Au Canada, le gouvernement Harper, dans le cadre de son offensive ‘sécuritaire’ et pour répondre aux préoccupations (aux exigences?) des USA, a décidé d’armer la totalité des 4.800 douaniers d’ici 2016. Les Mohawks s’opposent à l’armement des douaniers. Ils considèrent que moins il y aura d’armes sur leur territoire, mieux ce sera. Ils refusent que les représentants d’un État étranger puissent se promener ainsi équipés sur leur territoire. Ils craignent aussi l’insécurité que cela risque d’entraîner: le passé raciste des douaniers de Cornwall parle d’ailleurs pour lui-même. Des centaines de plaintes ont en effet déjà été déposées par les résidantes et résidants pour des incidents qui se sont produits ces dernières années, allant d’une fouille corporelle intime sur un adolescent jusqu’à l’administration d’une série d’examens aux rayons X à une femme enceinte, en passant par l’interrogatoire d’enfants qu’on avait pris soin de séparer de leurs parents. La réserve d’Akwesasne est située sur un territoire beaucoup plus vaste, où les Mohawks ont vécu bien avant l’arrivée des premiers colons. Ce territoire chevauche la frontière artificielle imposée par les États canadien et états-unien. Il n’est pas rare que des membres d’une même famille soient séparés par la frontière.

Le 29 mai dernier, une bonne centaine de personnes ont manifesté leur opposition à l’armement des douaniers et ont fait suivre leur manifestation d’un piquet devant le poste douanier de Cornwall, au Pont international de la Voie maritime qui relie Cornwall à Massena dans l’État de New York. Les douaniers ont quitté le travail, le poste a été fermé et en plus, le gouvernement a décidé de fermer le pont! Cela fait maintenant plus de trois semaines que la situation est inchangée. Les Mohawks d’Akwesasne ont reçu l’appui d’autres communautés. Le 7 juin, des Mohawks de la réserve de Tyendinaga, dans le centre de l’Ontario, ont fermé le pont Skyway, en solidarité avec Akwesasne. Cinq jours plus tard, leur action a été durement réprimée par l’assaut matinal et brutal d’un commando d’une centaine de flics de la Police provinciale ontarienne, suite auquel au moins trois manifestants ont été blessés et une douzaine d’autres arrêtés.