Une fuite de document a permis de mettre au jour une base de données secrète sur les militants, les journalistes et les influenceurs des médias sociaux liés à la caravane de migrants. Le gouvernement a également, dans certains cas, placé des alertes sur leurs passeports.
Document fuité
À la fin de 2018, environ 5 000 immigrants d’Amérique centrale se sont dirigés vers le nord, en passant par le Mexique, jusqu’à la frontière sud des États-Unis. Dans les mois qui ont suivi, les journalistes qui couvraient la caravane, ainsi que les militant·e·s qui assistaient les membres de la caravane, ont déclaré avoir le sentiment d’être devenus la cible d’inspections et de contrôles intensifs de la part des agents des services frontaliers. Des documents divulgués par une source de la Homeland Security, montrent que le gouvernement états-unien avait bien inscrit leurs noms dans une base de données secrète de cibles, où les agents collectaient des informations à leur sujet. Certains avaient des alertes placées sur leurs passeports, empêchant plusieurs personnes d’entrer au Mexique pour travailler.
Les documents montraient une application SharePoint utilisée par des agents du Customs and Border Protection (CBP), de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), de l’U.S. Border Patrol, du Homeland Security Investigations ainsi que des agents du secteur de San-Diego du FBI. Les efforts de collecte de renseignements ont été effectués dans le cadre de l’«Operation Secure Line», désignée pour surveiller la caravane de migrants. Certains éléments dans les documents fuités indiquaient que les documents étaient un produit de l’Unité de liaison internationale (ILU), qui coordonne les renseignements entre le Mexique et les États-Unis.
Pour chaque personne, les documents montrent leur photo, souvent à partir de leur passeport mais, dans certains cas, à partir de leurs comptes de réseaux sociaux, avec leurs informations personnelles. Ces informations incluent la date de naissance de la personne, son «pays de départ» et son rôle présumé dans la caravane de migrants. Les informations indiquent également si les fonctionnaires ont placé une alerte sur le passeport de la personne. Certaines personnes portent un «X» coloré sur leur photo, indiquant si elles ont été arrêtées, interrogées ou si leur visa ou leur passe SENTRI a été révoqué par les autorités.