Vassili Kononov, qui vient de décéder à Riga à l’âgé de 88 ans, a été parachuté à vingt ans par l’Armée rouge derrière les lignes de la Wehrmacht sur sa Lettonie natale. Il multipliera, à la tête de son unité, sabotages d’installation militaires et déraillements de trains. En février 1944, des collaborateurs, armés par l’occupant, livrent un groupe de partisans aux nazis. L’unité de Kononov est alors chargé d’exécuter les responsables de cette trahison. En 1991, la Lettonie a cessé d’être une République soviétique et ses dirigeants actuels ont entrepris une vaste révision historique. La collaboration des élites lettone, jusqu’à leur participation dans l’extermination des Juifs lettons, est largement passée sous silence. Une journée honore même le souvenir de la Légion lettone de la Waffen SS, et un ancien commandant SS letton, du même âge que Kononov, est encore député, et préside la commission parlementaire de la « citoyenneté » (après avoir chapeauté celle chargée des relations avec l’OTAN).
Des poursuites contre Kononov ont été engagées par le gouvernement letton pour « crimes de guerre ». Il sera condamné et emprisonné pendant près de deux ans. Dès lors que sa défense eut épuisé tous les recours nationaux, elle s’est tourné vers la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le 24 juillet 2008, la Cour lui donne raison, confirmant que les villageois exécutés collaboraient bien avec l’occupant (il a été révélé depuis que plusieurs d’entre eux avaient participé à des massacres de Juifs), mais les dirigeants lettons n’acceptent pas ce désaveu. Ils font appel. Et multiplient les pressions sur l’instance d’appel qui inverse le premier verdict. La défense de Kononov a déposé un recours qui a été accepté. La CEDH va devoir trancher sur le fond.
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Kononov détenu à Riga