Le nouveau chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon a donné l’objectif aux armées de se tenir prêtes à un éventuel choc « dans les trois ou quatre ans » à venir. Il a brandi la menace posée par la Russie qui selon lui « qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent » une fois la paix signée avec l’Ukraine. Cet engagement majeur de la France à l’Est de l’Europe est aussi étudié par la Gendarmerie qui, dans ce scénario, doit prendre part à la Défense opérationnelle du territoire [DOT] dans un continuum « sécurité – défense ».

Lors d’une audition au Sénat cette semaine, le général Bonneau, qui commande la gendarmerie est revenu sur ce sujet, en abordant le point des oppositions internes à la guerre :  « Si nous avons un engagement majeur à l’Est, par exemple, je pense que cela ne se passera pas sans agitation sur le territoire national (…) « Je pense que nous pourrions avoir des actions menées par des ‘proxies’ [intermédiaires], du sabotage et aussi des manifestations, car je ne suis pas sûr que tous nos concitoyens soient favorables à ce type d’engagement ». Cette « agitation » pourrait se manifester avant même un engagement, a-t-il estimé, c’est-à-dire « si la France est nation hôte et que des matériels sensibles transitent par son territoire » afin de renforcer, par exemple, des forces de l’Otan déployées dans l’Est de l’Europe. « Dans la phase de montée en puissance, la Gendarmerie risque d’être impactée. Sans attendre forcément un engagement en tant que tel, je pense qu’on aura des manifestations, des actions, des retours en sécurité intérieure sur le territoire national. C’est à cette hypothèse que nous devons nous préparer », a conclu le général Bonneau.

L’une des priorités de la Gendarmerie nationale est d’avoir les moyens nécessaires pour assurer la DOT : « Aujourd’hui, 22 000 fusils d’assaut doivent être remplacés, pour un budget estimé à 110 millions d’euros. L’ensemble du budget estimé pour renouveler les équipements dits ‘militaires’ de la gendarmerie, mais qui servent aussi au quotidien – les monoculaires de vision nocturne qui permettent de débusquer des individus se livrant à des actions de sabotage, et les armes tactiques utiles à la gendarmerie mobile -, est aujourd’hui de 800 millions d’euros », a détaillé le général Bonneau.