Un poste de police a été incendié dimanche dans le gouvernorat de Gafsa (sud-ouest) après la publication la veille des résultats d’un concours d’embauche à la CPG (Compagnie des Phosphates de Gafsa), principal employeur dans la région. De jeunes chomeurs s’estimant injustement écartés du programme de recrutement ont incendié un poste de police à El Ktar, à environ 7 km de la ville de Gafsa, dans la nuit de samedi à dimanche. D’autres ont coupé la route menant de Gafsa à Gabès (sud), où sont traités les phosphates, et ont renversé un camion de phosphates sur la chaussée, avant d’être dispersés à coup de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre. La publication en novembre d’un premier concours de recrutement avait entraîné des violences dans le bassin minier qui s’étaient poursuivies plusieurs jours.

Plusieurs personnes ont été blessées samedi lors d’une manifestation de diplômés chômeurs dispersée par la police dans le centre de Tunis. Pour empêcher l’accès à l’avenue centrale Habib Bourguiba, interdite aux manifestations depuis plusieurs mois, la police a tiré des gaz lacrymogènes et a donné des coups de matraques. Une vingtaine de manifestants ont été blessés et ont dû être évacués en ambulance. Les autorités ont signalé que six policiers avaient également été blessés par des jets de pierre.

Gaz lacrymogène à Tunis

Gaz lacrymogène à Tunis

La contestation envers le nouveau régime tunisien grandit. Depuis mardi des mouvements de jeunes chômeurs bloquent totalement l’activité économique, l’accès et les transports à Sakiet Sidi Youssef grâce à des barricades et à des incendies de pneus. Dès jeudi la police est intervenue pour débloquer l’entrée du gouvernorat de Gasfa, les bloqueurs avaient alors bloqué l’entrée du centre-ville. La police a répliqué à coups de gazs lacrymogènes et les bloqueurs ont riposté immédiatement par des jets de pierre.

Après Sbeitla et Douz, c’est au tour de Sidi Bouzid d’être le théâtre de violents accrochages entre deux groupes de personnes. Ces affrontements se sont déroulés hier samedi. Tout aurait commencé quand un groupe de fidèles a « conseillé », à la sortie d’une mosquée, à un autre groupe de jeunes, de cesser de jouer les anarchistes et d’arrêter de créer des problèmes dans les rues de la région. Le « conseil » a été très musclé puisque le groupe de fidèles a agressé l’autre puis s’en est pris aux jeunes filles qui ne portaient pas le voile. Ces dernières ont été menacées. Par la suite, le groupe de jeunes est revenu renforcé et armé de pierres pour riposter. Le groupe des fidèles s’est réfugié dans la mosquée.

En fin de matinée hier, plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées sur l’artère principale de Tunis dans le but de se rendre devant le ministère de l’intérieur pour exiger le départ du gouvernement. Leur mouvement a immédiatement été empêché par des unités anti-émeutes, dont plus de dix blindés bloquaient la route. Ils ont été repoussé vers le centre-ville où ils ont été accueillis par la police. Celle-ci les a dispersé à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Plus tard dans la journée, la police a encore chargé des manifestants qui tentaient de se regrouper à nouveau dans le centre.

Plus de 2000 personnes ont par ailleurs pu se rassembler devant la Bourse du travail, encadrées par un lourd dispositif policier. D’importantes manifestations ont également eu lieu à travers le pays, toutes sous les mêmes slogans: ‘Tunisie libre, voleurs dehors!’ et ‘Le peuple veut le départ du gouvernement!’.

Manifestation à Tunis

Manifestation à Tunis

Un garçon de 14 ans a été tué et deux autres parsonnes ont été blessées par balles dans la nuit de dimanche à lundi à Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, lors de la dispersion d’une manifestation par la police. Les affrontements avec la police (jets de pierre et de coktails Molotov) ont duré jusqu’à 3 heures, et neuf personnes ont été arrêtées. Un des deux blessés est dans un état grave. Il s’agit de la première victime d’une série d’incidents qui ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs villes du pays. Plusieurs postes de police ont notamment été attaqués au cours du week-end, faisant six blessés dont quatre grièvement parmi les forces de l’ordre.

Sidi Bouzid se situe dans le centre de la Tunisie, région défavorisée où a commencé à la mi-décembre 2010 le soulèvement populaire qui a abouti à la chute du président Ben Ali. L’immolation d’un jeune vendeur de légumes de Sidi Bouzid avait déclenché les émeutes qui ont ensuite essaimé dans tout le pays. Depuis la chute de Ben Ali, les grèves et manifestations se sont multipliées dans le pays et la colère monte face à l’absence de changement.

manifestation à Sidi Bouzid

manifestation à Sidi Bouzid

Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, les campagnes sécuritaires entreprises par les unités de la sécurité publique, de la Garde nationale et de l’armée, sur différentes zones du territoire Tunisien depuis l’annonce du couvre-feu du 7 au 16 mai 2011, ont débouché sur l’arrestation de 1.400 personnes accusées de différents crimes et délits, mais la grande majorité pour pour incitation à l’anarchie, à la violence et à la provocation d’incendie dans diverses institutions et biens privés et publics.

Le couvre-feu, qui a été levé hier mercredi, avait été instauré après plusieurs journées de troubles précédées par des manifestations anti-gouvernementales durement réprimées par les forces de l’ordre. Des jeunes, parfois armés de couteaux, de chaînes, de sabres et de cocktails Molotov avaient notamment incendié des commissariats et des postes de la garde nationale dans les cités de Mnihla, d’Intilaka, d’Ibn Khaldoun, d’El-Mourouj V, dans la banlieue de Tunis et à Kasserine (centre-ouest de la Tunisie).

Tunis a de nouveau été dimanche le théâtre d’une confrontation entre manifestants anti-gouvernementaux et policers au lendemain de l’imposition d’un couvre-feu. A Ettadhamen, une banlieue défavorisée, des bandes de jeunes se sont livrés à des pillages et saccages dans la nuit de samedi à dimanche malgré le couvre-feu. Des islamistes se sont mobilisés pour tenter de rétablir l’ordre en l’absence d’intervention des forces de l’ordre.

Dimanche, dans le centre de Tunis, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui s’étaient réunis pour la quatrième journée consécutive. Au nombre d’environ 200, ils ont entonné à plusieurs reprises l’hymne national avant de scander des slogans hostiles à la police qui leur a demandé de se disperser. Mais les manifestants qui réclament plus de réformes malgré la chute du régime autoritaire du président Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier, ont de nouveau scandé « gouvernement dégage », « flics, bande de lâches ». Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, dispersant les manifestants. De petits groupes sont revenus mais un important dispositif policier restait déployé sur l’avenue. Deux motards, dont l’un portait un couteau, ont été arrêtés. Un couvre-feu nocturne avait été décrété samedi soir à Tunis et dans sa banlieue, de 21H00 à 05H00 (22H00 à 06H00 GMT) pour une durée indéterminée.

Cinq postes de police et de la garde nationale ont été incendiés dans les troubles qui ont secoué Tunis et sa banlieue samedi avant l’entrée en vigueur du couvre-feu nocturne, a-t-on appris dimanche auprès du ministère de l’Intérieur. Des jeunes armés de couteaux, de chaînes, de sabres et de cocktails Molotov ont incendié des commissariats et des postes de la garde nationale dans les cités de Mnihla, d’Intilaka, d’Ibn Khaldoun, d’El-Mourouj V et dans la ville de Kasserine.Le couvre-feu n’a pas empêché des scènes de violences et de chaos dans la grande banlieue, notamment la cité d’Etthadamen. Le principal mouvement islamiste Ennahda (Renaissance) a déployé un nombre de volontaires pour protéger les gens des pillages. Un hélicoptère de l’armée équipé d’un projecteur a survolé la zone en prenant des [fond rouge]photos[/fond rouge]

Ce vendredi, quelques 200 Tunisiens s’étaient rassemblés dans le coeur de Tunis pour réclamer la démission du gouvernement transitoire et une nouvelle révolution. Après avoir scandé différents slogans durant une vingtaine de minutes devant un important cordon policier, les forces de l’ordre ont chargé la foule en tirant massivement des gaz lacrymogènes. La majorité des effectifs policiers était cagoulée. Plusieurs manifestants ont été frappés à coups de matraques et de bâtons et l’un d’entre eux est décédé des suites de ses blessures.

Samedi, à Tozeur, dans le sud tunisien, les manifestants s’étaient rassemblés pour réclamer le départ du gouverneur (préfet) et d’autres responsables de la région. Assez rapidement, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser la foule qui aurait tenu des propos portant atteinte au responsable. Elles ont effectué des tirs de sommation, blessant un manifestant qui a immédiatement été transporté à l’hôpital après avoir été atteint à la poitrine. Selon les médecins, son état serait stable.

A Tunis, une nouvelle manifestation a eu lieu dans le centre-ville. Une centaine de jeunes s’étaient rassemblées pour scander des slogans hostiles au gouvernement et protester notamment contre la nomination du nouveau ministre de l’Intérieur. Là aussi, les forces de l’ordre sont intervenues en masse par des jets de gaz lacrymogènes afin de disperser le rassemblement.