Le 9 novembre 2017 était lancé le système Scribe, qui aurait dû être livré à tous les services de police fin 2019, début 2020. Scribe avait vocation à révolutionner le traitement informatique des procédures judiciaires au sein de la police et remplacer le logiciel de rédaction des plaintes obsolète. Le marché a été remporté par Capgemini. Mais les retards se sont accumulés à tel point qu’un audit a été effectué à Capgemini qui a réalisé qu’il y avait une faille si énorme au cœur même de l’architecture du projet et que celui-ci ne sera jamais opérationnel. L’addition de ce fiasco se chiffre à 11,7 millions d’euros, et le contrat avait été si bien bétonné qu’il n’y a eu aucun recours juridique possible contre Capgemini.
En décembre 2021, le ministère de l’intérieur avait fait un nouvel appel d’offres avec une autre société prestataire pour un nouveau logiciel, à l’horizon 2024. C’est un objectif de moins en moins crédible au regard des retards accumulés. Depuis plusieurs semaines, il est demandé aux policiers de ne pas transmettre de procédures dématérialisées vers la justice « jusqu’à nouvel ordre ». En d’autres termes, les services de police doivent imprimer leurs dossiers. Du moins lorsqu’ils ont accès à leurs postes informatiques, car les bugs du logiciel de rédaction des procédures pénales (LRPPN) perdurent depuis trois, voire quatre semaines. Le chef du projet a quitté ses fonctions, c’est le troisième en six ans.
Autre fiasco, celui de la plateforme nationale des écoutes téléphoniques (PNIJ). Un système opérationnel depuis 2017 qui était censé réduire de moitié les frais d’écoutes et, en même temps, simplifier le travail des policiers. Sauf que la création du logiciel par Thales va coûter neuf fois plus cher que prévu. Soit près de 380 millions d’euros au lieu de 42. Des dépenses supplémentaires dues à six ans de retard dans la mise en service de la PNIJ…