À partir du 15 décembre prochain, les Thaïlandais qui voudront acquérir une carte SIM devront obligatoirement fournir leurs empreintes digitales ou une photo. La junte militaire thaïlandaise rejoint avec ses mesures le Bangladesh, l’Arabie saoudite et le Pakistan. Les empreintes ou la photo seront ensuite comparées aux données du registre national des cartes d’identité, afin de vérifier que l’identité fournie est vraie. Officiellement, la junte présente l’opération comme une sécurisation des paiements par téléphone. Les touristes et étrangers seront également concernés, puisque la photo prise au moment de l’achat sera comparée à la photo du passeport.

Thaïlande : Il faut désormais donner ses empreintes digitales pour acheter une carte SIM

Thaïlande : Il faut désormais donner ses empreintes digitales pour acheter une carte SIM

Après cinq ans de lutte juridique, un tribunal a confirmé l’interdiction de la diffusion d’une adaptation cinématographique de la pièce Macbeth de Shakespeare. Le 11 août, le tribunal administratif a interdit Shakespeare Must Die, un film politique avec des références au massacre des étudiants du 6 octobre 1976 et la violence politique lors des manifestations des chemises rouges. Des scènes du film font références au massacre de Thammasat (6 octobre 1976) par les forces de police thaïlandaises et des bandes paramilitaires d’extrême-droite qui attaquèrent un cortège d’étudiants et de travailleurs à l’université Thammasat faisant plus d’une centaine de mort. La mobilisation s’opposait au retour du dictateur militaire Thanom Kittikachorn.

Bien que le film ait bénéficié d’un financement du ministère de la Culture, il a été rejeté par les censeurs en 2012 au motif que certaines parties du film portaient sur des questions sensibles qui pourraient «diviser le peuple». Le ministère a déclaré que le film pourrait être montré dans le pays à la condition de couper certaines scènes. Une proposition que la réalisatrice Ing Kanjanavanit a refusé.

Shakespear must die

Shakespear must die

Un Thaïlandais de 34 ans a été condamné vendredi à trente-cinq ans de prison pour «crimes de lèse-majesté» par un tribunal militaire, pour avoir posté sur Facebook une dizaine de messages, photos ou vidéos concernant la famille royale. Dans un pays où le roi est une figure semi-divine, toute critique ou moquerie de la famille royale, chien compris, est très mal vue. Mais le prétexte de «lèse-majesté» est aussi une arme absolue contre toute revendication républicaine et toute critique de l’immense fortune amassée par la famille royale. Depuis l’arrivée au pouvoir des militaires à la suite d’un coup d’Etat en mai 2014, les condamnations pour ce motif se sont multipliées (voir notre article).

On ne peut savoir ce que contiennent les messages postés par Vichai Thepwong, un vendeur d’assurances qui avait été arrêté dans la ville de Chiang Mai en 2015, car les médias qui les évoqueraient tomberaient eux aussi sous le coup de l’article 112, qui punit l’insulte à la monarchie. L’accès du tribunal avait été interdit à la presse. L’homme a été condamné à sept ans de prison pour chaque post, et la peine a été réduite de moitié car il a plaidé coupable. Le même jour, la cour a condamné à cinq ans de prison, ramenés à deux ans et demi pour la même raison, un tailleur identifié sous le nom de Chaliew, pour des propos «diffamatoires pour la famille royale» tenus sur une radio en ligne. Chaliew se trouvait en détention préventive depuis trois ans. Une centaine de personnes sont en prison pour «lèse-majesté», y compris un adolescent de 14 ans accusé d’avoir mis le feu à un portrait du roi défunt.

Vichai Thepwong

Vichai Thepwong

Trois ONG thaïlandaises de protection des droits de l’homme ont publié un rapport en début d’année qui recense les cas de torture dans des camps militaires. Il s’appuie sur des témoignages précis, mais l’identité des victimes n’est pas mentionnée, afin de les protéger. L’armée a intenté un procès aux directeurs de ces ONG pour diffamation et violation de la loi informatique. Ce que les militaires reprochent surtout à ces militants, c’est d’avoir refusé de leur donner les noms des victimes. Pour les défenseurs des droits de l’homme, si l’identité des victimes est révélée, les militaires iront immédiatement les menacer.

Un second procès concerne la mort d’un conscrit dans un camp militaire suite aux mauvais traitements. Il s’était enfui du camp militaire parce qu’il trouvait l’entraînement trop dur. Rattrapé, il a été battu avec une canne en bambou, traîné nu sur une surface en béton, et du sel a été mis sur ses plaies pour augmenter la douleur. Le conscrit est mort de ses blessures peu après. Sa nièce a rendu publique l’affaire, et l’armée, qui a pourtant reconnu les faits dans un rapport interne et dédommagé la famille, a intenté un procès en diffamation contre cette jeune femme. En Thaïlande, les lois générales ne s’appliquent aux militaires que si leur commandement l’accepte. En fait, les militaires échappent aux lois pénales dans la plupart des circonstances parce qu’une clause d’immunité juridique est très souvent ajoutée aux lois concernant les actions des militaires.

L’armée thaïlandaise: un état dans l’état

L'armée thaïlandaise: un état dans l'état

Un Thaïlandais de 27 ans a été arrêté pour avoir partagé une infographie sur la corruption de la junte au pouvoir et « liké » sur Facebook une image jugée offensante pour le roi de Thaïlande. « Le 2 décembre, il a cliqué ‘like’ sous un photo du roi le montrant sous un jour négatif et il l’a partagée avec 608 amis », a annoncé jeudi le colonel Burin Thongprapai, représentant de la junte, pour justifier la mise en examen de l’internaute. L’homme, un ouvrier de l’industrie automobile a été arrêté près de Bangkok et risque jusqu’à 32 ans de prison pour avoir notamment partagé une infographie expliquant les ramifications d’une affaire de corruption qui embarrasse la junte. L’affaire qui aura valu une arrestation à l’internaute concerne le projet pharaonique du parc Rajabhakti, dédié à la dernière dynastie des rois de Thaïlande, dans lequel des hauts responsables militaires sont accusés de corruption.

Le centre d’opération de cyber sécurité (CSOC) scanne des milliers de pages en Thaïlande.

Le centre d'opération de cyber sécurité (CSOC) scanne des milliers de pages en Thaïlande.

Depuis près d’un mois, les producteurs de caoutchouc manifestent pour dénoncer l’inertie du gouvernement concernant les prix du caoutchouc alors que celui-ci est en chute libre depuis 2011. Le week-end dernier, les producteurs ont refusé une offre du gouvernement de subventionner les prix, ravivant les manifestations. Dimanche soir, la police est intervenue pour déloger un groupe de protestataires qui bloquaient une voie de circulation. Mais lundi matin, ces derniers avaient repris le contrôle du carrefour en question, entraînant cette fois une violente intervention policière. Les forces anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes contre la foule. Les manifestants ont répliqué en lançant des pierres, des briques et des sacs remplis d’acide liquide. Huit véhicules ont été incendiés et des coups de feu ont été tirés. Plus de 70 personnes, policiers et manifestants, ont été blessés.

Manifestation des producteurs de caouthcouc

Manifestation des producteurs de caouthcouc