Depuis l’annonce lundi d’une opération militaire tuant neuf guérilleros kurdes, alors que le PKK respecte un cessez-le-feu unilatéral jusqu’au 20 septembre, le Kurdistan vit une émeute quasi-permanente qui s’étend de ville en ville, avec son cortège de blessés. Parmi eux un enfant de 13 ans, touché par une balle en pleine tête et qui est dans un état critique, plus proche de la mort que de la vie.

Hier, la police à tiré en l’air et s’est affrontée à plusieurs centaines de manifestants kurdes aujourd’hui sur une place centrale de d’Istanbul.
Des représentants de manifestants, rassemblés à l’appel du principal parti pro-kurde BDP. Les manifestants se sont ensuite heurtés à la police anti-émeutes, ont saccagé la devanture d’un hôtel et se sont pris à coup de pierres et de bâtons à trois voitures, dont une de la police, provoquant des dégâts. La police a tiré en l’air pour disperser la foule et a procédé à des arrestations.

Les neuf membres du PKK ont été tués lors d’opérations des forces de sécurité lancées dimanche dans la province de Hakkari (sud-est) après l’attaque par la guérilla d’un poste de gendarmerie de la zone.

Lundi, un membre du PKK a été abattu dans des affrontements avec les forces de sécurité dans la ville d’Eruh dans la province de Siirt. Treize membres du PKK basés en Irak, se sont rendus lundi aux forces de sécurité turques au poste frontière de la Khabur près de la ville de Silopi dans la province de Sirnak (photo).

Reddition de 13 membres du PKK

Reddition de 13 membres du PKK

Le premier ministre turc a admis l’existence de contacts entre des responsables turcs et le leader emprisonné du PKK Abdullah Öcalan, tout en niant qu’il s’agissait d’un « dialogue politique » : «En tant que gouvernement, nous ne nous assiérons jamais à la même table et n’aurons jamais de discussions avec une organisation terroriste ou ses représentants [mais] l’Etat dispose d’une agence de renseignement pour débloquer, résoudre certaines questions.» Le PKK avait affirmé que l’Etat turc s’était pour la première fois engagé à un dialogue. La trêve unilatérale décrétée le 13 août par le PKK pendant le ramadan serait le premier résultat de ces pourparlers.

Quatre rebelles kurdes (parmi lesquels deux femmes) et un soldat turc ont été tués vendredi au cours d’affrontements dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne. L’opération de l’armée turque dans la zone continue. Le PKK a décrété unilatéralement une trêve des combats pour la période du mois de jeûne musulman du Ramadan, qui a commencé le 11 août, comme il l’avait déjà fait d’autres années. Mais l’armée turque ignore ces annonces de trêve et poursuit ses opérations contre les rebelles kurdes. Jeudi 19 août, deux membres du PKK ont été tués dans des heurts avec des soldats.

Alors que la semaine a été particulièrement violente dans le sud-est de la Turquie, le week-end s’est poursuivi sur les mêmes bases. Lors de la contre-offensive des forces de sécurité menée suite à l’explosion d’un IED dimanche matin dans la province de Mardin, les soldats ont déclenchés des combats contre les membres du PKK tard dans la soirée. Les affrontements se sont déroulés dans la province de Batman, voisine de celle de Mardin. Cinq guérilleros ont été tués et deux soldats blessés au cours de la fusillade. Lors d’une déclaration publique lundi matin, la police a également affirmé avoir saisi plus de nonante kilos d’explosifs qui étaient en possession du PKK.

Un IED, vraisemblablement mis en place par les guérilleros du PKK a explosé dans la nuit de samedi à dimanche dans la province de Mardin. La bombe a été déclenchée au passage d’un véhicule militaire qui rentrait d’une patrouille de routine. Deux soldats ont été tués sur le coup, un troisième est mort à l’hôpital. Aucun des trois n’a pu être identifié et les autorités ont annoncé une contre-offensive à grande échelle afin de neutraliser les responsables de cette attaque.

Au moins quatre offensives ont été déclenchées par les guérilleros du PKK ce jeudi. Dans le district de Dogubeyazit (province d’Agri), les guérilleros ont tendu une embuscade à des soldats en patrouille, tuant l’un d’eux. Pendant ce temps, d’autres membres du PKK s’en sont pris aux occupants d’un commissariat de quartier dans le district de Dicle (province de Diyarbakir). Un soldat a été blessé à mort au cours de l’offensive. Dans la province de Van, un commissaire de police et un officier ont été blessés dans une attaque attribuée au PKK. Dans la région de Depin (province de Hakkari), des personnes suspectées d’être des guérilleros ont été repérées au cours d’une opération conjointe menée par la gendarmerie turque et les forces de police. Ces dernières leur ont ordonné de s’arrêter, mais les individus ont répondu en faisant feu. Trois membres suspectés du PKK ont été tués durant la fusillade et des grenades et des armes à longue portée ont été retrouvées sur les corps.

Par ailleurs, la police de la province du Diyarbakir a intercepté un véhicule transportant pour de soixante kilos d’explosifs après avoir reçu l’information que le PKK projetait une attaque à la voiture piégée. Grâce à divers renseignements obtenus de leurs informateurs, les forces de l’ordre ont retrouvé la voiture et placé le conducteur en garde à vue.

Un policier et trois rebelles kurdes ont été tués au cours d’une attaque à la roquette lundi soir visant des bâtiments de la police au Kurdistan. L’attaque des guérilleros du PKK a visé le quartier général et des habitations de la police à Eruh, dans la province de Siirt, pendant une coupure d’électricité. Elle a été suivie d’une fusillade durant laquelle trois des assaillants ont été tués.