Le groupe Café Guancasco est un groupe de musiciens qui fait partie du Front National de Résistance Populaire. Créé en 2008, il participe à de nombreux processus sociaux menés par le mouvement populaire. Le 15 septembre dernier, il offrait un concert aux organisations sociales de Sula. Mais après dix minutes, l’armée et la police ont lancé des gaz lacrymogènes sur scène et dans le public, avant d’asperger les instruments et le matériel audio d’eau et de gaz. Ensuite, elles ont brutalement frappé un des membres du groupe. Certaines personnes de l’assistance ont également été victimes de coups, tandis que des enfants ont été intoxiqués et que des personnes âgées ont perdu connaissance. Plusieurs personnes ont d’ailleurs dû se faire hospitaliser.

Le 10 juin, lorsque le véhicule que conduisait Oscar Molina, beau-frère de Porfirio Ponce, vice-président du Syndicat des travailleurs de l’industrie des boissons et des secteurs connexes (STIBYS) a fait halte à un feu rouge en plein jour, à un carrefour bondé de monde, deux individus sont descendus d’un véhicule et ont ouvert le feu, tirant à 42 reprises. Oscar Molina est mort sur les lieux.

Peu avant cette attaque meurtrière, la secrétaire des finances du Collège des professeurs de l’enseignement secondaire (Colegio de Profesores de Educación Media de Honduras -COPEMH), la professeure Carolina Pineda, a été victime d’un attentat perpétré par des individus masqués qui ont barré la route à son véhicule et ouvert le feu avec des armes de gros calibre. Elle a fort heureusement réussi à échapper aux tueurs et à trouver refuge dans une maison proche. Carolina Pineda est directrice d’une des organisations d’enseignants les plus engagées dans la lutte contre le coup d’État et a dénoncé les menaces constantes dont elle a fait l’objet via téléphone et SMS.

Le 12 juin, alors qu’il se déplaçait dans sa camionnette en compagnie de sa fille et de trois de ses petits-enfants, José Luis Baquedano, secrétaire général adjoint de la Confédération unitaire des travailleurs du Honduras (CUTH), fut intercepté par un minibus de couleur grise aux vitres fumées. Les personnes qui se trouvaient dans le minibus ont ouvert le feu avec un pistolet. Heureusement, personne n’a été touché. Le dirigeant syndical, membre de la direction du Front national de résistance (FNRP) a réussi à s’échapper. Peu de temps après, son véhicule fut immobilisé par une patrouille de la police. Au lieu de lui prêter assistance, les policiers l’ont accusé d’être l’auteur des coups de feu, ce qui a permis aux véritables assaillants de prendre la fuite.

Samedi 15 mai, Gilberto Alexander Núñez Ochoa (27 ans), a été assassiné dans son appartement au sud de Tegucigalpa. Il faisait partie de la « commission sécurité et discipline » de la Résistance et était un des membres qui dénonçait l’infiltration de personnes pendant les manifestations. Alexander avait déjà témoigné pour signaler qu’il était suivi et qu’il avait reçu des menaces. Alexander est arrivé avec son ami, José Andres Oviedo, dans un taxi jusqu’à sa maison. Ils ont été surpris par deux individus qui les ont assassinés de multiples coups de feu.

D’autre part, la Cour Suprême de Justice hondurienne vient de révoquer et de mettre à pieds 5 magistrats pour avoir critiqué le coup d’État de juin 2009. La Cour suprême est depuis le premier instant un instrument au service du putsch. Le jour du putsch, elle avait déclaré que les Forces armées avaient agi « pour la défense de l’État de droit » et qui avait qualifié le coup d’Etat comme « une succession constitutionnelle ».

Gilberto Alexander Nunez Ochoa

Gilberto Alexander Nunez Ochoa

Les opérations des forces armées honduriennes dans la région de l’Aguan pour déloger les paysans qui y ont récupéré leurs terres illégalement occupées par les propriétaires terriens continuent. Le 8 avril, elles avaient attaqué la coopérative paysanne ‘La Confianza’, assassinant un de ses membres. Ce 13 avril, elles ont fait irruption avant le lever du soleil dans celle appelée ‘El Despertar’, qui comme ‘La Confianza’, fait partie du Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguan. Des militaires et des policiers armés jusqu’aux dents se sont introduits dans les maisons pour en déloger les habitants (hommes, femmes, enfants et vieillards) de manière extrêmement brutale. Plusieurs personnes ont été emmenées, traînées par les cheveux, sans avoir même pu s’habiller. Elles ont été séquestrées pendant plusieurs heures, et relâchées après que les militaires leurs aient dit qu’ils les avaient identifiées. Toutes les maisons ont été fouillées de fond en comble et les villageois ont été terrorisés. Le gouvernement putschiste de Profirio Lobo poursuit sa politique de répression envers les communautés paysannes par les agressions armées, les enlèvements et les assassinats dans le but de déplacer tous ces habitants.

Le Retour du Condor est un film de Fulvio Grimaldi consacré à l’histoire du coup d’état au Honduras contre le président Zelaya par les militaires sous aux ordres de l’oligarchie hondurienne et des États-Unis. C’est le début d’une Opération Condor 2, avec laquelle Washington veut renouveler les tragédies de l’Opération Condor des années ’70 qui installa Pinochet au Chili et d’autres sanguinaires dictatures à l’Amérique latine. Une contre-offensive des Etats-Unis, avec nouvelles bases militaires en Colombie et manoeuvres de déstabilisation en tout le Cône Sud, auquel s’opposent de grands mouvements populaires.

Vendredi 16 avril à 19 heures, à l’Espace Marx, ce film sera projeté en version originale italienne et espagnole, avec surtitres français, et sera suivi d’un débat avec la participation de l’auteur du film et d’un représentant de la Plate-forme pour la démocratie au Honduras.

Il Ritorno del Condor

Il Ritorno del Condor

Hier, Jose Leonel Alvarez Guerra, 35 ans, habitant le quartier Manga Seca de Tocoa, membre du Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguán (MUCA) actif au sein de la coopérative paysanne La Confianza a été assassiné à son domicile. Il a été tué de 5 balles par deux individus juchés sur une moto qui ont pris la fuite immédiatement après les coups de feu.

Les paysans de l’Aguán souffrent après avoir tenté de récupérer les 35.000 hectares de terres occupées illégalement par les propriétaires terriens alors que ces derniers n’ont aucun droit sur des terres appartenant à l’Etat. Le gouvernement putschiste de Porfirio Lobo a répondu à ces récupération avec la force brute afin de tenter de les déloger. La police et les forces armées de Colon opèrent à bord de véhicules avec des plaques particulières, ils sont armés de fusils et sont entrain de mener des opérations contre le MUCA. Depuis le week-end dernier un assaut est en cours contre les coopératives paysannes de la rivière Aguán. Des troupes ce sont positionnées durant le week-end et sont passées à l’assaut cette semaine. L’opération est appelée opération ‘Trueno’ (Tonnerre).

Dans le département d’Yoro au nord du pays, les opérations de répressions lancées par les forces militaires ont fini avec la mort de 5 paysans.

Avant-hier, Miguel Alonso Oliva, 22 ans, a été assassiné avec une arme à feu par un ‘agent de sécurité’ de l’une des plantations de palmiers africains dans la Vallée de l’Aguán, quand son groupe membre du Mouvement Paysan Unifié de l’Aguán (MUCA) était en train de récupérer les terres de la propriété Bolero, possession de René Morales. Pour rappel, les terres que le MUCA tente de reprendre n’appartiennent pas aux grands propriétaires, ce sont des terres appartenant à l’Etat hondurien dont une loi passée en 2009 attribue l’usufruit aux paysans afin de produire de la nourriture. Suite au putsch, les latifundistes se sont attribués ces terrains alors qu’ils n’ont aucun droit dessus.

En ce moment même, la population paysanne de la Vallée de l’Aguán vit sous une forte tension provoquée par la mobilisation de militaires, de policiers et d’agents de sécurité engagés par les grands entrepreneurs opposés au MUCA dans ce conflit pour les terres. Les paysans craignent que la mobilisation de militaires, de policiers et de gardes armés soit le signe de l’intention de reprendre les terres récupérées sur la rive gauche du Río Aguán. Les coopératives paysannes menacées sont: Suyapa del Aguán, Guanchías, Buenos Amigos, Remolino, Despertar, Trinidad, San Esteban, Quebrada Honda, Paso Aguán, El Plantel, Islas 1 & 2, Marañones et Bolero.

Un juge hondurien a envoyé en prison onze dirigeants du Syndicat de Travailleurs de l’Université Nationale Autonome du Honduras (SITRAUNAH). Les syndicalistes font partie du Front National de Résistance Populaire. Le Ministère public a accusé 16 syndicalistes de sédition, usurpation et de contrainte contre l’État du Honduras, parce que le syndicat réalise depuis le 28 février une occupation de l’Université publique Nationale du Honduras pour demander la signature d’un nouveau contrat collectif de travail. Des milliers de membres de la Résistance se sont mobilisés aux environs du tribunal pour exprimer leur soutien aux syndicalistes et dénoncer une ‘persécution politique’. Les 11 emprisonnés se trouvent dans le Pénitencier National, à Tamara, à 25 kilomètres au nord de la capitale, Tegucigalpa.

Manifestation à Tegucigalpa

Manifestation à Tegucigalpa

Bien que depuis plusieurs semaines, le pays soit dirigé par un président ‘démocratiquement élu’, la répression fait rage au Honduras. Les paramilitaires et les propriétaires terriens continuent à agir comme bon leur semble. Le 18 mars, deux paysans ont été assassiné dans le cadre du conflit agraire de l’Aguan. Les deux hommes, dirigeants de l’Entreprise Associative Brisas de Cohdefor ont été tués alors qu’ils revenaient de leur journée de travail dans la culture de haricots. Quelques jours plus tôt, deux ouvriers agricoles avaient également perdu la vie dans ce même district. Tous les quatre faisaient partie de communautés pour lesquelles le président déchu Manuel Zelaya avait libéré des terres afin de les rendre productives, ce qui ne plait visiblement pas aux propriétaires latifundistes qui, avec l’appui des putschistes, occupent violemment la zone et y font régner la terreur. Les familles paysannes de la zone y subissent des menaces et des intimidations quotidiennes auxquelles s’ajoutent ces assassinats politiques.

Deux journalistes ont également été assassinés la semaine dernière après avoir reçu des menaces de mort anonymes, qu’ils avaient tous deux dénoncées publiquement. L’un des deux avait notamment responsabilisé un puissant latifundiste qui avait soutenu le coup d’Etat en juin dernier, ce qui lui a coûté la vie. Ces actions portent à trois le nombre de journalistes soutenant la lutte paysanne assassiné depuis la prise de pouvoir du nouveau président.

Victime de la répression au Honduras

Victime de la répression au Honduras

Ces dernières semaines, les actions répressives violentes des forces de sécurité continuent à cibler la population civile hondurienne, et ce malgré le départ à l’étranger du président déchu Zelaya, victime du putsch du mois de juin dernier. Lors d’une manifestation le 25 février dernier, les policiers reconnus comme faisant partie des ‘escadrons de la mort’ ont menacé ouvertement les militants ainsi que les membres de la sécurité de la manifestation (ce qui prouve l’impunité avec laquelle ils agissent). Le lendemain, ces policiers ont tenté d’enlever un membre actif du Front National de Résistance Populaire (FNRP) présent au rassemblement afin ‘de voir s’il se comporterait en homme, comme il l’avait fait lors de la manifestation’. Le jeune homme a pu prendre la fuite après un violent affrontement avec ses kidnappeurs.

Victime hondurienne des forces de sécurité

Cette histoire n’en est qu’une parmi tant d’autres dans un contexte de violations systématiques des droits de l’homme, allant des assassinats aux tortures en passant par les enlèvements, les viols et les menaces de mort vis à vis de la population hondurienne. Depuis le mois de décembre, les femmes sont encore plus menacées. Certaines militantes dans la capitale ont constaté être continuellement suivies par des voitures sans plaque aux vitres teintées, ces filatures s’ajoutant aux menaces téléphoniques quotidiennes. La semaine dernière, la fille d’un dirigeant du FNRP a été assassinée à son domicile. Mercredi dernier, la juge pour enfants du Honduras Olga Marina Laguna a été tuée à Tegucigalpa par deux hommes armés en plein jour devant plusieurs témoins. Les journalistes sont également les cibles des ‘escadrons de la mort’, qui menacent leur vie tous les jours et ne se privent pas pour les intimider, allant même jusqu’à les chercher à leur domicile et à faire pression sur le voisinage pour obtenir des informations. Aujourd’hui, toutes les personnes ayant travaillé, milité, bref, vécu durant le gouvernement Zelaya sont toujours en danger.

Victime hondurienne des forces de sécurité