Selon la Confédération syndicale internationale, la Turquie est en queue de classement des pays les plus respectueux des droits des travailleurs, pour se retrouver dans les dix dernières places, au même titre que le Bangladesh, le Myanmar ou l’Egypte. Les licenciements de salariés ayant tenté de s’organiser en syndicat sont devenu monnaie courante dans le secteur privé, où le taux de syndicalisation reste très faible (7%). Et ce alors qu’une très forte inflation a entraîné ces dernières années une chute du pouvoir d’achat des travailleurs turcs.
« Cela fait longtemps qu’en Turquie, le gouvernement et les employeurs partagent une vision hostile du syndicalisme », confirme Adnan Serdaroglu, secrétaire général de Disk, l’une des principales confédérations syndicales turques. Les efforts pour recruter de nouveaux membres sont ainsi menés en cachette : « Quand on recrute un nouveau membre, par exemple, on est obligé de lui dire de n’en parler à personne, pas même à sa famille, avant que l’adhésion soit finalisée. Sinon, il risque d’être licencié avant. Par ailleurs, après avoir informé le ministère qu’on a syndiqué assez de travailleurs pour négocier une convention collective, on s’aperçoit souvent que le ministère a prévenu l’employeur. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des licenciements collectifs. » La Cour constitutionnelle rappelle régulièrement les entreprises et l’État à l’ordre : dans un arrêt en début d’année, elle estimait par exemple que l’adhésion à un syndicat ne pouvait être assimilée à une appartenance à une organisation terroriste…