Hier, 8 août, à l’aube, le parquet de Gênes et la DIGOS de La Spezia, ont mené une énième opération de répression contre le mouvement anarchiste. Dix militants anarchistes sont accusés dans cette enquête, dont cinq camarades de Carrare, pour lesquels le procureur avait initialement demandé la mise en détention. Outre les perquisitions dans les domiciles, le Cercle culturel anarchiste « Gogliardo Fiaschi », le centre historique des anarchistes à Carrare, a fait l’objet d’une descente. Des magazines, des livres, des tracts, des affiches et des supports informatiques ont été saisis. Le juge des enquêtes préliminaires a décidé de quatre assignations à résidence avec toutes les restrictions, de cinq assignations à résidence avec retour en prison de nuit. Un camarade ne fait l’objet d’aucune restriction. Luigi, un des quatre camarades assignés à résidence n’avait pas de résidence officielle : il a donc été transféré à la prison de La Spezia.

Les camarades sont accusés d’association subversive à des fins de terrorisme (art. 270 bis du code pénal) et d’incitation à commettre un crime (article 424 du code pénal) aggravée par l’objectif de terrorisme, en ce qui concerne la publication, la diffusion et l’utilisation d’informations sur le terrorisme, en relation avec la publication, à partir de 2020, du bimensuel anarchiste internationaliste « Bezmotivny », ainsi qu’atteinte à l’honneur et au prestige du Président de la République et impression clandestine. Pour écrire à Luigi : Luigi Palli / Casa circondariale di La Spezia / Piazza G. Falcone e P. Borsellino n. 1 / 19125 La Spezia (SP) / Italie

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Hier, jeudi 5, le tribunal de Gênes a rendu son jugement en première instance pour le procès « Diamante », contre les compagnons anarchistes Evelin et Gianluca (suite aux arrestations du 16 mars 2022). Evelin a été acquittée de toute accusation et Gianluca a été condamné à 4 ans et 6 mois de prison (en plus de 15 000 euros d’amende), pour « possession illégale d’explosifs » (art. 1 et 2 de la loi n°895/67) et « tentative de délit » (art. 56 du code pénal), alors qu’il a été acquitté de l’accusation de « fabrication ou possession de matériel explosif, dans le but de porter atteinte à la sécurité publique » (art. 435 du code pénal). La circonstance aggravante de la « finalité de terrorisme ou de subversion de l’ordre démocratique » (en relation avec l’art. 270 bis, §1 du code pénal), envisagée pendant l’enquête, n’a pas été retenue. Le parquet avait demandé 5 ans et 6 mois de prison (en plus de 15 000 euros d’amende) pour Evelin et 9 ans et 6 mois (et 30 000 euros) pour Gianluca. Ce dernier est toujours aux arrestations domiciliaires avec toutes les contraintes.

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La Cour d’appel de Turin condamné Anna Beniamino  à 16 ans et 9 mois (au lieu de 17 ans en première instance) et Alfredo Cospito à 23 ans (au lieu de perpétuité). Le parquet avait demandé la perpétuité pour Alfredo et 27 ans pour Anna. En première instance, Anna et Alfredo avaient été condamné pour association subversive avec finalité de terrorisme et de subversion de l’ordre démocratique, attentat avec finalités de terrorisme, provocation aux crimes et délits avec la circonstance aggravante de la finalité de terrorisme, etc., mais aussi et surtout pour « attentat-massacre » (« strago »), alors même qu’il n’y avait pas eu de blessé. La qualification d’attentat-massacre avait impliqué la condamnation obligatoire d’Alfredo à la perpétuité sans possibilité de libération anticipée, et qu’il soit détenu au 41bis. Ce caractère obligatoire de la peine de perpétuité avait été modifiée par la Cour constitutionnelle le 18 avril dernier, alors qu’Alfredo menait sa grève de la faim. C’est cette décision qui a amené Alfredo a suspendre sa grève (voir notre article) et de fait, cette décision a donc permis de faire tomber la perpétuité.

Alfredo Cospito

Alfredo Cospito

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Les avocats d’Alfredo Cospito ont remporté une victoire juridique hier avec la décision de la Cour constitutionnelle qui non seulement s’est prononcée sur le sort du prisonnier anarchiste, mais a également fait une déclaration d’inconstitutionnalité de l’interdiction de la prévalence de toutes les circonstances atténuantes, en ce qui concerne la récidive répétée, pour tous les crimes dont la peine légale est fixe et ne prévoit que la réclusion à perpétuité. La condamnation d’Alfredo qui a entraîné sa mise au 41bis est donc inconstitutionnelle. À ce résultat  s’ajoute la déclaration de recevabilité et l’enregistrement consécutif du recours à la Cour européenne des droits de l’homme, ayant précisément pour objet le régime pénitentiaire différencié prévu par l’article 41-bis. L’appel, dans lequel des violations graves de la Convention UDE ont été dénoncées, sera évalué au fond d’ici deux ou trois ans (tels sont les délais d’un jugement) et pourrait bannir le 41 bis, comme cela s’est produit dans le cas de la réclusion à perpétuité. Dès lors, après 180 jours de jeûne et après avoir exposé sa vie à un risque, ayant perdu 50 kilogrammes et ayant désormais irrémédiablement compromis sa capacité à marcher en raison de la détérioration irréversible du système nerveux périphérique, Alfredo Cospito a décidé aujourd’hui 19 avril de mettre un terme à sa grève de la faim.

 

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Alfredo Cospito, en grève de la faim depuis cinq mois, avait été victime le 21 mars d’une crise cardiaque. A cette date déjà, il pouvait souffrir de dommages neurologiques et d’une paralysie permanents. Une demande de son avocat avait été faite pour qu’il soit assigné à résidence dans le cadre d’un ajournement de peine pour raison médicale chez sa sœur à Pescara. Le parquet de Milanémis un avis négatif sur la demande. Le verdict de la Cour de surveillance, présidée par la juge Giovanna di Rosa, a été rendu aujourd’hui: la demande a été rejetée au motif que l’état de santé du détenu était le résultat de son propre choix.

La solidarité s’élargit et se radicalise. Il y a eu des tags, des accrochages de banderoles, des rassemblements, des affichages et des meetings un peu partout mais aussi: l’explosion d’une bombe à l’Eurobank à Athènes (9 mars), l’explosion d’un engin pyrotechnique dans un siège du Parti Démocrate à Rome (13 mars), une antenne relais incendiée à Gènes (15 mars), l’interruption d’une activité en présence de l’ambassadeur d’Italie à Athènes (17 mars),  l’incendie de 16 véhicues de la poste à Rome (18 mars matin, photo), 22 bus incendiés à Rome (25 mars au soir), l’incendie d’une antenne relais à Rome (23 mars), l’incendie d’une voiture de la société de sécurité Prosegur à Barcelone (25 mars)…

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Vincenzo Vecchi, l’ex-militant altermondialiste, coupable, selon la justice italienne, de « dévastation et pillage » lors des manifestations de Gênes en 2001, ne sera pas extradé vers l’Italie. La cour d’appel de Lyon, vers laquelle le dossier avait été renvoyé, a estimé ce vendredi que le mandat d’arrêt européen émis à son encontre n’était pas applicable. Après Rennes et Angers, c’est la troisième fois qu’une cour d’appel rend ce même verdict, le ministère public s’étant chaque pourvu en cassation – ce qu’il pourrait encore être tenté de faire.

libération de Vincenzo Vecchi

libération de Vincenzo Vecchi

Mardi 21 mars, Alfredo Cospito a été victime d’une crise cardiaque. Son état général se dégrade après plus de 150 jours de grève de la faim. Selon les médecins, il risque la paralysie à vie, et a peut-être déjà des répercussions irréversibles pour sa santé.

Vendredi dernier, Alfredo Cospito avait décidé de prendre les suppléments en vue de l’audience de ce vendredi 24 mars. Cette audience devant le tribunal de surveillance de Milan discutera de la demande de la défense de reporter la peine pour des raisons de santé sous forme d’assignation à résidence. Si les magistrats acceptaient la demande, le régime 41bis dans lequel est enfermé Alfredo Cospito depuis le printemps 2022 serait en fait abrogé. Alfredo Cospito avait pris la décision de prendre un complexe multivitaminé pour arriver lucide à l’audience mais avait finalement décidé de se limiter uniquement à de l’eau et du sucre. La semaine dernière, le médecin consultant qui avait examiné Cospito, avait indiqué aux avocats que ses « conditions nutritionnelles » « s’aggravaient » et qu’il avait fait part de son inquiétude concernant les « dommages irréversibles » dus à la longue période de grève de la faim.

Le jeudi 23 mars, des mobilisations s’organisent dans plusieurs villes d’Europe.
À Bruxelles, un rassemblement est prévu à 15h devant l’ambassade d’Italie, rue Joseph II, 22/24 à 1000 Bruxelles.

Alfredo Cospito

Le 24 février la Cour de Cassation a rejeté la dernière possibilité de sortie d’Alfredo Cospito du 41bis par les voies légales. Cette décision explique la colère et la radicalité des manifestant.e.s de Turin, samedi 4 mars: casse de vitrines des banques et de boutiques, de voitures de luxe, etc. (voir notre article). Il y a eu encore des manifestations importantes mais, surtout après des signes de convergence avec le mouvement étudiant et le syndicalisme de base (une grève ouvrière locale a intégré le mot d’ordre «Alfredo hors du 41bis»), la pression répressive a augmenté. C’est pour cela que le mouvement solidaire recourt à des rassemblements décentralisés dans les quartiers populaires et à des actions directes. Dans la nuit du 9 mars, un site de distribution du réseau TIM, le deuxième opérateur de téléphonie mobile en Italie, a été incendié dans un quartier de Rome (TIM collabore e.a. dans la mise en œuvre de bracelets électroniques pour contrôler les personnes assignées à résidence).

La lutte se focalise maintenant sur la menace d’alimentation forcée. Un procureur a tenu à rappeler qu’il était illégal en Italie d’attenter à ses jours. A l’opposé, des médecins ont rappelé que leur déontologie leur interdisait de poser un acte contre la volonté du patient. Cependant, l’expérience d’autres pays montre que les autorités ont toujours trouvé des médecins complices pour appliquer la nutrition forcée. Le 18 mars, journée international des prisonniers et prisonnières politiques, le Secours Rouge organise une projection du documentaire « Jusqu’au dernier souffle » qui retrace l’histoire judiciaire des militants anarchistes, Alfredo Cospito et Anna Beniamino et permet une meilleur compréhension du régime de torture qu’est le 41 bis. Des camarades seront présent.e.s pour une discussion après la projection.

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Turin était en état de siège pour la manifestation de vendredi en soutien à Alfredo Cospito. Centre ville clôturé, Piazza Castello interdite d’accès, Palais de Justice protégé, et marché de Porta Palazzo prématurément fermé. La préfecture avait demandé des renforts d’autres régions. La police, les carabiniers et la police financière ont été déployés. et un hélicoptère avait également été demandé. Des contrôles ont été organisés dans les trains, dans les gares et à l’aéroport. Les militants grecs et espagnols étaient particulièrement visés.

Après quelques prises de parole, plus de mille manifestants sont parti de la Piazza Solferino encadré d’un dispositif policier énorme. Des murs ont été tagués, quelques barricades ont été érigées avec des bennes à ordures et quelques vitrines de banques et élément du mobilier urbain ont été détruits.  La police a lancé des grenades lacrymogènes sur les manifestants Porta Palazzo. Les manifestants ont arraché un panneau de signalisation pour l’utiliser comme bélier et ont ensuite essayé d’allumer un feu avec des palettes de bois. La police est intervenue avec des canons à eau pour déloger les manifestants du centre de Turin. Plusieurs affrontements distincts ont alors eu lieu. Une partie de la manifestation a été assiégée dans la cour de la radio militante « Black Out », qui suivait les événements en direct. 34 manifestants ont été arrêtés. Au moins onze mandats d’arrêt seraient en préparation.

Une lettre d’Alfredo Cospito a finalement pu passer le mur de la censure.
Voici son contenu:

Ma lutte contre le 41bis est une lutte individuelle en tant qu’anarchiste, je ne suis certainement pas en train d’exercer un chantage [terme qui revient dans la presse du régime à propos de sa grève de la faim, NdE]. Je ne peux tout simplement pas vivre dans un régime inhumain comme celui des 41bis, où je ne peux pas lire librement ce que je veux, livres, journaux, périodiques anarchistes, revues artistiques et scientifiques, de littérature et d’histoire. La seule chance que j’ai d’en sortir est de renier mon anarchie et de vendre quelqu’un pour le mettre à ma place.
Un régime où je ne peux avoir aucun contact humain, où je ne peux plus voir ou caresser un brin d’herbe ou étreindre un être cher. Un régime où les photos de vos parents sont confisquées. Enterré vivant dans une tombe dans un lieu de mort. Je poursuivrai mon combat jusqu’au bout, non pas en raison d’un « chantage », mais parce que ce n’est pas la vie. Si le but de l’état italien est de me faire « dissocier » des actions de ceux de l’extérieur, sachez que je ne supporte pas de chantage, en tant que bon anarchiste je crois que chacun est responsable de ses propres actions, et en tant qu’affilié du courant anti-organisations, je ne me suis jamais « associé » à personne et donc je ne peux pas me « dissocier » de qui que ce soit, l’affinité est une autre chose.
Un anarchiste conséquent ne s’éloigne pas des autres anarchistes par opportunisme ou par commodité.
J’ai toujours revendiqué fièrement mes propres actions (même devant les tribunaux, raison pour laquelle je me retrouve ici) et n’ai jamais critiqué celles des autres, encore moins dans une situation comme celle dans laquelle je me trouve.
La plus grande insulte pour un anarchiste est d’être accusé de donner ou de recevoir des ordres.
Quand j’étais dans le régime de haute surveillance, j’avais quand même la censure, et je n’ai jamais envoyé de « pizzini » [messages écrits en prison sur des petits bouts de papier pour envoyer des informations ou des ordres à l’extérieur, NdT], mais j’ai envoyé des articles pour des journaux et des revues anarchistes. Et surtout, j’étais libre de recevoir des livres et des revues, d’écrire des livres et de lire ce que je voulais, bref, j’avais le droit d’évoluer, de vivre.
Aujourd’hui je suis prêt à mourir pour que le monde prenne conscience de ce qu’est réellement le 41bis, 750 personnes le subissent sans mot dire, continuellement dépeintes comme des monstres par les mass media.
Maintenant c’est mon tour, vous avez d’abord fait de moi un monstre en tant que terroriste assoiffé de sang, puis vous m’avez sanctifié en tant qu’anarchiste martyr qui se sacrifie pour les autres, et maintenant vous me montrez à nouveau en tant que [mot impossible à lire]. Quand tout sera fini, je n’ai aucun doute, je serai porté sur les autels du martyr. Non Merci, je ne le ferai pas, je ne me prêterai pas à vos sales jeux politiques.
En réalité, le vrai problème de l’État italien est qu’il ne veut pas rendre publiques toutes les violations des droits de l’homme dans ce régime, le 41bis, au nom d’une « sécurité » pour laquelle il faut tout sacrifier. Eh bien ! Vous auriez dû y penser avant de mettre un anarchiste ici, je ne connais pas les motivations réelles ni les manœuvres politiques qui se cachent derrière. Pourquoi quelqu’un m’a utilisé comme une « boulette de viande empoisonnée » dans ce régime. Il n’était pas difficile de prévoir quelles seraient mes réactions face à cette « non-vie ».
L’Etat italien est le digne représentant de l’hypocrisie d’un Occident qui ne cesse de donner des leçons de « morale » au reste du monde. Le 41bis a donné des leçons répressives bien accueillies par des États « démocratiques » comme la Turquie (les camarades kurdes en savent quelque chose) et la Pologne.
Je suis convaincu que ma mort mettra un obstacle à ce régime et que les 750 qui le subissent depuis des décennies pourront vivre une vie digne de ce nom, quoi qu’ils aient fait.
J’aime la vie, je suis un homme heureux et je n’échangerais pas ma vie contre celle d’un autre. Et c’est précisément parce que je l’aime que je ne peux pas accepter cette non-vie sans espoir…
Merci camarades pour votre amour
Toujours pour l’anarchie
Jamais plié
Alfredo Cospito

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