Lundi 16 septembre, un habitant de Hong kong a été condamné selon la nouvelle loi de sécurité adoptée en début d’année qui restreint les libertés sur le territoire, plus connue sous le nom d’« article 23 ».

Chu Kai-pong avait été arrêté le 12 juin , date d’anniversaire de heurts entre manifestants prodémocratie et les forces de l’ordre 5 ans auparavant, dans une station de métro, après avoir porté pendant vingt-cinq minutes un tee-shirt « Libérer Hong kong, révolution de notre temps » et un masque jaune avec imprimé « FDNOL », acronyme en anglais de « Cinq demandes, pas une de moins », deux slogans du mouvement qui avait secoué la ville en 2019, avant sa reprise en main par les autorités chinoises.

Accusé « d’actes avec intention séditieuse », sa peine sera prononcée ce jeudi et pourra aller jusqu’à sept ans de prison. M. Chu avait déjà été condamné en janvier à trois mois d’incarcération selon une loi plus ancienne pour avoir porté le même tee-shirt à l’aéroport.

« Je n’ai mordu personne ». Ce mardi, tribunal judiciaire de Castres, une jeune femme interpellée à Saïx, le 18 février 2024, comparaissait pour des faits qui ont eu lieu lors d’un rassemblement des opposants à l’autoroute A 69. Un rassemblement pacifique qui avait fini en affrontement quand un groupe de personnes vêtues de noir et cagoulées ont jeté des projectiles sur les gendarmes. Six personnes avaient été interpellées. C’est l’une d’elles qui était jugée ce mardi. Une militante comparaissait non pas pour des jets de projectiles, mais pour être suspectée d’avoir mordu un gendarme lors de son interpellation. À la barre, la jeune femme conteste tout. Elle n’a jeté aucun projectile, n’a mordu personne et décrit au contraire une arrestation musclée. Le jour de l’interpellation, cette dernière était tout de noir vêtue et cagoulée afin de se protéger de la repression.

Pour le procureur, « il faut envoyer un signal », un « avertissement », la défense rappelle que ce sont des militants écologistes et qu’ils se mobilisent pour la planète. Le tribunal condamne la jeune femme à 5 mois de prison avec sursis, ainsi qu’une amende de 400€ avec sursis. Elle devra indemniser le gendarme mordu à hauteur de 600€.

Suite aux manifestations pro-palestiniennes qui ont gagné les universités américaines ce printemps, puis les campus du monde entier, les universités américaines ont renforcé la sécurité avant le début de la session d’automne. Elles interdisent les occupations de soutien au peuple palestinien. Des milliers d’étudiants avaient dénoncé le soutien financier de leurs universités aux entreprises qui soutiennent l’occupation israélienne, installant des campements sur les campus malgré l’intervention de la police. Ces manifestations ont duré du mois d’avril jusqu’à la remise des diplômes en juin.

L’université Columbia de New York a clôturé les pelouses où les étudiants avaient établi leur campement. Un e-mail leur a été adressé en juillet, informant son intention d’instaurer un système de code couleur afin de restreindre l’accès aux activités de l’établissement. L’université va faire appel à des agents de la paix dotés de pouvoirs d’arrestation pour renforcer ses effectifs de sécurité.

Les mesures prises à l’université de Virginie comprennent l’interdiction des événements en plein air entre 2 et 6 heures du matin. L’université a également décidé qu’aucune tente ne pouvait rester sur le campus pendant plus de 18 heures et qu’il était  interdit de dormir sur les terrains du campus entre minuit et 6 heures du matin. Les étudiants portant des masques sur le campus doivent présenter une pièce d’identité à la demande des responsables. L’université de Pennsylvanie a interdit le camping et les évènements nocturnes. Toutes les manifestations dans les locaux universitaires, les bibliothèques et les musées sont également interdites. Les actions doivent être enregistrées au moins 48 heures à l’avance, les sons amplifiés sont interdits entre 17 et 22 heures en semaine. Université Case Western Reserve de l’Ohio, les manifestations de plus de 20 participants ou d’une durée supérieure à deux heures doivent désormais faire l’objet d’une autorisation écrite. Les actions ne sont autorisées qu’entre 8 heures et 20 heures, les feux d’artifice, les tentes et le matériel de projection sont interdits.

Ce 6 septembre, à la demande du parquet général, le tribunal pénal d’Izmir a décidé d’interdire et de confisquer tous les livres «Les filles de Kobani: L’histoire de la rébellion – Courage et justice» écrit par la journaliste-auteure américaine Gayle Tzemach Lemmon en 2016. Le livre contient des souvenirs, des récits des femmes qui luttent contre l’Etat islamique (DAECH / ISIS) à Kobané et «La couleur pourpre de la politique kurde» compilé par Gültan Kisanak (voir article ici) en 2018, recueil d’écrits de vingt-deux femmes politiques kurdes emprisonnées en Turquie. Il explore les défis personnels et collectifs auxquels sont confrontées les femmes kurdes dans un système patriarcal et anti-kurde ainsi que leurs convictions politiques inspirées des mouvements anticapitalistes et socialistes en Turquie. Les 2 livres ont été saisis le 6 octobre 2023 lors de l’arrestation et de la perquisition au domicile Berna Çelik ancienne coprésidente provinciale d’Izmir du Parti démocratique des peuples (HDP). Selon le bureau du procureur «Il est entendu que les livres contiennent de la propagande terroriste de l’organisation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)».

Le tribunal a ordonné le rappel de tous les livres vendus jusqu’à présent. La culture Kurde est plus que jamais dans le collimateur du gouvernement turc.

Mercredi 4 septembre, des affrontements ont eu lieu en Argentine entre les forces de sécurité et les retraités soutenus par des organisations sociales de gauche lors d’une manifestation pour rejeter le veto total du président Javier Milei, veto qui affecte directement l’augmentation des retraites pourtant récemment votée par le Congrès de la nation. À 15h00, le gouvernement a mis en place une grande opération de police pour faire respecter le protocole anti-manifestation. La situation à proximité du Congrès est devenue tendue, les forces de sécurité ont essayé de contenir les manifestants alors qu’ils poursuivaient leur marche vers la Plaza de Mayo. Les premiers affrontements ont commencé vers 16h00, des bousculades, des poursuites et des matraquages ont eu lieu lorsque les manifestants ont essayé de franchir le cordon de police. Les forces de l’ordre ont alors tenté d’évacuer les rues, donnant des coups de boucliers et de bâtons, des manifestants se sont défendus à coups de pancartes, d’autres ont mis le feu à un conteneur au milieu des affrontements, la police a répondu par des lancés de gaz lacrymogènes.

La répression de la manifestation a fait 27 blessés dont 8 journalistes, 2 personnes ont été hospitalisées.

30 aout, 25 étudiants et non étudiants on reçu en main propre ou par recommandé des convocations de police, elles seront auditionnées par les forces de police pour des infractions pénales pouvant mener à des peines de prison. Les forces de l’ordre accusent ces personnes de possible « appartenance à un groupe prônant la haine et la ségrégation raciale ». La police se réfère  entre autre à l’occupation du bâtiment B nommé « Walid Daqqa » de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), occupation qui a durée 42 jours.(voir article ici)

Les mouvements et actions de soutien à la Palestine à Bruxelles ou ailleurs sont de plus en plus criminalisés.

Vendredi 30 aout au matin, les occupants de la ZAD ont subi une intervention de délogement de grande ampleur. Plus de 200 gendarmes se sont rendus sur la ZAD de la « Cal’arbre » pour expulser les activistes opposés au projets de prolongation de l’autoroute A69 à Saix dans le Tarn. L’intervention à été menée par la CNAMO, unité de gendarmerie spécialisée dans le dégagement d’obstacles complexes.Tentes lacérées, objets personnels saccagés… À 13 heures, la quasi totalité des cabanes et des espaces communs ont été détruits. (voir article ici)

Les forces de l’ordre ont attaqué un chêne à la pelleteuse, mettant gravement en danger les militants accrochés aux arbres. Lors de l’opération militaire, une personne réfugiée sur un fortin de vigie suspendu dans un arbre à 8 mètres du sol a été braquée par des gendarmes munis de LBD, poursuivie par la CNAMO, elle a chuté de 8 mètres. Gravement blessé, l’activiste a été pris en charge par les sapeurs-pompiers, il souffrirait de plusieurs fractures à la colonne vertébrale, il a été hospitalisé. Six militants ont été interpellés. Seuls quelques arbres restent à ce jour occupés sur le site de La « Cal’arbre ».

Alger, 27 aout, arrestation de Fethi Ghares, une figure connue de l’opposition algérienne, engagé depuis 2019 dans le mouvement de protestation populaire du Hirak, qui réclamait un changement radical du système de gouvernance. Son mouvement de gauche MDS (Mouvement Démocratique et Social), successeur du Parti communiste algérien, a été interdit depuis février 2023. Cette arrestation a lieu avant l’élection présidentielle du 7 septembre.

Elle intervient alors que les mesures de contrôle imposées à Karim Tabbou, autre figure du Hirak de 2019, qui subit un encadrement strict depuis 2020  vient de se voir imposer de nouvelles mesures contraignantes. Depuis le mois de mai, il était soumis à des pointages tous les lundis et avait l’interdiction de quitter le territoire. Désormais, il a interdiction de publier ou d’écrire sur les réseaux sociaux, de quitter le territoire de la juridiction de Koléa, de participer à une émission télévisée ou conférence de presse, interdiction de toute activité politique.

Jeudi 22 aout, le directeur du journal Oise Hebdo a été condamné à une amende pour avoir divulgué, le nom du policier auteur du tir mortel à bout portant qui a couté la vie à Nahel le 27 juin 2023.  Le 6 juillet 2023, peu après les émeutes (voir article ici) qui ont suivi les faits, le journal publie un article comprenant le nom, le lieu de résidence ainsi que la photo du policier incriminé. Le directeur de l’hebdomadaire a été condamné à 4 000 euros d’amende dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 euros au policier au titre du préjudice moral.

L’auteur du coup de feu mortel, a été mis en examen pour meurtre et incarcéré pendant cinq mois, avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’enquête sur la mort de Nahel a été clôturée par les juges d’instruction au début d’août.

Cinq activistes ont été condamnés à de lourdes peines de prisons pour avoir occupé une usine d’armes à Glasgow. Le 1er juin 2022, des militants d’Action Palestine sont montés sur le toit de l’entreprise d’armement Thales (voir article ici) et ont déployé une banderole de soutien au peuple palestinien. Deux activistes sont entrés dans les bâtiments de production en usant de fumigènes qui ont déclenché l’alarme incendie, ils ont ensuite détruit plusieurs armes, les militants restés sur le toit du bâtiment se sont collés au revêtement de celui-ci. Malgré leur nombre, les forces de l’ordre n’ont pas pu les déloger, l’occupation à duré toute la nuit. Trois des militants ont été condamnés à 12 mois de prisons, le quatrième à 14 mois de prison et le dernier à une peine de 16 mois de prison.

A ce jour, plus de 40 personnes sont emprisonnées au Royaume-Uni pour avoir apporté leur soutien à la Palestine, 16 d’entres elles sont liés au groupe « Action Palestine », 26 autres au collectif « Just Stop Oil ».