Billy Wright avait adhéré en 1975 à l’Ulster Volunteer Force. L’UVF était une organisation paramilitaire loyaliste d’Irlande du Nord créée en 1912 pour lutter contre le mouvement indépendantiste. Refondée en 1966, officiellement interdite mais bénéficiant de profondes complicités dans les forces de sécurité, elle tuera 426 personnes, des militants républicains mais aussi, dans une volonté de terreur, des Irlandais qui étaient simplement catholiques. Dirigeant de l’UVF à Portadown, Wright avait dénoncé en 1986 les négociations de paix et avait profité des grandes marches protestantes, qui célèbrent l’écrasement des catholiques et la soumission de l’Irlande à la couronne britannique, pour organiser une violence de rue dirigée contre les catholiques.
Après une éclipse de cinq ans en politique, il affirme au début des années 90 avoir « rencontré Dieu » et consacré sa vie « à la défense du peuple protestant ». Il réintègre alors l’UVF et reprend son activité dans les escadrons de la mort, mais peu après, en 1994, l’UVF accepte le cessez-le-feu proposé (et entamé) par l’IRA. Billy Wright entre en dissidence et avec une centaine de clandestins de l’UVF de Portadown, il fonde la LVF (Loyalist Volunteer Force). La LVF va poursuivre une politique d’assassinats, essentiellement des prolétaires catholiques sans activité politique.
Billy Wright
Surnommé le « Rat roi », Wright était un anticommuniste déclaré, lié à des groupes d’extrême droite chrétiens des États du sud des États-Unis, et entretenant des relations étroites avec l’organisation néo-nazie « Combat 18″, basé à Bolton. Véritable psychopathe, Billy Wright prolongeait l’exécution en »discutant » avec ses victimes avant de les abattre. Billy Wright avait été condamné à mort par l’IRA (qui a tenté à six reprises de l’exécuter, parvenant une fois à le blesser). Son ancienne hiérarchie paramilitaire protestante, adhérant au processus de paix, lui avait ordonné de quitter l’Irlande du nord le 1er septembre 1997 avant minuit, sous peine de mort. Arrêté pour un motif mineur mais convaincu par la suite de trois meurtres (il en aurait personnellement commis une dizaine et ordonné des dizaines), Wright avait été enfermé au bloc 6 de la prison de Maze.
Dans la matinée du samedi 27 décembre 1997, trois prisonniers de l’INLA – Christopher « Crip » McWilliams, John « Sonny » Glennon et John Kennaway, armés de deux pistolets, ont quitté l’aile des prisonniers de l’INLA, ont traversé le terrain de sport voisin, sont passés par un trou préparé à l’avance dans le grillage, sont montés sur le toit de leur aile pour accéder à la cour où Wright montait dans le van amenant les prisonniers au bloc des visites. Après avoir tiré sept balles sur Wright, les trois volontaires de l’INLA se sont rendu en présentant un communiqué de l’INLA. L’opération, ordonné par le commandement de l’INLA (qui n’avait pas encore acceptée le cessez-le-feu) avait été soigneusement planifiée et parfaitement exécutée.
Le plan de l’opération
Le plan général de la prison de Maze
Les paramilitaires de la LVF ont répliqué à leur manière: en s’en prenant à des civils de l’autre communauté. La nuit même, un de leur commando mitrailla des jeunes gens qui sortaient d’une discothèque d’un quartier catholique. Plusieurs meurtres suivirent. Le 20 octobre 1998, les trois membres de l’INLA qui avaient exécuté Billy Writht ont été condamnés à la prison à vie. Dans l’intervalle, l’INLA avait rallié le cessez-le-feu et ses prisonniers allaient progressivement être libéré dans le cadre du programme de libérations anticipées liée aux accords de paix.
symbole de l’INLA