Giulio Regeni, 28 ans, préparait une thèse sur le mouvement ouvrier en Egypte, et plus précisément sur les syndicats indépendants, et avait publié un article sur l’agitation sociale en Egypte. Le 25 janvier, le jeune chercheur a quitté son domicile en début de soirée alors que autorités voulaient éviter la célébration du lancement, cinq ans plus tôt, du soulèvement anti-Moubarak. Le centre ville était quadrillé et toute manifestation interdite, sur fond d’une vague d’arrestations préventives et de « disparitions » sans précédent. Le 3 février, la dépouille de l’étudiant italien a été retrouvée dans le fossé d’une banlieue du Caire. Le corps portait de multiples fractures, des traces de coups répétés, tous les ongles de pieds et de mains avaient été arrachés et le corps portait des traces de brûlures de cigarettes autour des yeux et sous la plante des pieds.
Un rassemblement silencieux de quelques dizaines d’intrépides s’est déroulé, le 6 février, devant l’ambassade d’Italie au Caire. Une pancarte disait : « Il ne vous suffisait pas de nous tuer, il fallait que vous vous en preniez à un étranger ». Les amis de Regeni, dénoncent la Sécurité nationale qui enlève et torture des opposants ou des proches d’opposants comme l’étudiant italien pour leur arracher des informations. Le soulèvement de février 2011 s’était accompagné de l’assaut populaire de bureaux de la Sécurité d’Etat, le bras armé du ministère de l’Intérieur. Mis en cause pour les crimes de la dictature Moubarak, ce service n’a en fait que changé de dénomination et l’ex-Sécurité d’Etat, devenue « nationale », a poursuivi ses exactions en toute impunité. Pour l’année 2015 seulement, l’organisation Egyptian Commission for Rights and Freedoms dénombre plus de 1.500 disparitions d’opposants politiques imputables à des services de sécurité.
Giulio Regeni