Au moins 142 personnes ont été interpellées, lundi soir à Paris, en marge des cortèges sauvages qui déambulent depuis le début de la soirée dans toute la capitale pour protester contre l’adoption de la loi sur les retraites par l’article 49.3. 2 000 policiers et gendarmes sont déployés pour venir à bout de ces manifestations non déclarées. Parti de la Place Vauban en fin d’après-midi, le cortège s’est dans un premier temps dirigé vers la Gare Saint-Lazare avant de rejoindre le quartier de l’Opéra. Le défilé s’est ensuite rendu aux abords du Louvre, de la place de la République et de Châtelet, en plusieurs petits groupes. Dans la matinée, plusieurs manifestations ont provoqué d’importantes perturbations du trafic à Rennes. En attendant une nouvelle journée d’actions le 23 mars à l’appel de l’ensemble des syndicats, la grève s’est durcie dans les raffineries et les éboueurs poursuivent leur mouvement à Paris, Rennes ou Nantes. Depuis jeudi, plus de 600 personnes ont été interpellées pour leur participation au mouvement de contestation.

Des centaines de manifestants se sont rassemblées samedi après-midi derrière la gare à Genève pour une manifestation non autorisée contre le parti d’extrême-droite UDC (« Union Démocratique du Centre ») qui tenait son assemblée à Meyrin, en périphérie de Genève. Le rassemblement a eu lieu dès 15h00 dans le parc des Cropettes. Vers 15h30, quelques incidents ont eu lieu entre des manifestants masqués et des photographes indiscrets dont les objectifs ont été sprayés. La manifestation s’est mise marche, d’abord en direction de la gare et ensuite vers le quartier des Grottes. C’est à ce moment qu’elle a été bloquée par la police. Les militants ont chargé à deux reprises, derrières des banderoles renforcées, les forces de l’ordre qui ont fait usage de tirs de balles en caoutchouc, de matraques de gaz lacrymogène et de grenades. La police a pu tenir sa position, et les manifestants se sont repliés dans le Parc des Cropettes.

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« En raison de risques sérieux de troubles à l’ordre et à la sécurité publics (…) tout rassemblement sur la voie publique place de la Concorde et à ses abords ainsi que dans le secteur de l’avenue des Champs-Élysées est interdit », a déclaré la préfecture de police de Paris. « Les personnes qui tenteraient de s’y regrouper seront systématiquement évincées par les forces de l’ordre » a-t-elle ajouté. La place avaient été le lieu de rassemblement contre le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. Ces rassemblements avaient donné lieu à des affrontements. A Lyon des manifestants ont fait irruption dans une mairie d’arrondissement et ont essayé de mettre le feu, mais la police a rapidement éteint l’incendie et arrêté six personnes. D’autres incidents ont eu lieu dans la ville qui ont donné lieu à 36 interpellations. A Strasbourg aussi, les forces de l’ordre sont intervenues contre des manifestants après un rassemblement contre la réforme des retraites et le recours à l’article 49.3.

De violents heurts ont à nouveau opposé, hier jeudi à Athènes, la police à des manifestants plus de deux semaines après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts et suscité l’indignation en Grèce. Des manifestants ont jeté des cocktails Molotov et des policiers ont répliqué par des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes non loin du Parlement, dans le centre de la capitale. Des bennes à ordures ont également été incendiées sur une avenue près de l’université, dégageant d’importantes fumées noires, des vitrines de magasins ont été brisées. Des gaz lacrymogènes ont été lancés dans la zone autour de l’université par la police anti-émeutes. 40 000 personnes, dont quelque 25 000 à Athènes, avaient manifesté leur colère plus de deux semaines après la collision qui a mis à jour les graves dysfonctionnements dans les chemins de fer. Des affrontements avaient déjà émaillé des rassemblements notamment mercredi 8 mars, en marge d’une manifestation de quelque 40 000 personnes à Athènes (voir notre article).

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Pour la quatrième journée consécutive, une manifestation estudiantine tenue à la Faculté des Sciences Ben M’Sick de Casablanca à l’occasion du « 17e Forum national des étudiants », a été brutalement réprimée. La manifestation, organisée par l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) a été attaquée par les forces de l’ordre qui encerclaient l’enceinte de la Faculté. Le ministère de l’Enseignement supérieur avait publié une circulaire appelant les présidents des universités à n’autoriser aucune partie extérieure à utiliser les installations de l’université et les institutions affiliées pour organiser des manifestations de quelque nature que ce soit.

Aujourd’hui, 16 mars, le gouvernement français a passé la réforme des retraite via l’article 49.3 de la constitution permettant au gouvernement de faire adopter un texte sans vote au Parlement. Des manifestations se sont organisées rapidement dans toutes les villes de France. À Paris, un rassemblement autour de la place de la Concorde. Des manifestants ont défilé dans les rues se rapprochant de l’Élisée. La police et la gendarmerie ont été mobilisées en force avec la BRAV (brigades mobiles à moto) en soutien. Jusqu’à présent près de 120 personnes ont été interpellées à Paris. Pour ralentir les policiers et gendarmes, les rues ont été bloquées par des feux dans les rues, sur des véhicules, poubelles et mobiliers urbains. Les forces de l’ordre sont entrées en action, notamment avec des canons à eau. Leurs charges et l’utilisation de gaz lacrymogènes ont éloigné les manifestants du pont qui mène à l’Assemblée nationale (photo), et les ont repoussés de l’autre côté de la place. Les manifestations se poursuivent.

Des affrontements ont aussi éclaté dans d’autres villes. A Nantes, où environ des milliers de personnes se sont rassemblées en début de soirée, les forces de l’ordre ont charge, faut usage de gaz lacrymogène et essuyé des tirs de cocktails Molotov et de feux d’artifices. A Rennes, une manifestation a marché jusqu’à la mairie qui a eu ses vitres brisées. Il y a eu cinq interpellations. A Marseille sur la Canebière, où des jeunes manifestants ont fracassé la vitrine d’une agence bancaire et un panneau publicitaire aux cris de « à bas l’Etat, les flics et le patronat ». Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène également à Amiens et Lille. A Dijon, il y a aussi eu des affrontements.

 

Hier 15 mars était la 27 e journée contre les violences policières. A Bruxelles (première photo), 600 personnes ont défilé à partir du Palais de justice. A Montréal (2e photo), la manifestation a donné lieu à quelques quelques incidents (bris de vitrine, tag) et la police a procédé à l’arrestation d’une personne durant la manifestation.

A Montréal, 16 recours collectifs ont été lancés pour des arrestations et des détentions illégales d’environ 3300 personnes entre 2011 et 2015. Les manifestants dénonçaient notamment la hausse des droits de scolarité ou les brutalités policières. Ces arrestations avaient souvent lieu avant même que la manifestation ne se mette en marche au prétexte que l’itinéraire n’avait pas été communiqué aux forces policières en vertu du règlement P-6. La validité du règlement P-6, adopté sous l’administration précédente, a finalement échoué en Cour et a été abrogé (de même que la pratique de la nasse). Les manifestants brimés par la police de Montréal entre 2011 et 2015 recevront des compensations totalisant 6 millions de dollars.

La jeunesse marseillaise continue de se mobiliser contre la réforme des retraites en organisant de blocus de ses lycées. Hier lundi, au lycée Jean-Perrin (photo), dans le 10e arrondissement de Marseille, confronté au blocus de l’établissement, la direction a contacté les forces de l’ordre. S’en sont suivis des affrontements entre la police et les jeunes au terme desquels trois lycéens de Jean-Perrin ont été arrêtés. Deux autres élèves, issus des lycées Ampère et Marcel-Pagnol ont également été placés en garde à vue.

Les étudiants des écoles normales de Oaxaca maintiennent un sit-in dans la capitale de l’état depuis un mois en raison du désintérêt pour l’enseignement de la part des autorités ; ils réclament des postes et des embauches urgentes. Un des manifestants ayant été arrêté et ils ont décidé de manifester pour exiger sa libération. Ils ont brisé les vitres du Palais du gouvernement, lancé des pétards artisanaux et brûlé des pneus à l’extérieur du bâtiment. Après 60 minutes de protestation, les normaliens sont partis en indiquant qu’ils avaient déjà été informés de la libération de leur camarade.