Quatre personnes ont été arrêtées aujourd’hui à Vitoria-Gasteiz suite à des affrontements ont eu lieu lors de la manifestation organisée en commémoration du 3 mars. Les personnes arrêtées sont accusés de troubles à l’ordre public et d’agression de policiers. La  manifestation, organisée par l’Association des victimes du 3 mars et les syndicats ELA, LAB, ESK et Steilas, s’est déroulée hier dimanche pour marquer l’anniversaire des événements le 3 mars 1976, lorsque la police espagnole avait tué cinq travailleurs et blessé des centaines de personnes en dispersant par la force une assemblée de travailleurs dans l’église de San Francisco de Asís.

 

Le 7 janvier, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Bilbao en soutien aux membres emprisonnés d’ETA. Les manifestants appelaient à l’amnistie pour les prisonniers, mais également réclamant qu’ils puissent accomplir leur peine près de leur famille. La politique des gouvernements espagnols est d’emprisonner les détenus basques à des centaines de kilomètres de leur région, ce qui complique les visites de leurs proches: les enfants de ces prisonniers doivent à parcourir des centaines de km pour seulement 40mn de visite. Après son arrivée au pouvoir en juin 2018, un mois après l’auto-dissolution d’ETA, le premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait promis de revenir sur cette politique, mais peu de progrès  accompli depuis. Le même jour, au pays basque français, environ 10.000 personnes ont défilé à Bayonne.

Après 32 ans, 6 mois et 15 jours de détention, Jakes Esnal a quitté ce matin le Centre pénitentiaire de Lannemezan. Tout comme Ion Kepa Parot, sorti la semaine dernière (voir notre article), Jakes n’accèdera à la liberté conditionnelle qu’à l’issue d’une période probatoire d’un an durant laquelle il sera assigné à résidence avec un bracelet électronique. Unai Parot reste le dernier militant basque du « commando Argala » d’ETA encore incarcéré (lui aussi depuis avril 1990 et actuellement à la prison de Zaballa, au Pays basque Sud),

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Le 28 mai 2015 avaient été retrouvés, dans une villa de Biarritz, 26 pistolets et revolvers, un millier de munitions, plusieurs kilos de produits entrant dans la composition d’explosifs et quelque 700 plaques minéralogiques vierges avec une presse pour les imprimer (photo). Plus de sept ans plus tard, l’occupante des lieux et l’un de ses amis comparaissent pour association de malfaiteurs terroriste et, pour le second, transport, détention d’armes et recel, avec la qualification terroriste. Né en France mais originaire de Pampelune, ce dernier a quitté la France pour le Mexique entre 1986 et 1998, après l’émission d’un mandat d’arrêt de Madrid contre lui, des poursuites plus tard abandonnées. Cet homme de 58 ans a reconnu jeudi à la barre avoir entreposé les armes dans la maison. Il a maintenu ne jamais avoir été membre de l’ETA, se présentant comme un sympathisant de la gauche nationaliste. A l’audience, il a soutenu avoir agi dans le cadre du «processus de paix», en vue d’une remise de ces armes aux autorités. En 2011, l’ETA avait annoncé la fin de la lutte armée et entamé début 2014 un processus unilatéral de désarmement, en lien avec la Commission internationale de vérification (CIV), non reconnue par Madrid et Paris. C’est le 8 avril 2017 que l’organisation  a annoncé son «désarmement total» avant, le 3 mai 2018, de déclarer sa dissolution.

Alors que les audiences des prisonniers basques Ion Parot et Jakes Esnal se tiendront dans un peu moins d’un mois, les forces solidaires annoncent une action de blocage de tout le Pays Basque Nord pour cet été. Cette annonce a été faite le 19 avril, dans la perspective des audiences de Ion Parot et Jakes Esnal, respectivement les 13 et 19 mai prochains. Des rassemblements sont prévus à ces deux dates : le 13 à Bayonne et le 19 à Saint-Jean-de-Luz  afin que soit enfin accordée la libération conditionnelle à ces prisonniers âgés de plus de 70 ans. Une manifestation est également organisée le 11 juin à Lauga, à la veille des délibérés d’audiences. Après quatre actions de désobéissance civile, d’autres sont promises, plus impactantes et plus importantes, dans les semaines à venir. Ion, Jakes et Unai sont détenus depuis 32 ans et ils auraient déjà pu être libérés si des mesures d’exception ne leur avaient pas été appliquées.

(archive)

Vendredi 1er avril, une cinquantaine de militant·es des collectifs Artisans de la paix et Bake Bidea ont mené une occupation d’un centre d’impôts en soutien aux prisonniers basques. Cette action fut organisée pour soutenir plus spécifiquement Jakes Esnal (un ancien militant d’ETA, voir nos articles) et Ion Parot (un ancien membre du commando Itinérant d’ETA). La police est intervenue en nombre, peu avant 20h, pour déloger les manifestants qui avaient l’intention de passer la nuit sur place.

Occupation d'un centre d'impôt en soutien aux prisonniers indépendantistes

Occupation d’un centre d’impôt en soutien aux prisonniers indépendantistes

Le stade de pelote basque de Berango était plein à craquer ce dimanche pour accueillir Ibai Aginaga, militant communiste et indépendantiste, revenu dans sa ville après une absence de 21 ans, dont 2 dans la clandestinité dans ETA et 19 autres passés dans différentes prisons d’Espagne. Au petit matin, Ibai a quitté la prison de Basauri et est arrivé peu après à Berango pour participer à l’Ongi Etorri (l’accueil populaire) que les voisins et les militants voulaient lui offrir, malgré l’interdiction du gouvernement espagnol et la dissociation de la direction de la gauche nationaliste officielle qui demande « instamment » que l’accueil des prisonniers se fasse de manière discrète et privée. Accepter cet accueil était pour Ibai une nouvelle manière de critiquer les choix de cette direction et de la ligne adoptée par la gauche nationaliste officielle depuis que l’ETA a déposé les armes.

Ibai est populaire dans la localité, tout comme sa mère, qui l’a soutenu pendant ces 20 ans de lutte carcérale, mais Berango est aussi une ville particulière, rebelle et combattive. Dès les premières heures du matin, les rues étaient remplies d’affiches et de banderoles saluant l’événement. Celui-ci s’est déroulé parfaitement. Des centaines de personnes se pressaient dans le lieu. Il y était interdit d’entrer avec des téléphones portables et la presse espagnole était tenue à l’écart. L’assistance a scandé « Presoak kalera, amnistía osoa » (prisonniers dans les rues, amnistie maintenant) ou « Jotake Irabazi arte » (Lutte jusqu’à la victoire). Un concert a précédé la montée sur scène d’Ibai qui a reçu dix minutes d’ovation. Des discours ont suivi et une nouvelle ovation a salué l’arrivée à la tribune de la mère d’Ibai fleurie par les enfants de la localité. D’autres prisonniers étaient présents, comme Josemari Sagarduy (« Gatza »), arrêté à l’âge de 22 ans et libéré à 53 ans, ou Iñaki Etxeberría « Mortadelo », qui a purgé 25 ans de prison.

Ibai a ensuite pris la parole. Très ému, il a souligné sa joie de retrouver plusieurs camarades de lutte. Il a rappelé la situation d’autres prisonniers indépendantistes comme Kepa Preciado, Dani Pastor, « Txikito » et tous les prisonniers antifascistes, y compris ceux du PCE (r) et des GRAPO (voir notre dossier). Il a appelés à continuer à se battre et a terminé son discours en disant : « Je suis entré en prison comme militant de l’ETA et je suis sorti comme militant communiste », ce qui a provoqué la dernière ovation prolongée de cet événement mémorable.

Le prisonnier politique basque Mikel Otegi a été admis d’urgence à l’hôpital de Navarre la semaine dernière, de la prison d’Iruñea. Après avoir été testé positif au COVID19, il a été conduit au secteur COVID du centre hospitalier. Une fois cette infection surmontée, après avoir été testé négatif au COVID, Mikel a été emmené dans une autre section. Il y a subi des tests qui ont permis de lui diagnostiquer une tuberculose pulmonaire. Mikel Otegi fait partie du groupe de 19 prisonniers et prisonniers politiques basques atteints de maladies graves. Etxerat et d’autres organisations solidaires revendiquent la libération pour Mikel Otegi ainsi que pour les autres prisonniers et prisonniers politiques basques souffrant de maladies graves et incurables.

Le prisonnier politique basque Francisco José Ramada Estevez a été admis vendredi dernier dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital de Donostia, après avoir subi un incident cardiaque. Il a été transféré d’urgence après s’être évanoui dans la prison de Martutene, où il est actuellement détenu. Ramada Estevez, militant d’ETA, 58 ans, est en prison depuis 21 ans. Pendant son emprisonnement à Murcia I, à 830 km du Pays basque, il a subi une intervention chirurgicale, après laquelle ‘il avait été immédiatement transféré à nouveau en prison, malgré la douleur intense dont il souffrait encore. En juin 2020, il a été transféré à la prison d’Iruñea et finalement, l’année dernière, il a été transféré à Martutene. En septembre 2020, Ramada Estévez avait déjà purgé les trois quarts de sa peine, étant déjà dans la dernière phase de sa peine, ce qui devrait lui permettre d’avoir des permissions.

 

Comme chaque année, un appel a été lancé à manifester pour les droits des prisonniers de l’ETA le 8 janvier, mais en raison de la pandémie, et pour la deuxième année consécutive, la traditionnellement manifestations de masse (voir notre article sur la dernière en date) a été remplacée par 191 manifestations dans autant de villes du Pays basque pour demander la fin de la politique pénitentiaire d’exception pour les détenus et le transfert de tous ces derniers au pays. La moitié des prisonniers de l’ETA se trouvent toujours hors du Pays basque et que des mesures exceptionnelles continuent à s’appliquer à eux, tant en ce qui concerne le régime de détention qu’en ce qui concerne les libérations anticipées.