Les autorités turques viennent de publie ce qui constitue un premier bilan chiffré des frappes menées depuis le 17 août par l’armée dans les montagnes irakiennes. Selon elles, entre 90 et 100 guérilleros du PKK ont été abattus (elles utilisent plutôt le terme ‘neutralisés’) et 80 autres ont été blessés. En ce qui concerne l’infrastructure, l’armée affirme avoir frappé et endommagé, voir détruit, 14 installations, huit dépôts de vivres, un dépôt de munitions, neuf canons de DCA, 18 cavernes et 79 caches. Selon la déclaration de l’état-major, 349 cibles situées dans les montagnes Kandil et dans les régions de Khakurk, de Avasi-Basyan et de Zap ont été touchées par des tirs d’artillerie lourde alors que 132 cibles ont été touchées par des frappes aériennes. Les autorités ont affirmé qu’un grand nombre de guérilleros leur avait échappé et estime à 2000 le nombre d’entre eux actuellement retranchés dans les montagnes du Kurdistan irakien. En outre, elles ont affirmé que les raids allaient se poursuivre.

117 villages dans la région Amediye de Dihok et 7 villages dans les régions de Sidekan et de Kandil ont dû être évacués à la suite des raids aériens turcs au dessus de la Région Autonome du Kurdistan irakien (Kurdistan sud). Près de 170 villages auraient été aussi évacués dans la région Amedi également visée par l’aviation turque. A chaque famille contrainte de quitter son village il est promis une indemnité de 30 millions de dinars. Des villages ont été aussi évacués dans la région de Metina; il s’agit des villages de Mêrga Çiya, Yekmalê, Hêsê, Xirabe, Sêlaza, Dergelê, Pîrka, Bêsîlê, Bêlîzanê, Bazê. Les régions de Haftanin et Xirabe ont été touchées, entrainant l’évacuation de 10 à 15 villages.

Trois villages, au moins, ont été frappés par les raids aériens que mènent depuis cinq jours l’aviation turque, causant d’énormes dégâts. Des avions de combat qui pilonnent depuis 5 jours la région de Kandil ont poursuivi un véhicule civil qui tentait de fuir le village de Golle qu’ils étaient en train de bombarder ; le véhicule a été touché et les 7 personnes (dont une femme et 4 enfants) qui avait pris place à bord ont été tuées sur le coup.

L’aviation turque a mené, vendredi, pour la troisième nuit consécutive, des raids dans le nord de l’Irak, et bombardé 85 cibles attribuées au PKK, a annoncé samedi 20 août l’armée turque, sans fournir de bilan sur d’éventuelles victimes et de dégâts. La Turquie a repris le bombardement aérien après l’attaque de mercredi qui a fait neuf morts parmi les services de sécurité turques au Kurdistan. Depuis juillet, les attaques attribuées au PKK ont coûté la vie à une quarantaine de soldats et de policiers. Les cibles bombardées se situent dans les zones de Hakurk, Avasin-Basyan et Zap, au Kurdistan irakien.

La Turquie a adopté jeudi une « nouvelle stratégie » qui prévoit notamment de combattre les rebelles avec des troupes militaires entièrement professionnelles mais aussi avec des unités spéciales de la police. Certains analystes militaires cependant estiment que les frappes aériennes ne suffiront pas à ébranler le PKK dans la montagne irakienne et insistent sur la nécessité d’une opération terrestre.

Les autorités n’ont pas tardé à réagir à l’action menée ce mercredi par les guérilleros du PKK. Celle-ci avait entraîné la mort de huit soldats de l’armée turque. Vers 15h, le gouvernement turc a pris la décision de mener une offensive aérienne contre les bases de guérilleros retranchés à la frontière turco-irakienne. Suite à cette décision, un drone a survolé la zone afin de localiser les cibles. Vers 20h, quatorze F-16 ont décollé de la base aérienne de Diyarbakir. Ils ont pris pour cible les installations électriques du PKK avant de se concentrer sur d’autres objectifs, dont les supposés camps de plusieurs dirigeants de la guérilla. La première vague de frappes aériennes s’est terminée vers 23h. La seconde a été déclenchée vers 2h45 et s’est à nouveau focalisée sur les camps. Par ailleurs, les autorités ont annoncé que 168 cibles supplémentaires avaient été frappées par d’intenses tirs d’artillerie depuis la frontière turque. A l’heure qu’il est, aucun bilan n’a été communiqué. Mais les autorités ont publiquement annoncé que de telles opérations seraient reconduites, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Mercredi, des guérilleros du PKK ont pris un convoi de l’armée turque en embuscade à Cukurca (province de Hakkari). Sept soldats et un officier sont décédés, alors que onze soldats supplémentaires ont été grièvement blessés. Selon les autorités, deux IED auraient explosé simultanément au passage de la colonne de véhicules. S’en serait suivi une fusillade de plus de deux heures entre les deux camps. Des forces supplémentaires ont été envoyées dans la zone pour tenter de mener une offensive contre les guérilleros qui intensifient leurs actions depuis plusieurs semaine.

Déploiement de l’armée turque

Déploiement de l'armée turque

A cinq heures du matin ce lundi, trois soldats circulant dans un véhicule militaire à 15 kilomètres de la frontière iranienne ont été blessés dans l’explosion d’un IED. Celui-ci a été déclenché au passage de la jeep sur la route reliant les villages de Kecikayasi et Orenbuç dans la province de Van par des guérilleros du PKK. Plus tard dans la journée, un soldat a été tué dans une fusillade à proximité des montagnes de Zorkun dans la province d’Oosmaniye. Un groupe de guérilleros a pris d’assaut une unité de l’armée qui était déployée sur le terrain dans le cadre d’une opération de ratissage. Un soldat a été tué et un autre blessé dans l’affrontement. Enfin, dans la province de Sirnak, des militants du PKK ont attaqué deux postes avancés des forces de sécurité. Ces derniers ont battu en retraite vers le nord de l’Irak après une fusillade qui a duré plus d’une heure et demi. Des membres de l’armée les ont pris en chasse et des hélicoptères de combat Cobra ont bombardé les routes leur permettant de s’échapper. Néanmoins, aucun guérilléro n’a été repris.

Jeudi, nous vous annoncions la décision prise par les autorités turques de procéder à l’exhumation d’une fosse commune suite à la lutte acharnée de Hüsnü Yildiz dont le frère, combattant d’une unité de propagande du DHKP-C a disparu depuis de longues années. Les fouilles ont commencé vendredi à trois endroits différents autour de la ville de Cemisgezek. Samedi matin, les restes de quinze corps, dont probablement celui d’Ali Yildiz, ont été exhumés. Les autorités vont maintenant procéder au prélèvement d’échantillons d’ADN pour les identifier. Hüsnü Yildiz devrait annoncer la fin de la grève de la faim qu’il menait depuis plus de septante jours ce dimanche.

Fouilles d’un charnier en Turquie

Fouilles d’un charnier en Turquie

Fouilles d'un charnier en Turquie
Fouilles d'un charnier en Turquie

Les fouilles du charnier dans lequel gisent le corps d’Ali Yildiz ainsi que ceux de 18 autres maquisards assassinés par des tirs de tank en avril 1997 commenceront ce vendredi 12 août au matin. Cet engagement pris par les autorités turques est une victoire importante car il est une reconnaissance implicite des crimes commis par l’Etat et ouvre la voie à l’exhumation d’autres fosses communes. C’est le fruit d’une lutte de longue haleine de Hüsnü Yildiz, grand frère de la victime qui mène une grève de la faim depuis 63 jours et qui la poursuivra jusqu’à ce que les ossements de son frère lui soient restitués.
La famille Yildiz ainsi que de nombreux sympathisants issus de divers mouvements politiques, syndicaux et culturels se sont donnés rendez-vous demain matin à 9h30 à l’endroit exact où se situe le charnier dans lequel se trouve Ali Yildiz, aux abords de la caserne de la gendarmerie de Cemizgezek.

Le rassemblement de ce vendredi 12 août à 15h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles pour demander l’ouverture du charnier est suspendu.