Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

En mars 2022, le Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale) était le premier collectif dissous par le gouvernement français et son ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, en tant que groupe « qui provoque (…) à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens » (voir notre article). Ce nouveau motif de dissolution, créé par la loi séparatisme de 2021, n’avait, jusque-là, jamais été utilisé. La Gale est un groupe antifasciste et libertaire créé en 2013 après la mort de l’antifasciste Clément Méric. Les antifascistes lyonnais ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour faire reconnaître une « atteinte la liberté d’expression et d’association », explique Agnès Bouquin, avocate du Gale. Le 30 septembre 2024, la juridiction a ouvert une « question aux parties » pour juger l’affaire. L’État français avait jusqu’à fin juin 2025 pour transmettre ses éléments à la CEDH.

Au cours des semaines qui ont suivi la guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël (du 13 au 25 juin 2025), le régime iranien a recentré son attention sur l’intérieur du pays. Depuis le 26 juin, entre 700 et 1 000 civils ont été arrêtés, accusés de crimes vagues tels que « propagande » ou liens avec des puissances étrangères. Militants, étudiants, syndicalistes et minorités ethniques sont visés. Au Kurdistan iranien, les partis kurdes font état de plus de 150 arrestations. D’autres minorités, telles que les Arabes ahwazis et les Azerbaïdjanais, ont également été la cible d’attaques.

Le régime a paralysé les communications numériques en coupant l’internet et en désactivant les systèmes GPS dans les principales villes. La surveillance s’est considérablement renforcée, avec l’enregistrement des téléphones portables aux postes de contrôle et l’activité sur les réseaux sociaux utilisée comme preuve de « trahison ». Plus de 600 000 migrants afghans ont été expulsés depuis la guerre. Les médias d’État iraniens ont attisé les sentiments xénophobes afin de détourner la colère interne, et les enfants représentent près d’un quart des personnes déportées.

Après des condamnations à mort de militants baloutches (voir notre article) et kurdes (voir notre article), trois prisonniers politiques supplémentaires — Farshad Etemadi-Far, Masoud Jamei et Alireza Mardasi — ont été condamnés à mort le 13 juillet, après deux ans de torture et d’isolement cellulaire. Ces verdicts ont été rendus par la section 1 du tribunal révolutionnaire d’Ahvaz pour des chefs d’accusation incluant « l’ennemi de Dieu » et l’affiliation présumée à la principale opposition, l’Organisation des Moudjahidine du peuple iranien.

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Ce jeudi 17 juillet, le Parlement russe a voté un projet de loi qui puni la simple recherche en ligne de contenus classés “extrémistes” (LGBTQIA+, Navalny, communisme, etc) élargissant la répression numérique contre les opposants au régime de Poutine. Ce projet de loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 5.000 roubles (environ 55 euros) pour les personnes qui recherchent en ligne des contenus interdits. Il sanctionne aussi jusqu’à 500.000 roubles (environ 5.500 euros) le fait de transmettre une carte SIM de téléphone à une autre personne ou de faire la promotion des VPN. Le texte risque d’entraîner des amendes pour “40% de la population”, soit la majorité des personnes qui utilisent un VPN pour contourner le blocage des réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, interdits en Russie pour extrémisme depuis mars 2022.

Le procès en appel du leader syndicaliste et enseignant Ghislain Dugarry Assi, responsable du Mouvement des enseignants pour la dynamique de la dignité (MEDD), est terminé. La cour d’appel d’Abidjan a confirmé, hier mercredi 16 juillet, la condamnation à deux ans de prison ferme, sans mandat de dépôt du syndicaliste accusé d’avoir incité à la grève dans un établissement scolaire pour réclamer, entre autres, la revalorisation des primes trimestrielles. Une grève qualifiée d' »illégale » par les autorités du pays (voir notre article).

Arrêté dans la nuit du 2 au 3 avril, Ghislain Duggary Assy avait été condamné cinq jours plus tard à deux ans de prison ferme, notamment pour « entrave au fonctionnement du service public ». En mai, il avait été mis en liberté provisoire.

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Au moins 68 Palestiniens ont été tués, hier mercredi, dans la bande de Gaza. 21 personnes ont perdu la vie à proximité d’un point de distribution d’aide de la Fondation Humanitaire de Gaza (voir notre article), gérée par les États-Unis, et dirigée par un évangéliste proche de Trump, dans la ville de Khan Younes. Parmi ceux-ci, 15 ont été asphyxiés à mort à cause des gaz lacrymogènes tiré par l’armée israélienne dans la foule qui se pressait pour obtenir de quoi manger. Les forces israéliennes usent de gaz beaucoup plus toxiques que ceux utilisés par les forces de police européennes. Les 47 autres civils, dont plusieurs enfants, ont été tués dans des frappes sur la ville même de Gaza, mais aussi dans la région d’al-Mawasi, à Jabalia, à Deir al-Balah, le long du couloir de Netzarim, dans le camp de réfugiés de Nuseirat et dans celui  d’al-Bureij.

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Douze ex-parlementaires, élus de quartier, universitaires ou syndicalistes, du modéré au radical d’Hong Kong, qui avaient été arrêtés lors d’une descente en 2021, puis condamnés, sont en procès d’appel. Certains ont déjà passé quatre ans derrière les barreaux. Parmi ces militants qui contestent leurs peines, il y a quatre ex-députés, comme Leung Kwok-hung surnommé « Long Hair » – l’une des figures emblématiques du mouvement pro-démocratie (photo). Ou encore Owen Chow, 28 ans, qui avait écopé de la peine la plus lourde, sept ans et neuf mois de prison. Un 13e requérant, l’élu municipal Michael Pang, a finalement retiré son appel ce lundi.

En 2020, tous avaient participé à l’organisation d’une élection primaire officieuse censée unir l’opposition afin d’obtenir une majorité au Parlement local. Ce lundi, les trois juges choisis par les autorités ont à nouveau accusé les condamnés d’avoir tenté de provoquer une « crise constitutionnelle ». Au total, 45 figures de l’opposition ont été condamnées à de la prison ferme.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Ennouri, a présenté, lundi 14 juillet, un vaste plan de modernisation touchant les services sécuritaires. Plus de 570 projets d’infrastructure sont en cours à travers le pays, pour réhabiliter les postes de police, de la Garde nationale et de la Protection civile. Le ministère poursuit la digitalisation des services, avec la numérisation des demandes d’extraits de casier judiciaire, l’envoi de notifications par SMS et l’installation de caméras de surveillance entre les villes. Le passeport et de la carte d’identité biométriques seront introduits prochainement. La fiche d’embarquement a été supprimée dans tous les aéroports et au port de La Goulette au profit d’un système numérique.

Au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak), les habitants sont descendus dans la rue pour protester contre les coupures de courant prolongées dans les régions rurales. Lors des manifestations dans le district de Warte à Hewlêr (Erbil), les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule, tuant un manifestant nommé Hasan Rahman. Quatre autres personnes ont été blessées.

L’alimentation électrique des zones rurales serait largement coupée afin de permettre la mise en œuvre du projet « 24 heures d’électricité ininterrompue » lancé par le gouvernement régional du Kurdistan dans les centres-villes… aux dépens donc des populations rurales qui n’ont d’électricité que 2 à 3 heures par jour et vendue dans le cadre de ce projet est 7 à 10 fois plus chère que la normale. Des manifestations ont également eu lieu dans des villages du district de Xebat à Hewlêr pour les mêmes raisons. À Balisan, les habitants sont descendus dans la rue hier soir pour protester contre les coupures de courant et ont bloqué les routes.

La suspension de la grève de la faim de Maja ne ralentit pas le rythme des actions revendiquant sa libération. Dans la nuit du 9 au 10 juillet, le bureau du parti d’extrême-droite AfD, au 247 de la Heckinghauser Strasse, à Wuppertal, a été attaqué avec des marteaux et de la peinture. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, c’est le bâtiment du bureau du Procureur à Bielefeld qui a été ciblé : les vitres ont été brisées et le slogan « FREE MAJA » tagué. La nuit du 14 au 15, ce sont des véhicules électriques appartenant à la municipalité de Leipzig qui ont été incendiés (la ville de Leipzig ayant joué un rôle dans l’extradition de Maja vers la Hongrie). S’ajoutent à ces actions de nombreux tags, rassemblements, accrochages de banderoles.

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La libération de Georges Abdallah a été décidée ce jeudi 17 et doit intervenir concrètement le 25 juillet. Georges pourra rentrer au Liban, à Kobayat, où l’on se prépare déjà à l’accueillir. Voici le communiqué du Secours rouge international à cette occasion :

Merci pour tout, Georges !

La libération de Georges Abdallah a été décidée ce 17 juillet, après plus 40 ans de détention. Et même si nous ne serons tout à fait soulagés que lorsque Georges arrivera dans son Liban natal, l’événement nous arrache quelques mots.

En lançant la campagne pour la libération de Georges Abdallah, il y a plus de 20 ans, les diverses structures du Secours Rouge International n’imaginaient pas la durée d’une lutte qui allait être pour nous structurante, bien qu’elle n’ait commencé que par quelques modestes activités visant simplement à faire connaître Georges et son combat.

La campagne de mobilisation a semblé suivre le schéma habituel. S’étendant d’abord dans les milieux révolutionnaires, elle a fini par toucher des forces plus larges de la gauche réformiste et démocratique. Cette extension, qui s’est traduite en des centaines de manifestations et des milliers d’initiatives, s’explique par trois éléments :

– D’abord par le caractère évidement politique de la détention de Georges. Nous ne reviendrons pas sur tous les épisodes par lesquels la justice française a foulé toutes les valeurs, règles et principes dont elle se réclame – à commencer par la séparation des pouvoirs, pour prolonger ainsi cette détention dans le cadre de la complicité de l’Etat français avec les agressions sionistes et impérialistes.

– Ensuite, précisément, par ces agressions sionistes et impérialistes, ces massacres incessants dont le génocide en cours à Gaza n’est que le dernier exemple. Ce chapelet de tragédies venait sans cesse, au fil des années, rappeler combien était légitime l’action de la résistance palestinienne à laquelle appartient Georges.

– Enfin par la résistance de Georges elle-même, par la manière dont il a repoussé tous les chantages au repentir, dont il a surmonté toutes les épreuves d’une interminable détention, pour la manière dont il a fait vivre les propositions historiques de la gauche révolutionnaire arabe : celle d’une Palestine libre, laïque, démocratique de la mer au Jourdain. Plus encore, il a toujours défendu la libération de la Palestine comme partie intégrante du combat pour la perspective communiste et internationaliste.

Ce courage et cette détermination n’ont pas seulement été un encouragement pour le mouvement revendiquant sa libération. Georges a offert à plusieurs générations de militants un immense exemple de résistance, et une résistance vivante, une résistance de tous les jours, qui non seulement tenait ferme ses positions, mais savait aussi les connecter aux luttes qui ont émergé après son arrestation.

Pendant toutes ces années, Georges a ainsi nourri et inspiré nos luttes. Alors pour tout cela, de tout notre cœur, merci Georges Abdallah, merci et bon retour chez toi.

Secours Rouge International,
Secrétariat International,
17 juillet 2025