La plus haute cour allemande (BGH) vient de confirmer, ce mercredi 19 mars, la peine de cinq ans de prison pour la militante antifasciste Lina E. Reconnue coupable par le parquet fédéral d’avoir mis en œuvre et participé à des attaques contre 6 néo-nazis à Leipzig, Eisenach et Wurzen entre 2018 et 2020. Elle avait été condamnée en mai 2023 par le tribunal régional supérieur (OLG) de Dresde à une peine d’emprisonnement de cinq ans et trois mois, le ministère public fédéral et la défense avaient fait appel du jugement ( voir notre article ici ). Lina E. est actuellement en liberté, après plus de deux ans et demi de détention provisoire, E. a été libéré le jour du jugement. Après le jugement définitif de ce mercredi, elle devra à nouveau aller en prison. La période de détention provisoire est prise en compte, généralement, une peine résiduelle est suspendue pour probation lorsque les deux tiers de la peine sont purgés. Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu dans toute l’Allemagne, certains ont été interdits par les autorités.

Belgrade, samedi 15 mars, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté contre le pouvoir, les autorités auraient employé un canon sonique, une arme de dissuasion. Cette arme déjà testée en Grèce pour chasser les migrants (notre article ici), achetée par les Etats-Unis à l’occasion du Sommet de l’Otan à Chicago en 2012 (article ici) et acquérie par plusieurs pays pour doter leurs forces de l’ordre, émet des sons de plus de 160 décibels. Alors que les manifestants observent 15 minutes de silence en hommage aux victimes de Novi Sad, une ville serbe touchée par l’effondrement d’un toit dans une gare, la foule panique et se rabat sur les bords de la chaussée, fuyant une explosion, suivie d’un souffle chaud. Selon l’avocat Ivan Ninic, l’implication du régime ne fait aucun doute : « Cette arme spéciale n’a pu être utilisée que par l’armée ou la police. Il s’agit d’un canon à son importé d’Israël en 2022. Cette arme est interdite en Serbie. Elle est non létale mais émet des fréquences qui peuvent provoquer d’importants problèmes de santé ». De nombreuses personnes se sont rendues aux urgences depuis samedi pour des malaises, des brûlures, des problèmes de migraines ou d’audition. Certains pour signaler des dysfonctionnements de leurs pacemakers, d’autres pour des blessures, jusqu’ici 700 personnes ont contacté les urgences.

Photo illustration: canon sonique déployé par la police canadienne.

La société d’informatique légale (forensics) israélienne Cellebrite a récemment annoncé qu’elle empêchait désormais la Serbie d’utiliser sa technologie. Fin 2024, la police serbe avait en effet déverrouillé les téléphones de dizaines de journalistes et d’activistes grâce à ses outils avant, dans certains cas, de les infecter avec le logiciel espion Novispy pour continuer à les surveiller. Développée pour les forces de l’ordre et les entités gouvernementales, la suite de produits Cellebrite UFED permet d’extraire des données de divers appareils mobiles, même sans disposer des codes d’accès de l’utilisateur (voir nos articles). Dans son communiqué, Cellebrite explique qu’elle se conforme aux sanctions imposées par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni « et d’autres réglementations et contrôles à l’exportation » qui interdisent de faire des affaires avec certaines nations

Le parti conservateur du Premier ministre Viktor Orbán, a interdit la tenue de la Marche des fiertés. Le Parlement a adopté ce mardi 18 mars, à une large majorité (136 voix pour, 27 contre) une loi visant à bannir cet évènement, marquant une escalade dans la politique visant à restreindre les droits des personnes LGBTQIA+. La nouvelle loi interdit la tenue d’un rassemblement qui «violerait la législation» de 2021, selon laquelle, il n’est pas possible de promouvoir auprès des mineurs «l’homosexualité et le changement de sexe».

La Marche des Fiertés est maintenue par les organisateurs, elle aura lieu le 28 juin. Les participants s’exposent à une amende pouvant aller jusqu’à 500 euros, les contrevenants pourront être identifiés via des outils de reconnaissance faciale. La décision du Parlement  intervient alors que les autorités viennent de subir un échec devant la Cour de justice de l’UE (CJUE) au sujet de la communauté LGBTQIA+. La justice européenne estime que la Hongrie ne peut pas exiger une opération pour rectifier l’identité de genre et devait enregistrer l’identité choisie par les personnes transgenres au nom du droit à l’exactitude des données, c’est un premier succès pour les LGBTQIA+ depuis le changement de loi en 2020.

Dans la nuit du 9 au 10 mars, plusieurs engins incendiaires ont totalement détruit deux voitures de police banalisées du commissariat de Doventor (Brême), et gravement endomagée deux autres. Le communiqué revendiquant l’action s’adresse « à nos camarades de combat qui sont en taule et à tou.tes les compas qui sont touché.es par la répression », « Maja, Hanna, Nanuk, Gino, Nele, Paul, Luca, Zaid, Paula, Tobi, Clara, Moritz, Marianna, Dimitra, Sarah… salutations enflammées aux anarchistes de Munich, qui ont été agressé.es pendant la nuit par 140 policiers lourdement armés et aux anarchistes M. et N., incarcéré.es à Stadelhem ». Il s’adresse aussi à Burkhard Garweg: « Nous avons lu ton texte d’invitation à la discussion [lire ici ce texte], « La possibilité d’un moment historique est maintenant ». Nous croyons nous aussi que, dans les prochaines années, la situation s’aggravera tellement que nous ne pourrons peut-être plus éviter une lutte armée. Nous continuerons à discuter de ces options dans nos cercles. D’ici là, nous attaquerons le cruel monde autoritaire avec les moyens actuels, comme le feu. Nous te saluons aussi et t’envoyons beaucoup de force, où que tu sois. » Lire tout ce communiqué

À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Sindre est un activiste suédois pour les droits des animaux. En octobre 2003, il avait été condamné à des soins psychiatriques médico-légaux forcés, pour une durée indéterminée et à payer 10000 couronnes suédoises [un peu moins de 1000 euros] de dommages et intérêts. Cette condamnation fait suite à un procès pour des actions de 2021, contre l’éleveur d’animaux à fourrures Niklas Pettersson, un élevage maintenant fermé suite à des années d’actions. Sindre qui avait nié être l’auteur de l’action, avait été arrêté immédiatement après le procès et enfermé, sans une date de sortie. S’il n’avait pas été condamné à des soins psychiatriques médico-légaux, sa peine de prison aurait été de quatre mois. Au lieu de cela, il a été enfermé dans un établissement psychiatrique médico-légal pendant presque un an et demi.

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Samedi 8 mars, 7 heures du matin, un Britannique est entré dans le périmètre du parlement en escaladant une clôture sans qu’aucun agent de sécurité ne l’interpelle. Il est ensuite monté sur la tour Élisabeth de Big Ben à Londres, drapeau palestinien et keffieh ( foulard emblématique de la cause palestinienne) à la main. Il exigeait la libération des 18 détenus ayant participé à une action de soutien au peuple palestinien en août 2024 sur le site de Filton Elbit Systems à Bristol et la fin du génocide à Gaza. Trois sauveteurs ont grimpé sur les échelles des pompiers pour persuader l’homme de descendre, mais cela s’est avéré sans effet. De nombreuses personnes se sont rassemblées pour le soutenir, elles ont scandé «  Free Palestine » et « tu es un héros ». Peu après les douze coups de minuit à l’horloge de Big Ben, le grimpeur a décidé de quitter son poste, les pompiers l’ont alors aidé à descendre. Dès son arrivée au sol, les forces de police l’ont mis en état d’arrestation.

En France, des manifestations se sont tenues dans l’ensemble du pays. Le 7 mars déjà, une marche était organisée à Paris. Elle avait été interdite par le préfet de Paris dû à la présence des collectifs Samidoun et Urgence Palestine. Cette interdiction sera levée dans la journée du 7 par le tribunal administratif estimant que les risques de troubles à l’ordre public n’étaient « pas suffisamment justifiés ». Le 8 mars, à Paris, le groupe d’extrême-droite Némésis et le collectif pro-Israël Nous Vivrons ont décidé d’intégrer la manifestation. Un cortège féministe et anti-raciste qui tentera de les empêcher sera fortement réprimé par la police. Des manifestant·es féministes et anti-racistes seront frappées au visage et gazées. Des arrestations ont également eu lieu. À Toulouse, la manifestation s’est déroulée calmement, mais s’est terminée avec l’arrestation de deux manifestant·es.

À Berlin, un bloc féministe pro-palestinien s’est fait attaquer par la police à coup de poing et de matraque.

À Zurich, une manifestation non autorisée, mais tolérée, a pu marcher dans la ville. Après le passage devant les bâtiments d’AXA, de Sanitas et du consulat italien, recouverts de peinture, la police a chargé, attaquant les manifestant·es avec des balles en caoutchouc, des matraques et du spray au poivre. Beaucoup de manifestant·es ont dû être pris en charge par des ambulanciers et une personne aurait subi des lésions auditives.

À Bruxelles, la manifestation a rassemblé près de 10.000 personnes. Des élus du parti du « Mouvement réformateur », membre de l’actuel gouvernement fédéral, se sont fait éjecter de la manifestation par des participant·es. Des contrôles par des policiers en civile ont eu lieu en fin de manifestation.

Huit militants écologistes de Just Stop Oil ont vu leurs peines de prison ferme confirmées ce vendredi 7 mars en appel par la justice britannique. La justice rejette l’appel des deux membres de Just Stop Oil qui avaient lancé de la soupe sur le tableau « Les Tournesols ». Phoebe Plummer et Anna Holland contestaient leur condamnation à 24 et 20 mois de prison ( voir article ici ). En tout, 16 militants du groupe anti-énergies fossiles faisaient appel de leurs condamnations allant jusqu’à cinq ans de prison, pour avoir participé à un blocage d’autoroute en 2022. Six peines ont été réduites, dont celle du fondateur de Just Stop Oil, Roger Hallam, qui passe de 5 ans à quatre ans d’emprisonnement. Ils avaient planifié, lors d’une réunion en ligne, une action de blocage de l’autoroute M25 autour de Londres ( voir article ici ). Au moment de l’annonce de la décision, une vingtaine de militants se sont levés dans la salle, en silence, vêtus de tee-shirt « Corruption au tribunal » et ont tourné le dos à la juge. Les militants déboutés envisagent de saisir la Cour suprême. Ces condamnations sont les plus lourdes jamais infligées dans le cadre de manifestations non violentes.