Trois ONG thaïlandaises de protection des droits de l’homme ont publié un rapport en début d’année qui recense les cas de torture dans des camps militaires. Il s’appuie sur des témoignages précis, mais l’identité des victimes n’est pas mentionnée, afin de les protéger. L’armée a intenté un procès aux directeurs de ces ONG pour diffamation et violation de la loi informatique. Ce que les militaires reprochent surtout à ces militants, c’est d’avoir refusé de leur donner les noms des victimes. Pour les défenseurs des droits de l’homme, si l’identité des victimes est révélée, les militaires iront immédiatement les menacer.
Un second procès concerne la mort d’un conscrit dans un camp militaire suite aux mauvais traitements. Il s’était enfui du camp militaire parce qu’il trouvait l’entraînement trop dur. Rattrapé, il a été battu avec une canne en bambou, traîné nu sur une surface en béton, et du sel a été mis sur ses plaies pour augmenter la douleur. Le conscrit est mort de ses blessures peu après. Sa nièce a rendu publique l’affaire, et l’armée, qui a pourtant reconnu les faits dans un rapport interne et dédommagé la famille, a intenté un procès en diffamation contre cette jeune femme. En Thaïlande, les lois générales ne s’appliquent aux militaires que si leur commandement l’accepte. En fait, les militaires échappent aux lois pénales dans la plupart des circonstances parce qu’une clause d’immunité juridique est très souvent ajoutée aux lois concernant les actions des militaires.
L’armée thaïlandaise: un état dans l’état