Le Mexique compte plus de 120 000 personnes disparues depuis 1952, surtout des victimes de la guerre des gangs de narcotrafiquants. Invoquant cette problématique et une volonté de moderniser l’administration, le Parlement mexicain a adopté fin juin un paquet de plus de vingt lois comprenant la CURP, que l’on peut traduire par « code unique du registre de la population », un identifiant obligatoire associé à des données biométriques telles que les empreintes digitales et la reconnaissance faciale, qui servira de document d’identification à la fois physique et numérique.

Rendez-vous chez le dentiste, achat d’un abonnement de gym ou ouverture d’un compte en banque: cet identifiant sera indispensable pour les démarches administratives et l’accès aux services publics et privés. La CURP créera ainsi une empreinte numérique des activités des citoyens et citoyennes, liée à un registre national consultable par l’Etat. L’objectif affiché est de permettre aux autorités d’effectuer des recherches en temps réel des personnes disparues. Bien entendu, ce paquet de lois accentue les capacités de surveillance de l’Etat mexicain. Lorsqu’un tel type d’informations est centralisé dans une base de données unique, cela permet de constituer un profil individuel à partir duquel les autorités peuvent faire des déductions ou vous suivre à la trace, car ces données sont consultables non seulement par les forces de l’ordre, mais aussi par l’armée. Cette base de données ne prévoit aucune protection: il n’y a pas de contrôle sur l’accès aux données ni de garanties concernant leur utilisation.

L’argument de la lutte contre les disparitions interroge : les cartels vont simplement prendre des dispositions pour ne laisser aucune trace, ce qui pourrait en réalité freiner les efforts pour retrouver les victimes et lutter contre les disparitions forcées.

 

Le gouvernement français a attribué à Talkwalker, une entreprise canadienne détenue par le groupe Hootsuite et des fonds américains, un contrat de surveillance des réseaux sociaux pour le compte du gouvernement. Ce marché de « social listening » vise à analyser les échanges en ligne sur des plateformes comme TikTok, X, Facebook, Instagram ou LinkedIn, afin d’anticiper des signes de crises en ligne, qu’elles soient locales ou étrangères.

Plusieurs services sensibles comme le ministère des Armées, l’ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes d’information) et Viginum (chargé de la lutte contre les manipulations en ligne) ont exprimé leur inquiétude face à cette décision. Ce choix soulève selon eux des questions sur la confidentialité des données et le risque d’accès à des informations sensibles par des puissances étrangères.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Ennouri, a présenté, lundi 14 juillet, un vaste plan de modernisation touchant les services sécuritaires. Plus de 570 projets d’infrastructure sont en cours à travers le pays, pour réhabiliter les postes de police, de la Garde nationale et de la Protection civile. Le ministère poursuit la digitalisation des services, avec la numérisation des demandes d’extraits de casier judiciaire, l’envoi de notifications par SMS et l’installation de caméras de surveillance entre les villes. Le passeport et de la carte d’identité biométriques seront introduits prochainement. La fiche d’embarquement a été supprimée dans tous les aéroports et au port de La Goulette au profit d’un système numérique.

Le Parlement européen a voté le 9 juillet en faveur de l’introduction du nouveau système d’entrée/sortie, un outil conçu pour renforcer le contrôle des frontières de l’Union Européenne. Ce nouveau système, que la Commission prévoit de lancer en octobre, recueillera des données biométriques (telles que les empreintes digitales et les scans faciaux) et des informations sur les voyages des citoyens non européens visitant l’UE pour de courts séjours. Il remplacera l’ancien système d’apposition de tampons sur les passeports et permettra également de détecter les fraudes à l’identité, de suivre les dépassements de séjour. En raison des inquiétudes liées au lancement d’un système aussi complexe, la Commission a proposé un déploiement progressif sur 180 jours. Cela permettrait aux États membres de mettre en œuvre le système progressivement.

Un rapport officiel de la Commission européenne propose d’intégrer des “portes dérobées” dans presque tous les appareils électroniques, du smartphone à la voiture en passant par la télévision connectée pour faciliter l’accès de la justice aux données qu’ils contiennent. Aujourd’hui, dans pas moins de 85% des enquêtes criminelles en Europe, les “preuves numériques” jouent un rôle important. Il ne s’agit pas seulement des données stockées sur des ordinateurs ou des communications, mais aussi par exemple quand la domotique enregistre quelles lumières sont allumées dans la maison. Obtenir ces preuves n’est pas toujours facile.  Les fabricants renforcent la sécurité de leurs appareils, par exemple en “chiffrant” les données, les rendant ainsi illisibles sans mots de passe.

Un groupe d’experts comprenant des représentants de l’agence européenne de police Europol a donc récemment recommandé à la Commission européenne, dans un rapport, d’installer des “portes dérobées” légales dans tous les appareils intelligents. Sur base de ce rapport, la Commission européenne va enquêter sur ce à quoi devraient ressembler ces portes dérobées. Elle souhaite notamment se pencher sur le “décryptage” des informations sensibles. Par exemple, Europol devrait recevoir un logiciel lui permettant de consulter toutes les données. Quel que soit l’appareil utilisé, “tant que la cybersécurité et les droits fondamentaux sont garantis”.

En Inde, un dispositif controversé est censé aider à la résolution de certaines affaires policières : le Brain Electrical Oscillation Signature profiling (BEOS) ou « profilage de la signature des oscillations électriques cérébrales ». Les policiers équipent le suspect à l’aide d’un casque à électroencéphalogramme (EEG) et le soumettent à l’écoute de courtes phrases en lien avec le crime. En enregistrant l’activité cérébrale de l’individu, les enquêteurs espèrent assister à l’activation de certaines zones du cerveau permettant de révéler un souvenir et donc, une « connaissance expérientielle » du crime.

La méthode permet en théorie d’analyser plusieurs types d’ondes cérébrales reflétant l’activation de réseaux neuronaux en lien avec la mémoire autobiographique. Autrement dit, il s’agit de savoir si le suspect a réellement vécu le fait qui lui est reproché. Les recours au BEOS se comptent par centaines et ce, depuis son apparition en Inde au début des années 2000 sous l’impulsion du psychologue clinicien Champadi Raman Mukundan et sa société Axxonet. Or, bien que le fruit de cette méthode ne soit pas recevable comme preuve directe depuis 2010 et la parution d’un arrêt de la Cour suprême du pays, l’influence sur les décisions de justice est bien présente. De plus, le BEOS a tendance à dépasser les frontières indiennes depuis quelques années.

Pourtant, le protocole de la méthode est assez lunaire. En effet, le BEOS implique l’écoute par le suspect de phrases énoncées par les enquêteurs eux-mêmes, se basant sur leur propre version des faits. Or, il existe un fort risque d’orienter la perception de l’individu et surtout, d’induire chez ce dernier une charge émotionnelle capable d’influer sur son activité cérébrale. Il n’existe aucune preuve que la « connaissance expérientielle » relève d’un vrai souvenir ou d’une confusion mentale. La possibilité de lire électriquement un souvenir est douteuse. Aucun protocole n’encadre la phase de création et d’écoute des fameuses phrases prononcées par les enquêteurs. Surtout, aucune étude digne de ce nom n’a fait l’objet d’une publication dans une quelconque revue scientifique.

La JOC Bruxelles et TechnopoliceBXL organisent une conférence qui abordera les enjeux liés aux smartphones et à la surveillance. Elle abordera différentes stratégies de réduction des risques qui permettent de complexifier le travail de la police, alors qu’à travers l’Europe, la répression s’est intensifiée depuis le 7 octobre. La conférence traitera aussi des entreprises israéliennes prépondérantes sur le marché des logiciels espions, les universités, l’armée et les services de renseignements israéliens. La présentation complète de la conférence. Ce mercredi 4 juin, à 19h, rue d’Anderlecht 4, 1000 Bruxelles

Le FBI adopte un radar pour voir à travers les murs. Mis au point par la société Maxentric Technologies, en collaboration avec le Département de la Sécurité intérieure, il est capable de détecter une silhouette humaine, même immobile ou allongée. Le système, nommé DepLife, pour “Detect Presence of Life”, se compose du boîtier-radar proprement dit (un système MIMO UWB-IR 8 GHz, qui émet des impulsions électromagnétiques à des fréquences spécifiques pour créer une scène de l’emplacement des réflecteurs)  et d’un smartphone pour le contrôler. L’opérateur peut ainsi obtenir un rendu 3D des environs, avec les silhouettes des êtres humains présents mises en évidence sur une carte couleur multi-portées en vue aérienne, avec des icônes annotant les résultats de l’algorithme. Quatre visualisation différentes sont disponibles, affichant des résultats filtrés différents des données radar brutes. Le système pourrait intéresser le service fédéral pour sa capacité à détecter une personne cachée, dans un faux plafond par exemple ou pour servir d’outil de surveillance passive. Ce n’est pas le premier outil de la sorte (voir notre article) mais la technologie progresse spectaculairement.

La police et les agences fédérales ont trouvé un nouveau moyen de contourner les lois limitant l’usage de la reconnaissance faciale : un modèle d’IA qui peut suivre les personnes à l’aide d’attributs tels que la taille du corps, le sexe, la couleur et la coupe de cheveux, les vêtements et les accessoires. L’outil, appelé Track et développé par la société Veritone, est utilisé par 400 clients, dont des services de police d’État et locaux et des universités partout aux États-Unis. Le système est également en pleine expansion au niveau fédéral : les procureurs américains du ministère de la Justice ont commencé à utiliser Track pour les enquêtes criminelles en août dernier.

Ryan Steelberg, PDG de Veritone, explique franco l’origine de Track : « Si nous ne sommes pas autorisés à suivre les visages des gens, comment pouvons-nous contribuer à identifier potentiellement des criminels ou des comportements ou activités malveillants ? » En plus de suivre les individus là où la reconnaissance faciale n’est pas légalement autorisée, explique Steelberg, Track permet de suivre les personnes lorsque les visages sont masqués ou non visibles. C’est le premier exemple d’un système de suivi non biométrique utilisé à grande échelle aux États-Unis.

À l’été 2025, la gendarmerie française va déployer le DT46, un drone à voilure fixe de moyenne endurance. Le drone est encore en cours d’expérimentation par la Section expérimentation drone moyenne endurance (SEDAME) des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN). Conçu par la société française DELAIR, il viendra compléter la gamme de drones en dotation, en apportant une capacité de surveillance prolongée, performante et modulable. Le DT46 peut voler 6 heures durant pour un rayon d’action maximum de 100 kilomètres. Il a un double mode de mise en œuvre : décollage vertical ou lancement en mode avion, et peut emmener jusqu’à 5 kilos de charge utile, permettant l’intégration de capteurs optiques ou d’autres dispositifs embarqués selon les besoins.