Dans une mise à jour de la version beta de l’application, publiée ce mardi soir et disponible pour les utilisateurs au Royaume-Uni, l’application Signal permet à présent d’envoyer une crypto-monnaie, le « Mobilecoin », développé depuis 2017, notamment par Moxie Marlinspike, le fondateur et développeur principal de Signal. Hier soir également, Signal mettait à jour les sources de Signal-Server, qui n’avaient pas été publiées depuis plusieurs mois. On devine maintenant que c’était la préparation de cette nouvelle fonctionnalité qui a justifié pour Signal de ne pas publier les sources du côté serveur. Notons que les sources des applications Android/iOS suffisent heureusement à garantir la sécurité des messages.

« Signal Payments » présente le Mobilecoin comme la première crypto-monnaie supportée par la plateforme (avant d’autres ?). La décision peut surprendre puisque des cryptomonnaies bien établies, et très sécurisées existent depuis plusieurs années, notamment le Monero. Mobilecoin est d’ailleurs largement inspiré du Monero (ainsi que du protocole de consensus Stellar) mais comporte des différences majeures avec celui-ci : le mobilecoin est « pré-miné », il y a donc 250 millions de pièces (tokens) existantes et il n’y en aura jamais plus. Ce pré-minage pose la question de savoir qui détient les pièces et comment elles ont été/seront distribuées. Signal défend l’utilisation du Mobilecoin car c’est une cryptomonnaie pensée pour l’utilisation sur des smartphones, qui nécéssite peu de puissance de calcul, aux transactions très rapides (quelques secondes). Mobilecoin est également critiquée pour sa dépence à la technologie « d’enclave sécurisée » SGX d’Intel, réputée vulnérable depuis plusieurs années, mais prévoit de cesser de l’utiliser dans le futur, et ne baserait pas ses fonctions sécuritaires de base sur cette technologie. Enfin, le Mobilecoin ne peut pour l’instant être acheté qu’auprès d’exchanges de crypto-monnaies  ce qui rend son acquisition compliquée par le commun des mortels.

Des envois de crypto-monnaies aussi simples qu’un message Signal ? Nous n’en sommes pas encore là, et les développeurs de Signal et de Mobilecoin devront répondre à de nombreuses question d’ici là, mais à l’heure où les campagnes de solidarité sont systématiquement censurées par les plateformes de paiement (Stripe, Paypal, Pot Commun,…) et de crowdfunding, la fonctionnalité montre tout de suite son intérêt. « Signal Payments » n’est disponible pour l’instant qu’au Royaume-Uni, avec un numéro +44, et sur le canal de mises à jour beta, la fonctionnalité peut-être désactivée entièrement.

De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi à travers le Royaume-Uni afin de réclamer l’abandon du projet de loi facilitant la répression des manifestations (voir notre article). À Londres des milliers de personnes sont descenduesdans les rues, marchant de Hyde Park à Westminster. Des affrontements ont été signalés menant à 26 arrestations. Des manifestations se sont également déroulées à Newcastle, Birmingham, Liverpool, Bristol et Brighton, malgré les restrictions de rassemblement en cours dans le pays. Plus de 1000 personnes se sont ainsi rassemblées à Bristol pour ce qui était la cinquième manifestation organisée dans la ville sur ce thème.

Nouveaux affrontements lors d'une manifestation Kill the Bill à Londres

Nouveaux affrontements lors d’une manifestation Kill the Bill à Londres

A Bristol, une manifestation rassemblant un millier de personnes contre une loi visant à renforcer les pouvoirs de la police lors des manifestations (voir notre précédent article) a tourné à l’affrontement avec la police. Une dizaine de manifestant ont été arrêtés. La ville avait déjà été le théâtre d’affrontements ces derniers jours lors de différentes actions organisées contre cette loi. Un van de police avait même été brulé lors d’une émeute lundi soir.

Le projet de loi sur la police, la criminalité, la détermination de la peine et les tribunaux, qui regroupe une série de modifications de l’exécution et de la détermination de la peine en Angleterre et au Pays de Galles, est passé, mardi en deuxième lecture au parlement britannique. Le projet de loi 2021 sur la police, la criminalité, la détermination de la peine et les tribunaux compte plusieurs centaines de pages et couvre un vaste éventail de questions que l’on pourrait généralement s’attendre à ce qu’un gouvernement aborde dans plusieurs lois.

Le projet de loi propose notamment de nouvelles dispositions sur les « manifestations d’une personne », qui permettraient à la police de mettre fin à la manifestation d’une seule personne si le « bruit généré par la personne qui mène la manifestation peut entraîner une perturbation grave des activités d’une organisation qui est s’est déroulée à proximité de la manifestation ».  Cela, en théorie, pourrait signifier qu’une personne manifestant devant le siège d’une entreprise privée pourrait être déplacée si sa protestation perturbe l’activité de cette entreprise privée. Le projet de loi suggère également, dans un langage quelque peu vague, que les manifestations et les manifestations ne devraient pas « intentionnellement » ou « imprudemment » causer des « nuisances publiques ».

Le projet de loi propose également aussi de rendre la dégradation de statues et de monuments passible de 10 ans de prison. Cette dernière mesure a été faite en réaction à la dégradation et au déboulonnage de la statue de Edward Colston en juillet dernier lors d’une manifestation du mouvement Black Lives Matter.

Répression d'un hommage rendu à une victime d'un féminicide commis par un policier

Sarah Everard, une jeune femme de 33 ans a été tuée le 3 mars à Londres. Elle a été enlevée, violée puis assassinée. Les soupçons se sont rapidement portés sur un policier de 48 ans qui habite à proximité des lieux où les restes humains ont été découverts. Samedi 13, en réaction à la mort de Sarah Everard, une dizaine de rassemblements ont eu lieu partout à travers le Royaume-Uni, à Glasgow, Nottingham ou encore Bristol. Une commémoration en 32 endroits avait également été organisée à Londres par le groupe « Reclaim these streets » avant d’être annulée suite au refus de la police d’autoriser l’événement. Les organisatrice risquait donc 10 000 £ d’amende pour chaque rassemblement organisé pour un total de 320 000 £. La Haute de Justice, saisie d’un recours, avait refusé de contredire la décision policière. Une veillée spontanée a cependant rassemblé au moins une centaine de personnes. La police est intervenue pour réprimer le rassemblement. Plusieurs femmes ont été menottées et violemment arrêtées. Quatre personnes ont été interpellées pour infractions aux règles anti-coronavirus et à l’ordre public.

Répression d'un hommage rendu à une victime d'un féminicide commis par un policier

Deux jours après avoir refusé l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis (voir ici), la justice britannique s’est opposée mercredi 6 janvier à sa libération sous caution, en attendant que soit examiné l’appel formé par les Etats-Unis contre le refus de son extradition. La juge a en effet estimé qu’il existait «des motifs sérieux de croire que si Julian Assange était libéré aujourd’hui, il ne se rendrait pas au tribunal pour faire face à la procédure de recours». Elle a invoqué à cet égard l’aide apportée par Assange dans la fuite du lanceur d’alerte Edward Snowden, réfugié en Russie.

Rassemblement pour Assange à Bruxelles (archives)

La justice britannique a tranché et rejette la demande d’extradition du fondateur de WikiLeaks Julian Assange vers les États-Unis, qui veulent le juger pour espionnage et conspiration pour avoir diffusé, en 2010, des centaines de millions de documents confidentiels concernant l’armée américaine. La décision rendue ce lundi 4 janvier devant le tribunal correctionnel de l’Old Bailey à Londres, est cependant susceptible d’appel. La juge a expliqué avoir refusé l’extradition par crainte que Julian Assange ne se suicide. Assange risque aux États-Unis 175 ans de prison. Le ministère de la Justice américaine s’est dit, lundi, « extrêmement déçu ». Le Mexique a, quant à lui, offre l’asile politique au fondateur de WikiLeaks.

Rassemblement pour Assange à Bruxelles (archives)

La Cour d’Appel de Londres devait se prononcer sur la plainte du militant pour les droits civiques Ed Bridges, qui reproche à la police galloise d’utiliser depuis 2017 une technologie de reconnaissance faciale selon lui discriminatoire et contraire aux lois sur la protection de la vie privée. Il s’était vu scanner le visage à Cardiff à deux reprises (lorsqu’il faisait ses courses de Noël en 2017 puis lors d’une manifestation en 2018) par la technologie de reconnaissance faciale automatique AFR Locate (voir notre article).

Après avoir été débouté plusieurs fois, le plaignant a obtenu gain de cause le 11 août, les juges estimant que l’utilisation de la reconnaissance faciale n’était pas suffisamment encadrée, sans remettre en cause en soi le recours à la technologie. «Trop (de choses) sont laissées à l’appréciation de chaque officier de police», ont considéré les juges, soulignant qu’il n’existait pas d’indications claires sur les endroits où cette technologie pouvait être utilisée et sur qui pouvait être mis sur la «liste de surveillance». Ils ont reproché à la police galloise de ne pas avoir fait tout son possible pour vérifier que le logiciel ne présentait pas de biais racistes ou sexistes, et de ne pas avoir correctement évalué l’impact de cette technologie sur la protection des données. La police galloise a elle fait savoir qu’elle ne ferait pas appel.

En médaillon: Ed Bridges

Daniel Burke, sujet britannique membre du YPG en 2017-2018 ayant combattu Daech lors de l’offensive de Deir-ez-Zor, avait été arrêté le 7 décembre et placé en détention préventive (voir notre article). Il était accusé de “financement du terrorisme” pour avoir donné de l’argent à plusieurs de ses camarades via PayPal. Après 7 mois de détention, la cours a décidé mardi 30 juin, a décidé d’un non-lieu (« no case to answer »). Il devrait donc normalement être libéré.

Daniel Burke

Mercredi 3 juin, deux manifestations se sont déroulées à à Athènes et à Londres pour protester contre le meurtre de George Floyd et les crimes policiers. À Londres, des milliers de personnes se sont rassemblées pour marcher vers le parlement. Des affrontements se sont déclenchés lorsque des policiers ont tenté d’isoler un homme de la foule. Les manifestant·es ont répliqué, lançant notamment plusieurs objets sur les policiers et leurs voitures. Au moins une personne a été arrêtée. À Athènes, 4000 personnes étaient rassemblées devant l’ambassade des États-Unis. Des affrontements ont éclaté entre les manifestant·es et les policiers qui protégeaient l’ambassade. Les policiers ont notamment utilisé des gaz lacrymogènes alors que les manifestant·es jetaient des pierres. Par ailleurs, l’ambassade des États-Unis a été attaquée au cocktail molotov.

L'ambassade des États-Unis à Athènes attaquée au cocktail molotov

L’ambassade des États-Unis à Athènes attaquée au cocktail molotov