaires, pour une réforme de l’éducation et contre les mesures d’austérité. Celles-ci avaient été violemment réprimée. Cette fois, les autorités, outre un déploiement policier conséquent le jour du rassemblement, avaient travaillé en amont. En fin de semaine dernière, la police a envoyé des centaines de courriers à toutes les personnes qui avaient alors été interpellées pour troubles de l’ordre public. La lettre, signée par l’officier en charge des opérations autour de la manifestation de mercredi, avertissait les potentiels manifestants des conséquences que pourrait avoir leur participation. La police a reconnu que les noms et adresses de toutes ces personnes étaient issues d’une base de données des personnes arrêtées lors des manifestations contre l’austérité. Alors que lundi, elle avait déclaré que ce courrier n’avait été envoyé qu’aux personnes reconnues coupables de délits, il s’est avéré que toutes les personnes interpellées en rapport avec les manifestations anti-austérité au cours de l’année écoulée l’ont reçu. Voici un extrait de cette lettre: ‘Il est de votre propre intérêt, ainsi que de l’intérêt public que vous ne vous n’adoptiez aucun comportement criminel ni anti-social. Nous avons la responsabilité de rendre cette manifestation sûre en protégeant les habitants, les touristes, les navetteurs, les manifestants et la communauté. Si vous le faites, nous vous arrêterons à la première occasion et vous intenterons un procès’.

L’occupation surprise de Trafalgar Square, un des principaux sites touristiques de Londres avait suivi mercredi le passage par la place de plusieurs milliers d’étudiants manifestant contre le doublement, voire le triplement des frais universitaires à partir de 2012 en Angleterre.

La police a délogé les occupants qui avaient réussi à planter une vingtaine de tentes sur Trafalgar square. La police a démonté les tentes érigées autour de la colonne de Nelson, après avoir arrêté une vingtaine d’occupants. Ces derniers revendiquaient leur appartenance au mouvement « Occupy LSX » (London Stock Exchange, la bourse de Londres), à l’origine de l’occupation depuis le 15 octobre du parvis de la cathédrale St-Paul au coeur du district financier de la City.

Grande-Bretagne: La police évacue Trafalgar Square

Hier soir, environ 150 personnes s’étaient rassemblées devant le Parlement, à Londres, pour dénoncer les projets de loi dont les discussions doivent commencer aujourd’hui. Parmi ceux-ci, les manifestants souhaitaient montrer leur opposition au projet qui vise à criminaliser le squattage. En protestation, ils avaient prévu de faire une nuit à la belle étoile collective devant le Parlement, et ainsi être présents à l’arrivée des politiciens. Mais la police est intervenue en force peu après minuit. En vertu de la section 132 du Serious Organised Crime and Police Act, organiser ou participer à une manifestation ‘non autorisée’ à moins d’un kilomètre du Parlement est un délit criminel. Des centaines de policiers ont quadrillé la zone et ont utilisé la technique du kettel contre les manifestants. Au moins douze d’entre eux ont été arrêtés, alors que les forces de l’ordre ont utilisé des mégaphones et des bâtons pour disperser le reste de la foule. Ces dernières ont affirmé que le nombre d’arrestations en rapport avec les événements de la nuit allaient probablement être revus à la hausse.

Selon la presse britannique, la force de police la plus importante de Grande-Bretagne utiliserait une technologie de surveillance clandestine qui est capable de se faire passer pour un réseau de téléphonie mobile, émettant un signal qui permet aux autorités de couper les téléphones à distance, d’intercepter les communications et de rassembler des données au sujet des milliers d’utilisateurs dans une région donnée. Ce système de surveillance a été procuré à la Metropolitan Police par la société Datong qui compte également, entre autres, parmi ses clients, les services secrets américains, le ministère de la défense britannique et plusieurs régimes du Moyen-Orient. Classé strictement secret en vertu d’un protocole gouvernemental en tant que ‘Listed X’, il peut émettre un signal sur une zone pouvant aller jusqu’à dix kilomètres carrés, obligeant des centaines de téléphones par minute à donner leurs codes uniques d’identités IMSI et IMEI qui peuvent alors être utilisés pour suivre les mouvements de la personne en temps réel. Le site internet de Datong affirme que ses produits sont conçus pour fournir aux services charger de faire respecter la loi, à l’armée, aux agences de sécurité et aux forces spéciales des moyens pour ‘rassembler les premiers renseignements afin d’identifier et d’anticiper la menace avant qu’elle ne soit déployée’. Le système permet aux autorités d’intercepter les messages et les appels téléphoniques en amenant les téléphones portables dans un certain rayon à utiliser un faux réseau, où ils peuvent être soumis au ‘rejet de service intelligent’, fonction destinée à couper le téléphone.

Datong propose également un émetteur-récepteur, de la taille d’une valise, qui peut être placé dans un véhicule (ou tout autre endroit fixe) et utilisé à distance par les officiers, ainsi que des émetteur-récepteurs portables clandestins avec ‘options d’antenne dissimulée’. Selon certaines sources, la Metropolitan Police aurait acheté du matériel à Dalong pour 143.455 livres (environ 160.000 euros) en 2008-2009, et en 2010, la société aurait rapporté que ses recettes en Grande-Bretagne, entre 2005 et 2010, s’élèveraient à plus de trois millions de livres (près de 3,5 millions d’euros).

Dans un communiqué au quotidien The Guardian, la Real IRA a reconnu être responsable des attaques contre deux banques en Irlande du Nord ainsi que de celle contre les bureaux de la ‘City of Culture’ à Derry la semaine dernière. L’organisation affirme qu’elle va continuer à viser les intérêts économiques, comme elle l’avait affirmé en septembre dernier, lorsqu’elle avait publié une déclaration affirmant que les banques et les banquiers pourraient être visés par diverses actions.

Aujourd’hui, un de ses représentants a déclaré au Guardian que les dernières attaques, ainsi que celles à venir, sont la réponse de l’organisation à la cupidité des banquiers et qu’elles visent à délivrer le message que bien que la lutte nationale irlandaise et la lutte des classes soient distinctes, elles ne sont pas séparées. Il a affirmé que les bureaux de la ‘City of Culture’ était une cible symbolique parce que la décision de les attribuer à la ville de Derry sous-tendait l’autorité britannique sur la ville. ‘De telles attaques font partie intégrante de notre stratégie qui consiste à viser l’infrastructure financière qui soutient le système colonial capitaliste du gouvernement britannique en Irlande. L’impulsion pour mettre à exécution ce genre d’attaque est directement liée à la pression des communautés ouvrières en Irlande dans leur ensemble. Il est évident que notre objection à la ‘City of Culture’ est concentrée sur l’exploitation politique du nom et de la culture de Derry par les britanniques’.

Militant de la Real IRA

Militant de la Real IRA

Entendu par les parlementaires britanniques, Research In Motion, le constructeur canadien célèbre pour sa marque de smartphone BlackBerry, a fait savoir devant les parlementaires britanniques qu’il était disposé à couper son service de messagerie instantanée, BlackBerry Messenger (BBM), si de violents affrontements se déclenchaient, comme ceux qui ont secoué le Royaume-Uni au début du mois d’août. « De notre point de vue, nous respectons la loi et si la justice demande de fermer les réseaux de communication mobiles […], nous nous y plierons et nous travaillerons avec les opérateurs de télécommunications pour les aider à respecter leurs obligations telles qu’elles sont définies par la loi » a expliqué l’entreprise. Une position différente de Twitter et de Facebook, également entendus par les élus. 37 % des jeunes britanniques utilisent BBM.

Le service, gratuit, propose de chiffrer tous les échanges textuels et ne lie les utilisateurs entre eux que par des identifiants numériques sous forme de codes PIN. Ces derniers ne permettent pas, en principe, de savoir qui se cache derrière quel identifiant. Même le constructeur canadien ne peut pas le savoir. Ce qui n’arrange pas les affaires des services secrets du MI5, obligés de déchiffrer les protections du BBM.

Les représentants des groupes BlackBerry, Facebook et Twitter ont été interrogés jeudi par une commission de parlementaires britanniques, sur la responsabilité des réseaux sociaux dans la propagation des émeutes début août. Le responsable du groupe BlackBerry a les réseaux sociaux avaient été « utilisés à mauvais escient » mais qu’il s’agissait d’une minorité d’utilisateurs. Les émeutiers s’étaient organisés rapidement via la messagerie quasi instantanée et gratuite des BlackBerry, qui avait l’avantage pour eux d’être cryptée, et donc inaccessible aux forces de l’ordre.

Le directeur Europe de Facebook a quant à lui indiqué qu’il n’avait constaté qu’ »une poignée » d’utilisations frauduleuses de ce réseau. Le représentant de Twitter a indiqué que le média était « trop public » pour servir à organiser des activités illégales. Les responsables de BlackBerry et Facebook ont reconnu avoir été sollicités par la police pour obtenir des informations sur les émeutes mais refusé de donner des détails, affirmant avoir rempli leurs obligations. Les trois hommes se sont dits opposés à l’idée de suspendre le fonctionnement de ces médias pendant les émeutes, mettant en avant le fait que beaucoup de gens y avaient eu recours pour s’assurer que leurs proches allaient bien ou pour organiser le déblaiement et le nettoyage des rues…