Mardi 15 avril, un tribunal de Moscou a condamné à 5 ans et demi de prison 4 journalistes accusés d’avoir collaboré avec Alexeï Navalny mort en prison. Le mouvement de l’opposant numéro un au président Vladimir Poutine a été méthodiquement éradiqué ces dernières années. Ses alliés et partisans ont été contraints à l’exil ou incarcérés, la justice russe ne se limite plus seulement à ses collaborateurs directs. Les journalistes Antonina Kravtsova, Sergueï Kareline, Konstantin Gabov et Artiom Krieger ont été reconnus coupables de «participation à une organisation extrémiste». Après la lecture du verdict, Artiom Krieger a crié: «Tout ira bien, tout changera! Ceux qui m’ont condamné seront assis ici à ma place». Les 4 journalistes avaient été arrêtés au printemps et à l’été derniers, avant d’être jugés à huis clos. Antonina Kravtsova, connue sous le nom d’Antonina Favorskaïa, couvrait régulièrement les procès d’Alexeï Navalny pour SOTAvision. Elle avait réalisé, le 15 février 2024, la dernière vidéo le montrant encore en vie au cours d’une audience, la veille de sa mort. Les reporters Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d’avoir participé à la production de vidéos pour l’équipe de l’opposant. Artiom Krieger, journaliste de SOTAvision, est accusé d’avoir collaboré avec l’organisation anticorruption d’Alexeï.

(de g. à dr.) Serguei Kareline, Konstantin Gabov, Antonina Kravtsova et Artiom Krieger

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Université Humbolt de Berlin, lors de l’occupation du mercredi 26 avril, 95 militants pro-palestiniens ont été violemment arrêtés et une centaine d’enquêtes pénales ont été engagées. Les motifs de ces interpellations sont selon la police: soupçons d’intrusion grave, violation de la paix particulièrement grave, sédition, utilisation de signes distinctifs d’organisations inconstitutionnelles et terroristes, ainsi que résistance aux policiers. Une soixantaine de militants ont occupé durant 3 heures une salle de conférence, jusqu’à ce que la police en nombre évacue avec force la salle barricadée à la demande de la présidence de l’université. À l’intérieur, les murs et l’ameublement ont été tagués, les portes et bancs de la salle de conférence ont été démontés pour servir de barricades. Des banderoles ont été suspendues aux fenêtres et font l’objet d’une enquête pénale à propos de leur contenu.

Le Premier ministre nationaliste, Viktor Òrban, avait promis « un grand nettoyage de Pâques » contre ses rivaux, taxés de « punaises ». Il a fait adopter un texte s’attaquant aux binationaux, jugés « traîtres à la Nation ». Dans le viseur du gouvernement hongrois, les personnes détentrices d’une double nationalité qui ne se conforment pas aux visions idéologiques du gouvernement en place, tel que: ses rivaux aux élections législatives de 2026, les opposants, les personnes LGBTQIA+, ou celles qui menaceraient la sécurité en s’immisçant dans les affaires intérieures, « sous le couvert d’ONG et de médias se disant indépendants ». « La citoyenneté d’un Hongrois détenteur d’un autre passeport, pourrait être suspendue », selon le texte. Exception: les ressortissants de l’Union Européenne et quelques autres pays européens. Plusieurs juristes dénoncent une mesure « sans précédent en droit international », qui pourrait « constituer une forme de bannissement et de traitement inhumain ».

Le parlement hongrois a adopté, ce lundi, un amendement visant à restreindre encore les libertés des personnes LGBTQIA+. Avant le vote de cette révision, qui a été approuvée à une large majorité de 140 voix contre 21, quelques dizaines de personnes ont bloqué l’entrée du Parlement. Rapidement, elles ont été  délogées par la police mobilisée en nombre. La Constitution va désormais préciser qu’une personne est «soit un homme, soit une femme». Autre texte soumis au vote lundi, celui affirmant «la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit». Le gouvernement entend renforcer les bases légales de l’interdiction de la Marche des fiertés, décidée au nom de «la protection des enfants» (notre article ici). Depuis la mi-mars, la contestation s’amplifie, des milliers de personnes défilent et bloquent des ponts chaque semaine durant des heures. Samedi, toute de gris vêtue une foule a protesté contre l’uniformisation souhaitée par Viktor Òrban.


Des affrontements ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier d’Exarchia à Athènes, des militants autonomes présents dans un parc pour un concert, ont après avoir quitté les lieux festifs, attaqué un commissariat de police à coups de cocktails Molotov, de feux d’artifice et de pierres. Les affrontements se sont rapidement propagées aux rues adjacentes. Plusieurs voitures et motos en stationnement ont elles aussi été incendiés. En cause, la contestation liée a un accident de train survenu il y a un peu plus de deux ans et qui avait fait 57 morts, ce qui avaient déjà donné lieu à une grève générale en février (voir article ici). La police anti-émeutes est arrivés sur place et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Plus de 70 arrestations ont été dénombrées.

À Milan, samedi 13 avril, la solidarité avec le peuple palestinien s’est heurtée de plein fouet à la répression de l’État italien. Des milliers de manifestant·es, venu·es de toute l’Italie, ont marché pour exiger l’arrêt immédiat du massacre à Gaza et  dénoncer l’implication du gouvernement Meloni dans la guerre coloniale d’Israël. La colère était vive dans les cortèges, les banderoles explicites :  «Meloni complice de génocide», «Du Tigré à Gaza, la même guerre coloniale». Dans une stratégie de la tension orchestrée pour faire peur et décourager, les unités anti-émeutes se sont avancées vers  la foule, cherchant l’affrontement. Sous les fumigènes et les cris de «Tutti odiano la polizia » ( tout le monde déteste la police), les forces de l’ordre ont donné des coups de boucliers, des coups de matraques, sept personnes ont été arrêtées, on dénombre plusieurs blessé.es. Malgré la répression, la foule est restée présente, solidaire, enragée.

Des affrontements ont éclaté ce vendredi 12 avril, à Amsterdam, entre la police et des manifestants pro-palestiniens. Les manifestants défilaient dans le quartier financier de la ville pour dénoncer les multinationales qui profitent de leurs liens avec les banques, les fabricants d’armes et d’autres industries complices du conflit et de l’occupation par l’État israélien, alors que les Palestiniens subissent les effets dévastateurs de la guerre. Lors de la manifestation, des pancartes portant des messages tels que « Plus d’universités à Gaza », « Assez » ont été brandies. Le cortège s’est retrouvé face à un important cordon policier que les manifestants ont tenté de franchir. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont procédé à plusieurs arrestations.

Prévoir les meurtres ou des délits avant qu’ils ne soient commis, et donc les empêcher, c’est le principe de la «justice prédictive». Au Royaume-Uni, le gouvernement travaille à un programme de prédiction des crimes et délits découvert par une ONG de défense des libertés. Le ministère de la Justice parle «d’évaluation des risques», le principe est d’utiliser les données relatives aux personnes «connues des autorités», cela concerne de 100 000 à 500 000 personnes, certaines condamnées ou citées dans des enquêtes, mais aussi des victimes de violences. Parmi les données compilées, l’identité complète : nom, âge, genre, ethnie, dossier judiciaire, médical et les facteurs de risque génétiques. L’ONG Statewatch, à l’origine des révélations, dénonce le manque de transparence et l’utilisation de données personnelles.

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6 activistes ont été arrêtés, jeudi 10 avril à Londres, parmi eux, le co-directeur de Greenpeace Royaume-Uni. Accusés de dégradations «criminelles avec préméditation», pour représenter le sang des Palestiniens, ils ont déversé des centaines de litres de colorant rouge biodégradable et non toxique dans l’étang de l’ambassade américaine. À environ 8h du matin, déguisés en livreurs à vélo, 12 militants de l’ONG Greenpeace sont arrivés sur les lieux portant des containers tagués des mots: «Arrêtez d’armer Israël» et ont déversé 300 litres de colorant rouge sang dans l’étang du bâtiment ultra-moderne. Interpellés dans l’après-midi, après identification, ces activistes encourent jusqu’à 10 ans de prison.

Vidéo de l’action  ici

Un bâtiment situé dans le quartier Rekalde à Bilbao et squatté comme gaztetxe (centre social pour les jeunes) depuis dix ans, a été expulsé par un gros dispositif de police ce vendredi 4 avril. Le déploiement de police comprenait 20 camionnettes, de nombreux agents, un hélicoptère et des drones. Des centaines de manifestants ont protesté avec force contre l’expulsion, un cortège s’est élancé de la gare Renfe d’Ametzola vers la mairie de Bilbao, des affrontements ont eut lieu, entre agents de police et les manifestants. Aux matraquages et charges policières, les jeunes ont répondu par des jets de divers objets, par la mise à feu de poubelles. Les organisateurs de l’action de soutien ont dénoncé la « violence et la répression policière » pendant la garde du lieu et l’expulsion. Les forces de l’ordre ont interpellé 5 personnes, 4 manifestants ont été blessés dont un grièvement ainsi 12 agents souffrent de contusions. Les 5 jeunes ont été libérés et devront comparaître devant le juge, accusés de lutte contre l’ordre public et d’attentat contre des agents de la loi.