Abdellatif Hamamouchi, 28 ans, journaliste et militant de l’Association marocaine des droits humains aurait été victime d’une violente agression par des hommes qui appartenaient, selon lui, aux services secrets marocain en juillet 2018. Ils l’auraient battu et jeté par terre avant de lui prendre son téléphone portable. Ils seraient environ une dizaine de journalistes militants, comme Abdellatif Hamamouchi, à avoir témoigné sur la confiscation de leurs téléphones portables suite à leur arrestation arbitraire. Cette pratique est liée au fait que l’UE a livré au Maroc, de la cadre de la coopération relative a la politique migratoire, des logiciels espions conçus par MSAB et Oxygen forensics, deux sociétés spécialisées dans le piratage des téléphones et l’aspiration de données. Des logiciels auraient aussi été livrés aux autorités marocaines par la société franco-libanaise Intertech Lebanon, sous la supervision du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD).
La société suédoise MSAB aurait fourni à la police marocaine un logiciel espion nommé XRY apte à déverrouiller tous types de smartphones pour en extraire les données d’appels, de contacts, de localisation, mais aussi les messages envoyés et reçus par SMS, WhatsApp et Signal. Le logiciel américain Oxygen forensics, quant à lui, a livré un système d’extraction et d’analyse de données baptisé «Detective» conçu pour contourner les verrouillages d’écran des appareils mobiles afin d’aspirer les informations stockées dans le cloud (Google, Microsoft ou Apple) ou les applications sécurisées de n’importe quel téléphone ou ordinateur. Ils différent du logiciel israélien Pegasus parce qu’ils nécessitent un accès physique au mobile à pirater, et ne permet pas de surveillance à distance. Aucun contrôle n’aurait été effectué sur ces logiciels, ni de la part des fabricants, ni des fonctionnaires européens. Le Maroc peut utiliser ses nouvelles acquisitions à des fins de répression interne sans que l’Union européenne n’en sache rien.