Mercredi à Tchita en Sibérie, douze personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison par un tribunal militaire pour des actes de sabotage sur des chemins de fer. Les douze hommes ont écopé de peines allant de 8 ans et demi à 20 ans de prison, une 13e personne accusée de complicité a été condamnée à 4 ans de prison. Tous faisaient partie d’un groupe organisé visant à « saper la stabilité économique et les capacités défensives de Russie » et forcer les autorités russes à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Entre décembre 2022 et janvier 2023, les 12 personnes ont participé à des actes de sabotage à Moscou et dans la région de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale) en visant une locomotive et des infrastructures électriques liées au transport par train. Avant leur arrestation, ils avaient comme projet, le sabotage par incendie d’un avion de chasse sur une base militaire de la région de Primorié dans l’Extrême-Orient.

Un tribunal russe a jugé à huit clos et a condamné jeudi 15 août une citoyenne russo-américaine à 12 ans de prison pour «haute trahison». Lors des tout premiers jours du conflit russo/ukrainien, elle avait envoyé environ 51 dollars  ( 46 euros ) à l’ONG Razom qui fournit une assistance médicale et matérielle à l’Ukraine. Ksenia Karelina, jeune femme originaire d’Ekaterinbourg, vivait en Californie aux Etats-Unis, où elle a émigré il y a plus de dix ans et obtenu la nationalité américaine. Elle a été arrêtée en février alors qu’elle rendait visite à ses grands-parents sur le sol russe. C’est lors d’un contrôle que les agents des forces de sécurité russes ont découvert le don en faveur de l’Ukraine sur son téléphone.

Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, des milliers de personnes ont été sanctionnées, menacées ou emprisonnées en raison de leur opposition au conflit. Les procès pour « haute trahison » ont été multipliés et sont toujours assortis de lourdes peines.

Le 8 juillet, la metteuse en scène Evguénia Berkovitch et la dramaturge Svetlana Petriïtchouk, ont été condamnée à 6 ans de colonie pénitentiaire par un tribunal militaire de Moscou pour «apologie du terrorisme». Incarcérées depuis mai 2023 pour la pièce de théâtre «Finist, le clair faucon » montée en 2020 qui raconte l’histoire de Russes recrutées sur internet par des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser. L’un des experts appelé lors du procès s’est appuyé sur le concept de la «déstructologie», une pseudoscience, supposée capable de détecter les phénomènes sociaux dangereux à un stade précoce et ayant trouvé dans l’œuvre des «signes de l’idéologie du féminisme radical» qui serait aussi dangereux que l’État islamique.

Avant son arrestation, Evguénia Berkovitch s’était publiquement prononcée contre l’offensive en Ukraine. Son arrestation serait liée à cette prise de position.

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Vendredi après-midi, les autorités de Moscou avaient mis en garde les habitants contre toute manifestation “non autorisée” après l’annonce de la mort en prison de l’opposant Alexeï Navalny. Mais dans la soirée, des personnes faisaient la queue pour déposer des fleurs dans plusieurs cités russes sur des monuments à la mémoire de dissidents politiques, et des interpellations avaient déjà été signalées. Plus de 101 personnes ont été arrêtées dans dix villes, principalement des grands centres urbains. Une soixantaine ont été interpellées et placées en détention à Saint-Pétersbourg, une quinzaine à Nijni Novgorod et une dizaine à Moscou. Alexeï Navalny, 47 ans, purgeait une peine de 19 ans de prison pour “extrémisme” dans une colonie reculée de l’Arctique, dans des conditions très difficiles.

EDIT: Le nombre des personnes arrêtées par les forces de sécurité russes pour avoir rendu un hommage public à Alexeï Navalny s’élève à plus de 400 personnes dans 36 villes du pays

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Un tribunal russe a condamné un jeune homme de 17 ans à six ans de détention dans une colonie pénitentiaire pour mineurs pour avoir tenté d’incendier des bureaux de recrutement de l’armée en signe de protestation contre la guerre en Ukraine. Yegor Balazeikin, avait lancé des cocktails Molotov à Saint-Pétersbourg et dans sa ville natale de Kirovsk, pour protester contre la guerre où son oncle a trouvé la mort. Selon les autorités russes, 220 attaques ont été recensées depuis le début de la guerre en l’Ukraine. Des chiffres contestés par le média russe indépendant Mediazona, qui rapporte 113 attaques depuis le 26 juillet de l’année dernière. De leur côté, les services britanniques affirment que ces attaques ont notablement augmentées ces derniers mois. Une manière de record a été établi lorsque douze attaques incendiaires contre des centres de conscription militaire ont été enregistrés dans toute la Russie en seulement 24 heures, le 31 juillet dernier. Les bâtiments visés abritaient des centres de conscription militaire à St. Peterburg, Kazan, Volsk, Omsk, Rossosha, Mozhaisk, Podolsk, Verkhneuralskoye, Kaluga, Kopeisk et dans d’autres villes. La majorité des assaillants présumés étaient des femmes.

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Fin novembre, l’anarchiste Ruslan Siddiki a été arrêté, car suspecté d’avoir provoqué le déraillement d’un train de marchandises dans la province de Riazan. Le 2 décembre, le tribunal du district de Dorogomilovsky, à Moscou, a placé Ruslan en détention préventive. Les actions de sabotage des lignes ferroviaires sont assez courantes, en Russie. Des guérilleros les utilisent pour bloquer les livraisons de matériel militaire aux forces armées qui interviennent sur le territoire ukrainien. Ce déraillement a eu lieu le 11 novembre, à 190 km du terminus de Moscou. Un tronçon de voie de 300 mètres avait été endommagé à la suite de l’explosion d’engins explosifs artisanaux et les 19 premiers wagons d’un train tombés dans un fossé. Les services de sécurité ont également accusé Ruslan Siddiki d’avoir part à l’attaque contre l’aéroport militaire de Riazan, le 20 juillet. Quatre drones chargés d’explosifs avaient volé jusqu’à la base de Dyagilevo. Ruslan est accusé d’« acte de terrorisme » (article 205 du code pénal de la Fédération russe, paragraphes 2.a et 2.v) et de « possession de matériel explosif » (art. 222.1, par. 3.a). Il risque une peine allant de 12 à 30 ans de prison.

 

Le 4 septembre, l’ancien étudiant-chercheur de l’Université d’État de Moscou et prisonnier politique Azat Miftakhov a été libéré de la colonie pénitentiaire où il était enfermé. Il avait été condamné sur base de témoignage extorqués sous la torture, notamment sous l’accusation d’avoir lancé un fumigène dans l’un des bureaux du parti Russie Unie de Poutine. Le jour de sa libération, le Service Fédéral de Sécurité (FSB) l’a arrêté dans le cadre d’une procédure pénale pour « apologie du terrorisme ». Selon le FSB, Azat a discuté avec d’autres prisonniers de la guerre en Ukraine et de l’action de l’anarchiste Mikhail Zhlobitsky, qui a provoqué une explosion dans un bâtiment du FSB et y est mort, en 2018. Miftakhov a refusé de plaider coupable. Le 5 septembre 2023, le tribunal l’a envoyé en détention pour deux mois, à cause de l’ouverture d’une nouvelle enquête. Vous pouvez aider sa famille a lui payer un avocat via le compte Paypal de l’ABC Moscou : abc-msk@riseup.net (indiquer « pour Miftakhov » dans l’objet).

 

Le célèbre sociologue marxiste Boris Kagarlitsky, auteur de plusieurs livres remarqués, est actuellement détenu et risque jusqu’à 7 ans de prison s’il est reconnu coupable de l’accusation de « justification du terrorisme ». Son crime est d’avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine. La décision du 26 juillet de le détenir jusqu’à son audience fin septembre a été prise devant un tribunal à huis clos de la ville reculée de Syktyvkar – loin de Moscou où il avait été arrêté la veille – et en l’absence de son avocat. Les agents du Service fédéral de sécurité (FSB) ont également ciblé Rabkor (« Correspondant ouvrier »), la plateforme médiatique en ligne que Kagarlitsky édite. Jusqu’à présent, au moins trois personnes associées à Rabkor ont été perquisitionnées et interrogées.

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La guerre déclenchée par la Russie pose de sérieux défis au système politique russe, mais elle n’a pas produit de bouleversement, même si elle a provoqué un mécontentement et des craintes pour la sécurité personnelle et la stabilité économique chez les groupes à faibles ressources. Le régime ayant réprimé les forces auto-organisées ces 20 dernières années, les personnes mécontentes manquent d’instance pour organiser et exprimer leur résistance. Le Secours Rouge accueille ce jeudi 29 juin, au local Sacco Vanzetti, à 19H, un représentant de l’Anarchist Black Cross de Moscou qui abordera l’évolution de la situation politique en Russie dans les conditions de la guerre et son impact sur les pratiques d’auto-organisation. Au local Sacco Vanzetti, 54 chaussée de Forest (1060 Bruxelles), Métro Porte de Hal, jeudi 29 juin à 19H

Deux hommes, un ancien militaire et un ex-secouriste, Roman Nasryev et Alexeï Nouriev, qui travaillaient alors dans la Garde Nationale et au ministère des Situations d’urgence, avaient cassé à la mi-octobre, pendant la nuit, une vitre au rez-de-chaussée de la mairie de Bakal, une petite ville de la région de Tcheliabinsk. Ils avaient ensuite jeté plusieurs cocktails Molotov dans ce bâtiment qui abritait un bureau de recensement militaire. Plus de 4 000 dossiers de personnes mobilisées auraient été brûlés dans l’incendie. Les deux hommes (des amis qui jouaient dans le même groupe de rock) ont été condamnés lundi à 19 ans de prison par un tribunal militaire d’Ekaterinbourg (Oural), notamment pour « acte de terrorisme » en bande organisée. Ils n’ont pas nié les faits, mais ont rejeté tout acte de terrorisme en affirmant avoir voulu dénoncer la campagne militaire en Ukraine. «Je voulais seulement montrer que dans notre ville il y a des gens contre la mobilisation et « l’opération militaire spéciale »» en Ukraine, a expliqué Alexeï Nouriev pendant le procès. Des dizaines d’attaques similaires antiguerre, contre des bâtiments publics, ont été signalées en Russie depuis le début de l’offensive en Ukraine, mais les chefs d’inculpation et peines prononcées ont été jusqu’à présent moins sévères. Voir ici les récentes affaires

 

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