Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La prisonnière politique guévariste Gabriela Gallardo a été victime de nouveaux mauvais traitements. Lors d’une fouille menée par la police militaire et des agents du renseignement le 30 novembre, ses effets personnels ont été détruits et de nombreux articles essentiels, pourtant autorisés, ont été confisqués ou volés, notamment une partie de ses médicaments, ses compléments alimentaires et certaines nourritures, ainsi que ses produits d’hygiène. Cette situation s’ajoute à une longue liste d’abus (détention arbitraire, conditions inhumaines, suspension de régime médical, harcèlement systématique) qui vise à briser physiquement et psychologiquement la militante. Ses soutiens exigent la restitution immédiate de ses biens, le rétablissement de son régime alimentaire spécial, l’arrêt du harcèlement et, évidemment, sa libération immédiate.

Une enquête du journal Le Monde révèle que les données publicitaires collectées par les applications mobiles permettent d’identifier, avec précision et parfois certitude, l’identité, le domicile et les déplacements de dizaines d’agents français : espions de la DGSE, policiers de la DGSI, gendarmes du GIGN, militaires liés à la dissuasion nucléaire ou encore cadres de l’armement et personnels de centrales nucléaires. Issues d’une base de données vendue par un courtier en données (une entreprise qui collecte et revend massivement des informations personnelles comme la géolocalisation provenant d’applications mobiles), ces données rendent visibles des lieux ultrasensibles comme l’île Longue ou Villacoublay et exposent également des proches, permettant une exploitation par des États hostiles ou des groupes criminels. Les services de sécurité admettent prendre ces risques en compte et rappeler des règles d’hygiène numérique, mais l’enquête montre que l’industrie opaque des « data brokers » continue de vendre des informations permettant de suivre les habitudes quotidiennes d’individus pourtant chargés des missions les plus protégées de l’État.

L’administration états-unienne veut obliger les voyageurs exemptés de visa, notamment les Belges, Français, Britanniques ou Japonais, à fournir cinq ans d’historique de leurs réseaux sociaux, ainsi que leurs numéros de téléphone, adresses électroniques et certaines informations familiales, selon un avis publié le 10 décembre. Ces données deviendraient indispensables pour obtenir l’autorisation Esta, dans un contexte de durcissement sécuritaire à l’approche de la Coupe du monde 2026. La mesure, susceptible d’entrer en vigueur dans 60 jours, intervient alors que se multiplient les refus d’entrée après l’analyse d’appareils électroniques, et que le tourisme étranger vers les États-Unis est déjà en forte baisse.

Passengers pictured at the border passport control, at the presentation of the summer plan of the aviation police at Brussels Airport, in Zaventem, on Monday 16 June 2025. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE

Dossier(s): Amérique du Nord Tags:

Le gouvernement belge s’apprête à examiner un projet de loi présenté par la ministre Verlinden visant à élargir les motifs de déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, criminalité organisée, homicide ou délits de mœurs passibles de plus de cinq ans de prison, une mesure soutenue par toute la majorité mais vivement critiquée. Ces opposants dénoncent une logique discriminatoire ciblant les binationaux et une radicalisation idéologique dans le sillage de l’extrême droite.

L’Australie a enregistré entre juillet 2024 et juin 2025 son plus haut nombre de décès d’Aborigènes et d’habitants des îles du détroit de Torres en détention depuis quarante ans, avec 33 morts, soit près du double de la moyenne constatée depuis 1989-1990. Ces décès représentent 29 % de l’ensemble des 113 personnes mortes en détention, un niveau en forte hausse par rapport à l’année précédente et le plus élevé depuis 2002-2003. La Nouvelle-Galles du Sud est l’État le plus touché, tandis que les populations indigènes, qui ne constituent que 3,8 % de la population australienne, restent largement surreprésentées dans les prisons, où elles représentent plus d’un tiers des détenus.

La Ville de Lyon et la préfecture ont interdit la tenue d’une conférence du Lyon Antifa Fest accueillant le militant franco-palestinien Salah Hamouri, ainsi que l’ensemble des concerts prévus dans le cadre du festival. L’arrêté municipal invoque « un risque sérieux de troubles à l’ordre public » et l’Atelier des Canulars, où devait se tenir la conférence du 10 décembre, a été sommé de fermer au public. La préfecture interdit parallèlement les concerts, s’appuyant sur des paroles jugées « violentes » de certains artistes et sur les liens présumés entre l’association organisatrice et la GALE, une organisation antifasciste dissoute en 2022. Les organisateurs dénoncent une censure et ont annoncé qu’ils contesteraient ces décisions devant le tribunal administratif.

Les 20 et 21 décembre à Paris, la Plateforme de la Voix des Prisonniers organise une Conférence internationale de solidarité réunissant des anciens prisonniers politiques ainsi que des délégués et militants de nombreux pays. L’événement vise à renforcer le soutien aux prisonniers politiques du monde entier, confrontés à la répression, à l’isolement, à la torture, au refus de soins et aux violations répétées de leurs droits. À travers des échanges sur la lutte des classes et les prisons, les formes de résistance en détention, la condition des femmes et personnes LGBTI+ ou encore les moyens de développer la solidarité internationale, la conférence appelle les organisations et les militants attachés à la défense des prisonniers politiques à unir leurs forces pour soutenir celles et ceux qui poursuivent leur combat pour la liberté en dépit de la répression (voir l’appel). Une délégation du Secours Rouge International sera présente et interviendra lors de différents panels.

Le prisonnier politique Patxi Ruiz, qui avait déjà observé en septembre 2025 une grève de la faim de 24 heures pour protester contre la « gestion déplorable » des services médicaux de la prison d’Iruñea (voir notre article), a repris une grève de la faim illimitée face à une situation qu’il estime inchangée. Dans une note adressée à la direction pénitentiaire, Patxi déclare : « Le 9 décembre, j’entamerai une grève de la faim en signe de protestation contre le manque d’attention médicale que nous subissons dans cette prison et qui, cette fois, a provoqué la mort d’une femme âgée nommée Begoña. »

Le procès de Daniela Klette, ex-membre présumée de la RAF jugée à Verden pour une série de braquages, se déroule dans un ancien manège isolé où les conditions d’accès soulèvent des critiques : presse et public sont placés derrière une vitre, doivent quitter les lieux lors des pauses et l’accès à la salle de presse est fortement limité, obligeant journalistes et spectateurs à attendre dehors sans infrastructures. Ces mesures, décidées par le juge président, alimentent les inquiétudes et les critiques quant au droit de la presse et du public.

Le militant kurde Welat Çetinkaya, poursuivi en Allemagne au titre de l’article 129b pour direction présumée d’une structure locale du PKK entre 2020 et 2021, a été condamné à 1 an et 9 mois de prison par le tribunal régional supérieur de Stuttgart, qui a refusé un sursis et ordonné le maintien en détention. Extradé d’Italie en avril 2025, Çetinkaya affirme être poursuivi pour son engagement politique.