3 militantes européennes de Femen ont été condamnées à 4 mois et 1 jour de prison en Tunisie au motif de ‘atteinte à la pudeur et aux bonnes moeurs’. D’autres militantes ont manifesté leur solidarité à Bruxelles ce matin, Place du Luxembourg.

Des militantes de Femen Place du Luxembourg à Bruxelles

Des militantes de Femen Place du Luxembourg à Bruxelles

Sur le site tunisien de Fouchada de l’entreprise française SEA Latélec, productrice de câbles aéronautique, filiale du groupe Latécoère, lui-même sous-traitant de Airbus, pendant plusieurs années, les 450 salariées ont travaillé pour moins de 150 euros par mois, et sans représentation syndicale. En 2010, deux ouvrières ont créé une section locale de la puissante UGTT et réussissent à mobiliser une grande partie de leurs collègues. Plusieurs ouvrières sont suspendues ou licenciées, suite à des manifestations, les syndicalistes étant les premières visées et la direction se livre à un chantage à la délocalisation. Mais les salariées tiennent bon et la mobilisation s’étend dans la région, pilier industriel de la Tunisie, gagnant plusieurs usines textile.

Hier soir, on a tiré quatre balles sur la maison du camarde Mohamad Al Rajhi, responsable de Front Populaire à Nafta (sud de la Tunisie) et representant du Secours Rouge Arabe. Dans cette maison habite égalememnt son frère, Moez Al Rajhi, lui aussi membre du Front Populaire. Cette attaque est clairement une tentative d’intimidation de notre camarade pour son engagement politique, dans le cadre des campagnes de menaces et d’agressions des islamistes du mouvemement Ennahdha.

Tunisie: Intimidation contre le représentant du Secours Rouge Arabe

La région de Mdhilla a connu, mercredi 27 mars, des affrontements entre des manifestants et les forces de l’ordre. Ces incidents interviennent, suite à des protestations de jeunes chômeurs de la région réclamant le recrutement dans la Compagnie Phosphate Gafsa (CPG). Les affrontements se sont poursuivis pendant la nuit et les forces de l’ordre ont utilisé des grenades lacrymogènes mais aussi des chevrotine contre les manifestants qui ont attaqué le siège du parti Ennahdha, saccageant au passage mobilier et détruisant des documents. Des blessés et quelques arrestations sont à dénombrer du côté des manifestants.

Tunisie: La police tire à la chevrotine contre des manifestants

Depuis mercredi, les manifestations se sont multipliées à travers la Tunisie pour dénoncer l’assassinat de Chokri Bel Aid, et plus largement pour s’opposer au gouvernement au pouvoir depuis le renversement de Ben Ali. Tard hier soir, le ministère de l’Intérieur a publié un bilan humain partiel de ces trois jours, partiel car il ne dresse pas l’état des lieux des victimes civiles. Par contre, il mentionne le décès d’un policier, tandis que 39 autres ont été blessés. 375 personnes ont été arrêtées par les forces anti-émeutes. Enfin, il signale qu’une dizaine de postes de forces de l’ordre ont été attaqué entre mercredi et vendredi.

C’est cet après-midi que se sont déroulées les funérailles de Chokri Bel Aid, membre du Front Populaire assassiné mercredi à Tunis. En marge de celles-ci, le General Union of Tunisian Workers (UGTT) avait lancé un appel à la grève générale. Celle-ci s’est révélée être la grève la plus importante en Tunisie depuis celle du 14 janvier 2011, jour de la fuite de Ben Ali vers l’Arabie Saoudite. Les autorités avaient fait déployer les forces de sécurité en masse à travers la ville et celles-ci ont à nouveau fait preuve d’une extrême violence. De nombreux rassemblements se sont formés durant la journée dans divers quartiers de la ville et ont tous invariablement été réprimés. Des dizaines de milliers de personnes s’étaient jointes au cortège funèbre au cours duquel se sont élevés de nombreux slogans tels que ‘Avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr’ et ‘Le peuple veut une nouvelle révolution’. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient d’incendier ses véhicules devant le cimetière. Dans le centre-ville, les policiers usant de bâtons et de gaz sont intervenus face à des dizaines de personnes qui scandaient des slogans anti-gouvernement. A Gafsa, qui avait déjà été le théâtre de manifestations hier, les forces anti-émeutes ont à nouveau fait usage de la force aujourd’hui pour disperser un rassemblement, notamment grâce à des tirs de gaz lacrymogènes. Le commissariat de la ville minière à été incendié au cours de la manifestation.

Policiers à Tunis

Chokri Bel Aid, militant communiste et membre de l’opposition tunisienne a été assassiné mercredi à Tunis. Hier, le Front Populaire (coalition de divers partis de gauche et d’extrême gauche) auquel il appartenait a organisé des ‘funérailles symboliques’ pour rendre hommage à Bel Aid. Des centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le siège du gouverneur de Gafsa. Les forces de l’ordre étaient présentes en nombre et ont été la cible de cocktails Molotov après avoir tiré des gaz lacrymogène pour disperser la foule. De semblables affrontements s’étaient déjà déroulés la veille à Tunis, faisant un mort dans les rangs policiers.

Chokri Bel Aid

Chokri Bel Aid

Le ministre de l’intérieur français n’ayant toujours pas signé l’arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban, celui-ci reste détenu malgré la décision de libération prise par le tribunal d’application des peines. Le transfert de Georges pour le Liban a été reporté au 28 février. Les mobilisations continuent dans plusieurs pays européens et arabes (Maroc, Tunisie, Jordanie, Liban et Palestine).

France: Georges Abdallah toujours en prison

La ville de Le Kef a été le théâtre, ce mercredi 16 janvier de violents affrontements entre des jeunes de la région et les forces de l’ordre avec des jets de projectiles (pierres et cocktails Molotov) d’un côté et du gaz lacrymogène et des tirs de sommation de l’autre côté, et ce à la suite de la grève générale qui a eu lieu en ce jour même. Un groupe de 500 jeunes a attaqué le poste de police et le district de sécurité du Kef en essayant vainement de les incendier ainsi que le bureau local d’Ennahdha.

La vie économique et sociale a été paralysée aujourd’hui au Kef à la suite de la grève générale lancée à l’appel de l’union régionale du travail du Kef. Ainsi, les commerces, administrations et établissements scolaires et universitaires sont restés fermés alors que le secteur du transport dans la ville du Kef et les autres villes du gouvernorat a été sérieusement perturbé vu que les bus de transport public et les voitures  »louages » étaient également en grève. Seuls les hôpitaux, les boulangeries et les pharmacies ont été ouverts.

Depuis mardi, les habitants de Siliana dans le sud-ouest de la Tunisie manifestent dans les rues de la ville pour dénoncer les violences dont ils sont victimes, exiger la libération de quatorze personnes détenues depuis les événements d’avril 2011 ainsi que la démission du gouverneur. Chaque jour, les rassemblements sont violemment réprimés par les forces de l’ordre qui ont déjà fait plus de 300 blessés. Hier, deux véhicules blindés supplémentaires sont venus renforcer les effectifs déployés qui ont été la cible de jets de cocktails Molotov. Les policiers ont procédé à des tirs de sommation et ont fait usage d’une grande quantité de gaz lacrymogène. Un policier a déclaré ce vendredi à la presse: ‘Si on nous y autorise, je n’hésiterai pas à tirer des balles réelles’.