Une vague d’interdiction et de répression de la solidarité avec la Palestine traverse l’Europe depuis l’offensive du Hamas contre Israël : interdiction de Samidoun en Allemagne et interdiction de rassemblement et de manifestations en France, comme à Nantes ou à Toulouse. Au Royaume-Unis, la ministre de l’intérieur, suella Braveman, a décrété qu’arborer un drappeau palestinien serait considéré par la police comme une « offense criminelle ». Face à cette pression, par pusillanimité ou par opportunisme, plusieurs forces de gauche se sont désolidarisées de la Palestine ou des forces soutenant la résistance palestinienne.

EDIT: A Paris, malgré l’interdiction, des milliers de manifestants se sont rassemblés en soutien à la Palestine place de la République. La police est intervenue en lançant des grenades lacrymogènes et en utilisant une autopompe contre les manifestants qui ont lancé des projectiles et ont dressé des barricades. Il y a eu une dizaine d’interpellations.

 

Toby Shone est un anarchiste qui a été incarcéré pendant presque deux ans, car accusé d’être l’administrateur du projet de contre-information 325.nostate.net (voir notre article). Après que les poursuites pour des raisons politiques soient tombées, Toby a été condamné à 3 ans et 9 mois pour la possession de cannabis et de LSD (voir notre article). Il a été libéré le 28 décembre dernier, avec des restrictions importantes, sous la surveillance d’une équipe multi-forces qui comprenait la National Security Division (anti-terrorisme) et il a été obligé de vivre pendant 9 mois au centre d’hébergement de Gloucester.

Il avait déménagé depuis à peine 9 jours dans un appartement quand, le matin 19 septembre,  il a été arrêté alors qu’il se rendait en voiture à un rendez-vous avec son conseiller de probation. Il serait accusé d’avoir enfreint deux des conditions de sa semi-liberté (avoir été en possession d’un téléphone et avoir participé à une réunion à Bristol en août). On peut lui écrire à cette adresse : Toby Shone / prisoner’s number : A7645EP / HMP Bristol / 19 Cambridge Road / Bishopston / Bristol BS7 8PS (Royaume-Uni).

Christopher O’Kane (photo, à gauche), de Derry, est accusé d’avoir accédé à une feuille de calcul contenant des données policières. Le 8 août dernier en effet, des informations personnelles sur tous les membres actifs et le personnel civil de la police d’Irlande du Nord, la PSNI ont été publiées par erreur. Le 18 août, le domicile d’O’Kane a été perquisitionné: il a été inculpé pour possession de ces informations et s’est d’abord vu refuser la liberté sous caution. Des milliers d’autres personnes avaient eu accès a ses données sans avoir été inculpées, mais O’Kane travaillait pour des sites web du groupe politique républicain irlandais Saoradh et l’Irish Republican Prisoners Welfare Association. Le juge l’a libéré sous caution et sous conditions, avec un bracelet électronique. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’entreprise de sécurité G4S qui s’est présentée pour fixer le bracelet sur sa personne a qualifié O’Kane de « non coopératif », ce qui a conduit à sa réincarcération. Entre-temps, un ancien interné républicain, Ciarán « Zack » Smyth (photo de droite), a été renvoyé à la prison de Maghaberry, apparemment à la suite d’une rencontre fortuite de quelques secondes, dans une rue de Belfast, avec un autre ancien prisonnier républicain.

Seize policiers ont été grièvement blessés à la suite d’émeutes en Irlande du Nord, dans la ville de Derry, après avoir reçu des jets de briques, de peinture et de cocktails Molotov dans le quartier de Stewarts Terrace area de Rosemount. Les manifestants s’opposaient aux forces de police qui étaient en train de mener des perquisitions au cours desquelles des armes à feu, des grenades et des explosifs ont été saisis et trois personnes interpellées. Elles sont soupçonnées d’être liée à la Nouvelle IRA. Par ailleurs, une femme de 50 ans, qui avait été arrêtée à Derry vendredi, lors de perquisitions au cours desquelles la police a récupéré un certain nombre d’objets, a été libérée. Il semble que la police ai utilisé des drones pour suivre des personnes clés suspectées d’être liées à la Nouvelle IRA pendant plusieurs semaines afin de planifier les perquisitions et de localiser les dépôts d’armes.

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Le 4 septembre, l’ancien étudiant-chercheur de l’Université d’État de Moscou et prisonnier politique Azat Miftakhov a été libéré de la colonie pénitentiaire où il était enfermé. Il avait été condamné sur base de témoignage extorqués sous la torture, notamment sous l’accusation d’avoir lancé un fumigène dans l’un des bureaux du parti Russie Unie de Poutine. Le jour de sa libération, le Service Fédéral de Sécurité (FSB) l’a arrêté dans le cadre d’une procédure pénale pour « apologie du terrorisme ». Selon le FSB, Azat a discuté avec d’autres prisonniers de la guerre en Ukraine et de l’action de l’anarchiste Mikhail Zhlobitsky, qui a provoqué une explosion dans un bâtiment du FSB et y est mort, en 2018. Miftakhov a refusé de plaider coupable. Le 5 septembre 2023, le tribunal l’a envoyé en détention pour deux mois, à cause de l’ouverture d’une nouvelle enquête. Vous pouvez aider sa famille a lui payer un avocat via le compte Paypal de l’ABC Moscou : abc-msk@riseup.net (indiquer « pour Miftakhov » dans l’objet).

 

Le 31 août, le gouvernement finlandais a présenté une déclaration au Parlement sur les mesures visant à promouvoir l’égalité, l’égalité des sexes et la non-discrimination dans la société finlandaise. Parmi ces mesures: la possibilité de criminaliser l’utilisation au moins de symboles nazis… et communistes. Quel rapport entre l’interdiction des symboles communistes et la bataille pour l’égalité, l’égalité des sexes et la non-discrimination ? Aucun sinon l’écho de la volonté de l’Union Européenne de  promouvoir l’amalgame nazisme-communisme. Le Parti communiste finlandais a demandé la correction du point 18 de la résolution sur les symboles du communisme soit retirés. Le gouvernement a soumis la déclaration au Parlement, qui en débattra lors de la session d’automne qui débutera la semaine prochaine.

La police métropolitaine de Londres a annoncé dimanche prendre des mesures de sécurité après « un accès non autorisé au système informatique de l’un de ses fournisseurs » et la violation de données de sécurité. L’entreprise en question avait les noms, grades, photos, niveaux de salaire et de contrôle des policiers et des équipes, mais pas leurs adresses, numéros de téléphone ou données financières, a précisé la police dans un communiqué. Cette entreprise imprime les cartes d’identité et les passes pour la police londonienne, la plus grande force de police du Royaume-Uni.

Cette annonce survient quelques semaines après une fuite de données au sein de la police en Irlande du Nord. Début août, des données concernant environ 10.000 agents de police et personnels avaient fuité, dont le lieu de travail, les noms de famille et les premières initiales des employés, le grade, le lieu où ils étaient affectés et l’unité dans laquelle ils travaillaient. Cette fuite survient quelques mois après que le niveau d’alerte terroriste dans la province a été porté à « sévère » en réponse à une tentative d’assassinat d’un officier supérieur par des républicains dissidents.

Les prisonniers républicains, accusés d’être des membres de la Nouvelle IRA,  Tony Slevin, Leakie O’Donnell, Tiarnán MacPhaídín et Caolán Brogan, menaient une lutte pour mettre fin à leur isolement. Les services britanniques du MI5, qui ont autorité sur la prison de Maghaberry, avaient déjà fait isoler le prisonnier républicain Roe House. Leur résistance et les mobilisations solidaires ont atteint leur but: les hommes ont été transférés dans l’aile républicaine de la prison.

Le célèbre sociologue marxiste Boris Kagarlitsky, auteur de plusieurs livres remarqués, est actuellement détenu et risque jusqu’à 7 ans de prison s’il est reconnu coupable de l’accusation de « justification du terrorisme ». Son crime est d’avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine. La décision du 26 juillet de le détenir jusqu’à son audience fin septembre a été prise devant un tribunal à huis clos de la ville reculée de Syktyvkar – loin de Moscou où il avait été arrêté la veille – et en l’absence de son avocat. Les agents du Service fédéral de sécurité (FSB) ont également ciblé Rabkor (« Correspondant ouvrier »), la plateforme médiatique en ligne que Kagarlitsky édite. Jusqu’à présent, au moins trois personnes associées à Rabkor ont été perquisitionnées et interrogées.

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Oleg Khorzhan, le Président du Parti Communiste de Transnistrie, qui faisait l’objet de percussions politiques, a été assassiné cette nuit chez lui. Il avait rejoint le parti communiste local à l’âge de 18 ans et joue un rôle actif dans la reconstruction de l’aile jeunesse du parti. En avril 1995, il est élu au conseil municipal de Tiraspol. De 1997 à 2000, devenu avocat, il préside la commission juridique du parlement. En mai 2003, il rejoint le nouveau Parti communiste et en est élu président après l’emprisonnement du premier dirigeant du parti.

Le 2 juin 2018, Oleg Khorzhan a organisé un rassemblement à Tiraspol, au cours duquel un certain nombre de participants ont été arrêtés par la police. Plus tard dans la journée, Oleg s’est rendu au bâtiment des affaires internes de la ville pour rencontrer le directeur et se porter garant de la libération des détenus. Des policiers l’ont empêché d’entrer dans le bâtiment et une altercation physique aurait eu lieu. Oleg a protesté contre l’usage disproportionné de la force par la police et contre la violation de ses droits en tant que parlementaire. Mais il est été privé de son immunité parlementaire et arrêté le 6 juin 2018 avec plusieurs autres communistes, notamment sa femme, son fils et le député du conseil municipal de Tiraspol Alexander Samoniy. Le 3 novembre 2018, la Cour suprême de Transnistrie avait déclaré Oleg coupable d’agression contre les forces de l’ordre et l’a condamné à quatre ans et demi de prison. Il avait été libéré le 6 décembre 2022 après avoir purgé l’intégralité de sa peine (voir notre article). Ces derniers jours, il avait engagé un processus d’unité des forces d’opposition de Transnistrie et de Moldavie.

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