Fournir sa photo et ses empreintes pour un passeport ou une carte d’identité implique des risques plus importants qu’il n’y paraît. Ces données, centralisées dans le fichier des « titres électroniques sécurisés » (TES), sont censées servir uniquement à la délivrance des titres, mais la police s’en sert régulièrement via des réquisitions judiciaires, contournant ainsi les restrictions légales. Malgré les mises en garde de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel sur les dangers d’un tel fichier centralisé, le ministère de l’Intérieur a laissé se développer ces pratiques, facilitant l’identification et le contrôle des personnes. Ce détournement révèle un problème plus large : l’usage croissant et non contrôlé des fichiers administratifs et policiers, qui multiplie les possibilités de surveillance et de répression, avec des conséquences concrètes sur les droits et la vie privée des citoyens.