Tous les dimanches, pendant plusieurs semaines à Bruges, le militant pro-palestinien Wouter Mouton et d’autres activistes ont écrit des messages à la craie contre le génocide en Palestine. En quelques mois, il a reçu 20 000€ d’amendes. Selon le bourgmestre Dirk De Fauw (CD&V), une telle procédure vise à faire pression sur ce militant. De son côté, Wouter Mouton et ses soutiens dénoncent des méthodes d’intimidation alors que la craie ne provoque pas de dégâts et que son usage n’est formellement pas interdit.

Lundi 2 novembre, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) en soutien à un étudiant sous le coup d’une procédure disciplinaire en raison de son engagement en soutien à la Palestine (voir notre article). Parallèlement, un drapeau palestinien géant de 18 mètres sur 9 a été déployé sur la façade du bâtiment A du campus du Solbosch de l’ULB pour dénoncer la criminalisation de la solidarité avec le peuple palestinien sur ce campus. Cette mobilisation était initiée par plusieurs associations étudiantes et membres du corps académique.

Lundi 3 novembre, une manifestation de soutien au peuple palestinien était organisée, mais le bourgmestre N-VA l’a interdit sur la Suikerrui, à côté de l’hôtel de ville, et sur la Grand-Place devant l’hôtel de ville. Suite à un recours devant le Conseil d’Etat, les organisateurs ont décidé de maintenir l’initiative après que l’institution administrative a estimé que la Ville n’avait pas fourni suffisamment d’arguments pour justifier sa décision, mais aussi qu’il n’y avait pas d’urgence et que la procédure d’urgence n’était donc pas justifiée. Finalement, la police a violemment dispersé le rassemblement en utilisant un canon à eau et du spray au poivre, tout en procédant à 3 arrestations administratives.

Une enquête internationale menée par G4S révèle que les entreprises belges augmentent considérablement le nombre d’agents de sécurité privés qu’elles emploient suite à une perception croissante de la menace que représentent les groupes militants tels que Code Rouge et Stop Arming Israel. Ces conclusions se fondent sur des entretiens menés auprès de 58 responsables de la sécurité en Belgique, dans le cadre d’une enquête plus large menée auprès de 2 352 dirigeants dans 31 pays. 81 % des responsables de la sécurité belges estiment que les militants représentent une menace physique pour leurs entreprises et leurs dirigeants, un taux parmi les plus élevés d’Europe, comparable à celui du Royaume-Uni. La moyenne européenne s’élève à 73 %.

« Les entreprises sont réellement préoccupées lorsque des actions de protestation sont annoncées et nous demandent souvent d’augmenter le nombre d’agents de sécurité sur place », a déclaré la porte-parole de G4S Belgique. « Dans certaines entreprises portuaires, cela peut signifier doubler le nombre de gardes, tandis que dans les industries de haute technologie, cela peut représenter une multiplication par quatre. » Près de la moitié des entreprises belges (48 %) déclarent que les menaces à l’encontre de leurs dirigeants ont augmenté au cours des deux dernières années, un chiffre dépassé uniquement en France. Ce pourcentage est nettement supérieur aux moyennes européennes et mondiales de 42 %. 74 % des entreprises prévoient d’augmenter leurs budgets de sécurité physique.

À la suite de l’occupation de l’Université Libre de Bruxelles en soutien au peuple palestinien au printemps 2024, un étudiant pro-palestinien est aujourd’hui pris pour cible dans une procédure disciplinaire. L’accusation porte sur des « coups et blessures avec motivation antisémite » alors que celui-ci s’opposait simplement à la provocation de militants pro-israéliens. A la suite de ces faits et à l’initiative des autorités de l’ULB, une commission de discipline a été convoquée pour statuer sur ces faits et éventuellement sanctionner l’étudiant. La commission qui a instruit le dossier au printemps et à l’été 2025 a reconnu l’altercation mais le caractère antisémite n’a par contre pas été retenu. Suite à cette décision, la rectrice de l’ULB a fait appel ce qui a pour conséquence de rejouer et prolonger la procédure devant le bureau du conseil académique (CoA) de l’ULB. Face à cette situation, les nombreux soutiens de l’étudiant refusent l’acharnement de la rectrice et l’instrumentalisation de l’antisémitisme en appelant à se rassembler le 3 novembre devant la commission de recours à 15h45 devant la Maison des Sciences Humaines (1 av. Antoine Depage).

L’opération visait à expulser environ 70 personnes sans papiers occupant un ancien bâtiment syndical depuis mars. Ce 17 octobre a été marquée par “des violences physiques et symboliques”, la destruction d’effets personnels et “l’absence totale de dialogue” dénonce le collectif Zone Neutre. Lors de cette expulsion, la police avait fait usage de violences pour évacuer les soutiens présents, au moins douze personnes ont été blessées alors que les forces de l’ordre annonçaient le bilan bien moins élevé de 2 blessés . “Plusieurs personnes ont dû être hospitalisées pour des fractures, commotions ou brûlures provoquées par les gaz lacrymogènes. D’autres gardent encore des bleus et des traumatismes psychologiques”, écrit le collectif. Zone Neutre dénonce l’attitude de la commune et celle de la la police, des familles ont été mises en danger alors qu’une convention d’occupation temporaire dans un autre bâtiment était “sur le point d’aboutir”.

À Bruxelles, le samedi 18 octobre, des habitant·es d’un espace de co-housing situé rue des Tanneurs ont reçu la visite de la police locale, cette dernière est venue leur demander de retirer les drapeaux palestiniens accrochés aux fenêtres du bâtiment. L’intervention des agents, s’inscrit dans le cadre d’un « règlement communal interdisant tout affichage extérieur sans autorisation ». Le texte invoqué est celui de l’article 55 paragraphe 3 du Règlement général de police (RGP) applicable dans les 19 communes de la capitale. Ce règlement stipule qu’il est « défendu de placer sur les façades de bâtiments ou de suspendre à travers la voie publique des banderoles, drapeaux, guirlandes lumineuses ou calicots sans autorisation préalable ». Les communes peuvent infliger des sanctions administratives communales (SAC) pour certains types d’affichages.

Un contrôle surprise des services sociaux a eut lieu la nuit du 18 au 19 octobre dans  le hall des arrivées à l’aéroport d’Ostende. Un groupe de plongeurs a été contrôlé par des inspecteurs de l’INAMI (Institut national d’assurance maladie invalidité) et de l’ONEM ( Office national de l’emploi), quelques minutes après avoir posé le pied sur le sol belge. Les inspecteurs ont trié les voyageurs en laissant partir les ressortissants français et hollandais, ils ont ensuite pris la carte d’identité de chaque Belge et ont scanné la puce de celle-ci avec leur smartphone via une application qui permet de voir si la personne perçoit une allocation sociale. Une traque des allocataires sociaux prévue deux fois par an dans les aéroports belges et qui ont pour but de sanctionner les allocataires sociaux (chômeurs et malades) n’ayant pas suivi les démarches administratives leurs permettant de résider à l’étranger. Les membres du groupe se sont vus remettre un document en néerlandais rappelant les formalités à accomplir avant de quitter la Belgique.