Le Parlement libanais a dû renoncer mardi, pour la deuxième fois, à l’examen de propositions de lois dénoncées par le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plus d’un mois, après de vives tensions dans le centre-ville de Beyrouth. Des bousculades, concert de casseroles et même tirs de semonce avaient auparavant eu lieu dans le centre de Beyrouth, placé sous haute sécurité, où des centaines de manifestants s’efforçaient d’empêcher la tenue de la séance. Des accrochages limités ont opposé des protestataires aux forces de l’ordre équipées de casques et de boucliers, notamment lorsqu’ils ont essayé à plusieurs reprises d’arracher les fils barbelés et les barrières en fer bloquant les rues et avenues menant à la place de l’Etoile, où se trouve le Parlement. Les tirs de semonce ont résonné au passage d’un convoi, suscitant la colère des contestataires. « Révolution, révolution » ont scandé les manifestants, le poing levé, brandissant des drapeaux libanais.
Le Liban, qui se trouve dans une situation économique et financière très délicate, est secoué depuis le 17 octobre par un soulèvement inédit réclamant le départ d’une classe dirigeante dénoncée comme corrompue et incompétente. Ce mouvement mobilise des centaines de milliers de Libanais. Dans ce contexte, l’examen de plusieurs propositions de loi controversées, notamment une loi d’amnistie générale qui engloberait des milliers de personnes, a suscité le courroux des protestataires. Les manifestants assurent que cette loi d’amnistie pourrait exonérer des personnes condamnées ou soupçonnées d’implication dans des affaires d’évasion fiscale ou encore de crimes environnementaux, dans un pays confronté au fléau de la corruption.