On connait maintenant le bilan du massacre de mardi soir à Lagos, quand l’armée et la police ont tiré à balles réelles sur des manifestants pacifiques (voir notre article): 12 morts et des centaines de blessés. Ce qui fait au total 56 personnes ont été tuées dans le pays depuis le début des manifestations, dont 38 rien que pour la seule journée du 20 octobre. La colère de la jeunesse contre les violences policières s’est vite transformée en contestation populaire, et les panneaux EndSARS, en référence à une unité de police accusée de racketter la population, d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre, ont été remplacés par des drapeaux nigérians ou des appels à la démission du président Buhari accusé de mauvaise gouvernance.

Après ce « mardi sanglant », comme l’ont appelé aussitôt les Nigérians, des supermarchés ont été pillés, des fusillades ont éclatés dans cette ville de 20 millions d’habitants où deux prisons ont été attaquées avant que les force de l’ordre n’en reprennent le contrôle. Ailleurs dans le pays, le gouverneur de l’État du Delta, riche en pétrole, a lui aussi ordonné un couvre-feu après plusieurs incidents, notamment l’attaque et l’incendie d’un poste de police ainsi que d’une prison.