Tel qu’en lui même, accueillant des positionnements politiques différents, le Secours Rouge n’avait pas à se prononcer sur le mouvement des « indignés ». A titre individuel ou dans le cadre de leurs autres engagements politiques, certains des membres du SR ont gardé une distance critique, d’autres se sont impliqués, en participant notamment à l’occupation du « carré Moscou ».
Avec l’arrivée des « indignés », le SR a veillé à remplir son rôle anti-répression en produisant et en faisant traduire un guide juridique pour préparer les marcheurs étrangers à la réalité répressive belge. De la même manière, nous avons participé à l’atelier sur le thème de la répression. Et c’est là que cela s’est gâté…
Dans la perspective de la manifestation du 15 octobre, un représentant des marcheurs de Madrid a refusé l’idée de limiter les photographes à l’intérieur de la manifestation. Il a justifié cela de trois manières: 1° les images assurent la popularité du mouvement, 2° elles montrent la transparence du mouvement, 3° elles permettent à la police d’identifier les « casseurs ». Ce troisième point était revendiqué et assumé. Pire encore, il était question « comme en Espagne » de se préparer à isoler/dénoncer les « casseurs » en faisant un cercle autour d’eux pour les signaler à la police.
Le dernier texte posté sur Indymedia nous éclaire sur la base politique de cette logique collabo: «L’idée étant de dépasser la question de la mentalité supposée anti-police pour une compréhension effective du droit de chacun, policier et citoyen compris. Éviter dans la mesure du possible les situations critiques. (…) Les policiers sont un ordre, les manifestants un autre, il faut installer un espace intermédiaire. »
Nous pensons que les policiers sont/représentent/défendent un monde, et que nous sommes/représentons/défendons un autre, que ces mondes sont inconciliables, et que l’espace occupé par l’un est forcément un espace conquis sur l’autre. Il ne s’agit pas d’une « mentalité anti-policière », il s’agit d’une analyse politique du rôle de la police dans une société: perpétuer l’ordre existant. Nous refusons de travailler avec des délateurs et ces policiers bénévoles, et nous nous retirons de l’atelier « legal team ».
Toutefois, nous savons qu’au-delà du noyau madrilène-collabo (et de quelques-uns de ces supporters belges), un grand nombre des personnes attachées au mouvement des « indignés », et qui refusent la violence politique, rejettent l’idée de dénoncer les « casseurs ». Et nous voulons croire qu’ils seront en majorité à la manifestation du 15 octobre. Que ceux-là sachent (et les « casseurs » aussi…) que notre sortie de l’atelier « legal team » des « indignés » ne nous empêchera pas d’être présents pour soutenir tout militant confronté à la répression.
Le Secours Rouge,
Bruxelles, 13 octobre