Après le décès de quatre manifestants hier, les manifestations se sont poursuivies durant la nuit et la journée d’aujourd’hui à Tala et à Kasserine, entrainant de nouveaux violents affrontements entre la population et la police. Le ministère de l’intérieur a annoncé que huit personnes étaient décédées ce week-end et plusieurs autres blessées. Mais d’autres sources sur place font état d’au moins vingt morts tués par balle dans la région. Et elles affirment que le bilan devrait s’alourdir vu le nombre de blessés graves qui affluent dans les hôpitaux. Des témoins ont également déclaré que les cortèges funéraires avaient aussi été la cible de tirs.

Près de 40.000 personnes se sont rassemblées hier après-midi à Bilbao, à l’appel de différents collectifs basques. Elles ont défilé pacifiquement à travers la ville en scandant des slogans réclamant davantage de droits pour les membres emprisonnés de l’ETA. Etxerat, une association de parents de prisonniers de l’ETA affirme qu’ils sont dispersés en Espagne et en France, loin du Pays-Basque, ce qui rend difficile, voir impossible, les visites familiales en prison. Elle demande donc notamment leur rassemblement au Pays-Basque.

Manifestation pour les prisonniers d’ETA

Manifestation pour les prisonniers d'ETA

Depuis le 17 décembre, le peuple tunisien se révolte contre la précarité sociale et le chômage. Les étudiants et les diplômés chômeurs qui manifestent quotidiennement depuis lors ont été rejoints ce samedi par les syndicats. Mais les affrontements qui opposent les jeunes et les forces de l’ordre se sont également intensifiés. Vendredi, cinq manifestants et un agent de sécurité ont été blessés à Saïda dans une confrontation violente. Samedi, les policiers ont ouvert le feu sur la foule dans le centre de Tala, dans le centre-ouest du pays. Quatre hommes ont été tués et plusieurs personnes ont été blessées, dont six grièvement. A Kasserine, de violents affrontements se sont déroulés cette nuit. Un jeune garçon de douze ans aurait également été tué par balle, cette fois à Ennour. Tous les rassemblements sont encadrés par des centaines de policiers en civil et d’unités anti-émeute, celles-ci n’hésitant pas à faire usage de lacrymogènes et de leurs armes à feu. Hier, l’armée s’est déployée pour la première fois depuis le début du mouvement autour des bâtiments officiels.

Force de police en Tunisie

Force de police en Tunisie (archive)

Depuis quatre jours, de multiples manifestations se déroulent dans plusieurs villes d’Algérie contre la cherté de la vie. Partout, des violences ont éclaté entre les manifestants et les forces anti-émeutes lourdement armée. Vendredi, un jeune homme de 18 ans est décédé à la suite d’une intervention policière. Selon les témoins, un policier lui aurait tiré dessus au moment où les manifestants tentaient d’entrer dans le bâtiment de la poste dans la région de M’sila. Trois autres personnes ont été blessées au cours de l’affrontement, et l’une d’entre elle est décédée ce samedi des suites de ses blessures. Un troisième homme de 32 ans est décédé lors d’une manifestation à Bousmail dans un face à face avec les forces de l’ordre au cours duquel il aurait, selon des témoins, reçu une bombe lacrymogène en pleine figure. Au total, pas moins de 400 personnes auraient été blessées à travers tout le pays. A l’heure actuelle, la protestation se poursuit. Les manifestants bloquent toujours d’innombrables routes, s’en prennent à des bâtiments de la justice, des télécoms et des services publics. Toutes les villes majeures sont quadrillées par les forces anti-émeutes qui multiplient les jets de gaz lacrymogènes et autres utilisations de canons à eau.

Depuis mercredi, différentes villes d’Algérie sont le théâtre de rassemblements de milliers de personnes qui dénoncent la hausse brutale des prix des produits de base. Lundi déjà, des jeunes avaient bloqué des routes à l’ouest d’Alger pour dénoncer leurs conditions de vie. Mercredi soir, de violents affrontements ont opposé les manifestants et les policiers anti-émeutes dans un quartier populaire d’Alger. Ces derniers ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Selon des témoins, un grand nombre de policiers lourdement armés étaient présents durant la journée afin d’empêcher tout rassemblement dans ce quartier, réputé pour être le point de départ traditionnel des manifestations. Ailleurs dans le pays, des commissariats, un tribunal, des commerces et des concessionnaires ont été pris d’assaut par les protestataires. Les affrontements se sont poursuivis durant toute la journée de jeudi également.

Manifestation en Algérie

Manifestation en Algérie

Depuis le début de la semaine, le mouvement de protestation des étudiants et des diplômés chômeurs s’est étendu à travers toute la Tunisie. Partout, la police poursuit son action de répression. A Tala, dans l’ouest du pays, des arrestations musclées ont eu lieu dès mercredi soir. En plus des manifestations dans les rues, le mouvement a également pris énormément d’ampleur sur internet. Des milliers de groupes Facebook ont été créés pour dénoncer la politique gouvernementale. Des informations relatives aux émeutes et à la répression policière sont transmises via un compte Twitter.

Les autorités n’ont pas tardé à réagir. Ce jeudi, un rappeur et trois blogueurs ont été arrêtés par la police à leurs domiciles. Le rappeur Hamada Ben Amor, 22 ans, a été arrêté à 5h30 hier matin. Grâce à une de ses chansons, ils avait créé un espace privilégié d’expression contestataire pour des milliers de jeunes, et notamment sur internet. Hamadi Kaloutcha, militant et blogueur luttant contre la censure, a été interpellé vers 6h du matin par des policiers en civil qui ont saisi un ordinateur portable et une unité centrale. Les deux autres blogueurs arrêtés, Slim Amamou et El Aziz Amami, avaient été à l’origine du projet de manifestation contre la censure en mai dernier à Tunis. Arrêté la veille du rassemblement pendant plus de douze heures, Amamou avait été obligé de faire enregistrer une vidéo appelant à l’annulation de l’événement pour pouvoir être relâché. Ce matin, les familles respectives ont déclaré n’avoir aucun nouvelle des quatre hommes.

Quelques cinq cent étudiants s’étaient rassemblés ce matin devant la Middle East Technical University à Ankara dans l’intention de défiler en direction du quartier général du Parti de la Justice et du Développement (AKP). Le objectif était de dénoncer les récentes mesures de répressions policières contre les manifestations estudiantines de ces dernières semaines et d’exiger une réforme du système universitaire. Mais la police avait barricadé le trajet du groupe et a annoncé aux étudiants qu’ils étaient uniquement autorisés à faire une déclaration de presse. Un large contingent de policiers anti-émeutes bloquait les portes de l’université afin d’empêcher tout mouvement des étudiants, provoquant des jets de pierres et de bouteilles à leur encontre. Les étudiants brandissaient un calicot affirmant: ‘Nous nous rebellons’. Erdogan, le premier ministre turc, a défendu la police, accusant les étudiants d’entretenir des relations avec des groupes clandestins.

Manifestation estudiantine à Ankara

Manifestation estudiantine à Ankara

Un appel avait été lancé hier pour une large mobilisation à travers tous le pays en soutien aux mouvements de protestation contre le chômage et le coût de la vie. Dans plusieurs villes, des rassemblements et des marches pacifiques ont réunis principalement des étudiants et des diplômés chômeurs. A Thala, à 250 kilomètres de Tunis, des affrontements entre les manifestants et les policiers se sont déroulés après que les forces de l’ordre aient tiré des bombes lacrymogènes. A Sousse, à 100 kilomètre de Tunis, on rapporte que des heurts ont également éclaté entre les étudiants et la police. A Jbeniana, deux jeunes auraient été interpellés.

Ce vendredi 31 décembre, très tôt dans la matinée, tous les tribunaux de Tunisie ont été assiégés par la police. Les avocats étaient mobilisés pour porter un brassard rouge en signe de soutien au mouvement de protestation de sidi Bouzid qui ont éclaté le 18 décembre dernier et qui ont été violemment réprimés, entraînant trois morts par balles et de nombreux blessés. Les autorités ont empêché les avocats d’arriver aux sièges des tribunaux. Des centaines de policiers ont également été déployés à l’intérieur des tribunaux pour empêcher toute action de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et tout port du brassard. Les procureurs ont observé les violences contre les avocats à l’intérieur des salles d’audiences et dans l’enceinte des palais de justice dans plusieurs villes du pays, sans réagir.

De nombreux avocats ont ainsi été agressés notamment dans les tribunaux de Gafsa, Jendouba, Mahdia, Monastir, Sousse, Sfax, Bizerte et surtout Tunis. Une demi-douzaine d’entre eux ont été frappés au point d’avoir des os brisés. L’un d’eux a été kidnappé et violemment frappé à la tête par des agents de police en civil alors qu’il s’approchait du palais de justice à Jendouba ; Il a été menacé de mort par les policiers qui lui ont dit qu’ils avaient pour instruction de le tuer ; l’avocat a été ensuite jeté dans un endroit désert à la sortie de la ville, son état de santé est inquiétant.

Tunisie: La police contre les avocats

La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de l’ordre. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid.
Le mouvement s’est déclenché après la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique.

Cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s’électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient dans le pays pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Trois voitures de police a été incendiées, des jets de pierres et des cocktails Molotov ont ciblé les locaux du parti au pouvoir et des administrations. Un jeune manifestant a été tué par balles, plusieurs autres blessés (parfois par les gros bras du parti au pouvoir, protégés par les policiers) et il y a eu de nombreuses arrestations.

Manifestation à Menzel Bouzayane

Manifestation à Menzel Bouzayane